dimanche 26 mars 2017

La sociale



Le 22 mars 2017 à l'invitation de la Fédération CGT de la métallurgie à Montreuil, j'ai animé avec Bernard Lamirand, le débat qui a suivi la projection du film la Sociale.

Bernard Lamirand dira plus tard :
"J'ai beaucoup apprécié ce débat et notre travail ensemble pour faire prendre conscience au CN de l'importance du devenir de la Sécurité sociale dans les entreprises et parmi les travailleurs. Ambroise aurait aimé..."

samedi 25 mars 2017

L'Humanité doit défendre la Sécurité sociale universelle



Lettre ouverte à Patrick le Hyaric .

Dans l'humanité du mardi 21 mars 2017, une interview de Jean-Paul Benoît président de la fédération des mutuelles de France, titrée : « Nous avons fait reculer les projets de privatiser la santé ».

Jean-Paul Benoît prétend : « ...comme les mutuelles sont dominantes sur le marché des complémentaires, elles limitent les phénomènes de sélection qui existent chez les assureurs privés lucratifs. Nous continuons de jouer notre rôle de complément à la sécurité sociale définie depuis 1945 ». Ce qui n'est pas vrai, car en 1945 l'objectif était un régime unique couvrant l'ensemble des risques. Les mutuelles ne subsistant que provisoirement.

Dans son intervention à l'Assemblée nationale constituante le 8 août 1946, Ambroise Croizat rappelait que : « L'unité de la sécurité sociale est la condition nécessaire de son efficacité...». Au fur et à mesure des désengagements de la Sécurité sociale les mutuelles qui se font concurrence, se sont empressées de prendre en charge les déremboursements.

Jean-Paul Benoît constate que les cotisations pèsent de plus en plus sur les épaules des salariés. Raison de plus pour que les mutuelles intègrent le régime général de la Sécurité sociale. Il oublie de dire que l'immense majorité des mutuelles proposent plusieurs niveaux de prestations. On ne paye plus en fonction de ses moyens mais en fonction du niveau de couverture que l'on peut s'offrir. Nous sommes loin des principes de la Sécurité sociale.

Selon Jean-Paul Benoît « on est bien sûr un principe de redistribution des richesses et non sur celui d'étatisation ». Avec la Sécurité sociale, salaire socialisé, nous ne sommes pas dans la redistribution mais dans la distribution. En effet les cotisations sont directement transformées en prestations et en pension. D'ailleurs la redistribution n'est pas incompatible avec l'étatisation, c'est même le rôle des impôts.

Pour Jean-Paul Benoît « le 100 % ne veut pas dire grand-chose ». Et bien ça veut dire : « plus besoin de mutuelle ». Les mutuelles se conduisent de plus en plus comme des assurances privées. Comme le rappelle le sociologue Frédéric Pierru dans le film "La sociale" : « Tout transfert d'un euro, de la Sécurité sociale vers le marché des complémentaires santé, l'assurance privée, est à la fois un euro et inégalitaire, c'est un euro inefficient, c'est un euro qui aura des résultats sanitaires médiocres par rapport à un euro public ».

L'avenir est dans la reconquête d'une Sécurité sociale universelle. C'est de cela qu'on peur les dirigeants rémunérés (et plutôt pas mal) des mutuelles.

Concernant les centres de santé que personnellement je fréquente. Ils pratiquent le tiers payant, mais les praticiens, notamment les chirurgiens-dentistes peuvent exiger des paiements supplémentaires. Il faut que l'on sache qu'il n'y a rien que les mutuelles fassent et que ne puisse faire la Sécurité sociale. Par exemple dans un passé récent la CPAM de Grenoble gérait une pouponnière, une école pour enfants caractériels et un centre de prévention. Pour la prévention il suffirait de faire évoluer le service médical de la CNAMTS en lui attribuant les moyens nécessaires à une mission de prévention.

J'ai eu l'occasion d'écrire (copie en pièce jointe) au journal suite à l'article d'Étienne Caniard : « la Mutualité ne s'est pas construite contre la Sécu » parue dans l'humanité du 6 janvier 2015. J'attends toujours la réponse. À l'époque vous aviez commis un articulet élogieux à un mutualisme qui porte précisément ce sens du partagenous allons, écriviez-vous, vous soutenir dans vos combats. Car entre l'Humanité vous c'est consubstantiel.

Curieuse façon de défendre la Sécurité sociale chère à Ambroise Croizat, qui, dans son dernier discours à l'Assemblée nationale en juillet 1950 déclarait : « Jamais nous ne tolérerons que soit rogné un seul des avantages de la Sécurité Sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie cette loi humaine et de progrès. ».

En souhaitant que les journalistes de notre Huma se ressaisissent en prenant résolument la défense de la Sécu.

Michel Cialdella