mardi 19 mai 2009

Lettre ouverte à Jean-Michel Apathie

Fontaine, le 1er septembre 2008
Jean Michel Apathie
Canal +85/89 quai André Citroën75711 Paris Cedex 15

Monsieur
Lundi 29 septembre 2008, sur Canal+ face au ministre vous avez entonné le grand air du « coût-du- travail-trop-élevé-en-France-qui-serait-responsable-du-chômage ».
Non seulement cela est insupportable mais complètement faux.
En France :
Le salaire médian se situe à 1528 € nets mensuels pour un salarié du privé à plein temps. Essayez donc de vivre avec avant d’affirmer que « le coût du travail est trop élevé ! »
Pour 90 % des salariés la hausse du salaire est de l’ordre de 0,4 % par an entre 1998 et 2005. C’est-à-dire en dessous de l’inflation.
L’industrie allemande nous taille des croupières en Europe et dans le monde sur la base d’un coût horaire de la main d’œuvre de 15 points supérieurs à celui de la France (1). Vous faites également l’impasse sur le fait que la France est en tête pour la productivité.
Il faut une fois pour toute tordre le cou au dogme du « On ne travaille pas assez en France », « C’est la faute aux 35 heures ».
Rien n’est plus faux et de plus les branches professionnelles dans lesquelles on travaille le plus longtemps aujourd’hui : les hôtels, cafés, restaurants, sont aussi celles qui offrent les plus faibles salaires et ne sont pas soumises à la concurrence internationale. Il y a aussi des entreprises étrangères qui s’installent en France preuve qu’on n’est pas si mauvais que cela.
Il ne faut pas oublier que 40 % des salariés du privé n’ont jamais vu la couleur des 35 heures….
Vous, si prompt à stigmatiser (souvent à juste titre) les élus qui cumulent les mandats (2), vous êtes plutôt discret concernant les rémunérations démentielles des patrons du CAC 40, des profits en progression constante, des gâchis financiers dont nous voyons bien aujourd’hui les conséquences pour l’emploi : plus 40 000 chômeurs !
La banque centrale européenne a déboursé plus de 700 milliards d’euros depuis le début de la crise et l’Etat français a trouvé 3 milliards pour « sauver » DEXIA (3). Pour voler au secours des dirigeants de banques irresponsables il y a de l’argent mais pas pour les dépenses utiles : protection sociale, formation, recherche etc.
Vous préférez asséner : « Y-a-pas-de-sous ! ».
Vous ne dites rien non plus sur les exonérations de cotisations sociales pour les entreprises (32 milliards d’euros en 2008) qu’il faudra cesser d’appeler des charges car elles sont prélevées sur le travail des salariés (et non dans la poche des patrons) dont l’efficacité est loin d’être démontrée (voir la Cour des Comptes).
Monsieur Apathie, le travail n’est pas qu’un coût qu’il faudrait d’abord réduire, c’est une source de richesses.
Vous ne dites rien non plus sur le fait que depuis le début des années 80 la part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé de 10 points représentant 200 milliards € environ pris sur le travail des salariés.
Et l’on pourrait continuer comme cela : les niches fiscales et sociales, la fraude fiscale estimée à 40 milliards €, le scandaleux bouclier fiscal
Je suis un abonné de Canal+, je paye, donc j’exige des informations honnêtes, pluralistes.
À bon entendeur salut !
Michel CIALDELLA
(1) entretien avec Jean-Christophe Le Duigou, économiste et dirigeant de la CGT, au journal l’Humanité du 29 septembre 2008.
(2) Vous même ne cumulez-vous pas plusieurs emplois : télé, radio, presse écrite ?
(3) L’Humanité du 1er octobre 2008.

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