Ce slogan gauchiste
doit nous interpeller. L'histoire est riche d'enseignements. Michel Rocard à
l'époque où il était au PSU reprenait ce slogan. Dans la préface au manifeste
du PSU (1972) il écrit « les forces
socialistes s'attacheront à la construction d'une société réellement libre sous
la direction des travailleurs eux-mêmes ». Plus loin « la social-démocratie est ainsi devenue une gérante parfois médiocre
comment France… du capitalisme ». Et puis, premier ministre, il est passé à
la réalisation du "piège": il détricote le statut de la régie Renault
qui devient une entreprise "comme les autres". Il invente la CSG qui
instaure la fiscalisation de la Sécurité sociale. Il insulte les militants de
la CGT en les traitant d'"encagoulés". Le 11 janvier 1990, devant un
parterre de patrons, il dira : « Le
monde salarial a pris de mauvaises habitudes historiques. Il veut la sécurité
de son pouvoir d’achat. Mais j’entends le combattre ».
En 2002, pour faire
barrage au Front National nous avons voté Chirac, lequel n'a tenu aucun compte
du fait qu'il était élu avec des voix de gauche. Sa politique a largement
contribué à faire progresser le Front National.
En 2012, pour virer
Sarkozy, nous avons voté François Hollande, lequel reniant ses engagements a
poursuivi la politique mise en œuvre par Sarkozy. Nous avons eu la loi El
Khomri passée en force à l'Assemblée nationale (avec le 49-3), des violences
policières et des syndicalistes condamnés à la prison pour avoir défendu
l'emploi. La Sécurité sociale a été mise à mal. C'était somme toute logique car
ils étaient d'accord avec les traités européens. Conséquences prévisibles le
Front National a progressé. (16,8 % en 2002, 18,5 % en 2012, 21,3 % en 2017)
En 2017, toujours dans
la même logique, certains voudraient nous faire voter pour Emanuel Macron,
l'instigateur des lois régressives. S'il est élu, des l'été il entend faire
passer par ordonnance la poursuite et l'amplification de la loi travail et
particulièrement l'inversion de la hiérarchie des normes. À force de voter pour
le moins pire, le pire est assuré.
En France, la classe
ouvrière a choisi (et je pèse mes mots) d'affaiblir le parti communiste
français. Certes celui-ci porte une partie de la responsabilité, mais pas
toute.
À force de ne plus
désigner clairement l'ennemi de classe (le capitalisme) le fascisme en a trouvé
un : « l'immigré ». Pourtant il faut
que ce soit un milliardaire, Warren Buffet qui nous rappelle à la réalité : « La guerre des classes existe, c'est un fait,
mais c'est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous
sommes en train de la remporter » (1). Alors je m'interroge, en quoi l'homme des
banquiers serait-il un rempart contre le fascisme, alors qu'historiquement ce
sont les banquiers et les industriels qui l'ont "fabriqué".
Souvenons-nous que la Confédération
Générale de la Production Française (CGPF), organisation
patronale créée en 1919 a collaboré avec le régime de Vichy et l’Allemagne
nazie. La CGPF a même soutenu financièrement le parti fasciste de Doriot
le P.P.F. Dans son livre industriel et banquiers français sous l'occupation,
Annie Lacroix riz écrit « La haute banque
soutenait… la Cagoule » (2) organisation fasciste dont le chef suprême
s'appelait Philippe Pétain (3).
Michel Cialdella
1)
cité par François Ruffin dans « la guerre des classes » éditions fayard. 2008.
2)
Industriels et banquiers français sous l'occupation. Nouvelle édition
entièrement refondue. Annie Lacroix riz. Éditions Armand Colin. 2013.
3)
De Munich à Vichy. Annie Lacroix riz. Éditions Armand Colin. 2008.