samedi 30 mars 2013

Lettre ouverte à une caissière qui se trompe d'adversaire



Dans un supermmarché, une caissière pense à haute voix :

- On nous dit que c'est la crise, mais si on donnait un peu moins aux pauvres il y en aurait un peu plus pour tout le monde. Voilà ce qu'en substance déclarait cette (brave ?) dame. Nous n'en sommes pas encore à "salauds de pauvres" mais nous nous en approchons.

Je fais remarquer à la personne qui se considère dans la classe moyenne, qu'elle s'égare, mais ne veut rien entendre, elle sait, elle, puisque depuis 35 ans les gens qui passent à la caisse le lui disent. Alors que je dis qu'il faut prendre aux très riches, elle maintient que c'est aux pauvres qu'il faut enlever !

J'évoque ma connaissance du dossier, rien n'y fait elle préfère les ragots, sans doute parce que ça la conforte dans ce qu'elle a envie d'entendre. C'est triste, et cela veut dire que nous avons du pain sur la planche pour expliquer. Ce que ce court texte tente de faire.

Quelques chiffres (source INSEE) pour essayer de comprendre :

Puisqu'elle évoque la moyenne. En 2012, en France, le salaire moyen pour un temps plein s'élève (si on peut dire) à 2764 € mensuels bruts, soit 2082 € nets. En 2012, le salaire moyen pour une caissière à plein temps est de 1338 € nets par mois (1386 € pour les hommes).

Le salaire médian c'est-à-dire le salaire en dessous duquel se trouve la moitié des salariés est de 1653 € nets. Le SMIC net étant de 1119,69 € nets,. il ne devrait pas y avoir énormément de caissières au-dessus du salaire médian…

En France, le seuil de la pauvreté s'établit à 964 € par mois pour une personne seule. Selon ce critère, nous avons 8,6 millions de pauvres (14,1% de la population) dont la moitié (4,3 millions) dispose de moins de 781 € et 2,1 millions de moins de 642 €.

Au 1er janvier 2013, le RSA s'établit à 483 € par mois pour une personne seule et 725 € pour un couple. Un couple avec 2 enfants perçoit 1015 €.

Comment seulement imaginer que c'est à eux qu'il faut en enlever ?

La fraude.

Si elle est souvent invoquée pour justifier les attaques contre notre protection sociale, il faut la relativiser. Selon le rapport de l'ODENORE (1) la fraude aux prestations représente 4 milliards € qu'il faut rapporter aux non-recours (2) qui représentent près de 11 milliards €. Dis autremernt si on éradiquait la fraude et que les droits soient respctés il faudrait dépenser 7 milliards € de plus…

Quant aux abus concernant la branche maladie de la Sécurité sociale ils sont du pour 20% aux assurés et pour 80% aux professions médicales et surtout au travail dissimulé appelé couramment travail au noir.

Des milliards d'euros de prestations sociales non réclamés

Chaque année, ce sont 5,3 milliards d'euros de Revenu de solidarité active (RSA), 700 millions de couverture maladie universelle complémentaire (CMU C) et 378 millions d'euros d'aide à l'acquisition d'une complémentaire santé (ACS), qui, selon les estimations, ne sont pas versés à leurs ayants droit. Le non-recours aux droits sociaux est bien plus massif que son pendant, la fraude sociale, estimée à 4 milliards d'euros par an, selon le livre " L'envers de la fraude sociale ", écrit par les chercheurs de l'ODENORE, et publié début novembre. Ainsi, 33% des personnes éligibles au RSA socle (ex-RMI) ne le touchent pas, faute d'en avoir fait la demande. Le taux de non-recours atteint 68% pour le RSA activité.


Et si on parlait des très riches ?

Au fil des réformes faites au nom de l'emploi, les impôts des riches ont été réduits. De niches fiscales en exonérations ce sont des milliards qui sont gaspillés chaque année. En pourcentage des sommes perçues, les riches paient moins d'impôts que les salariés.

Le CAC 40 paie moins d'impôts que les PME.

Les entreprises cotées au CAC 40 contribuent proportionnellement moins à l'impôt sur les sociétés que les PME. Selon le conseil des prélèvements obligatoires (CPO) les grandes entreprises françaises cotées au CAC 40 paient 2,3 fois moins d'impôt sur les bénéfices que les PME.

Les entreprises de moins de 20 salariés ont ainsi un taux d'impôt sur les sociétés de 30 %.

Pour celles de plus de 500 salariés, ce taux tombe à 20 %.

Pour les sociétés du CAC 40 à 8 %. La raison en est simple : la prolifération des dispositifs d'exonération de crédit d'impôt et de transfert de bénéfices vers des filiales à l'étranger. Taxés comme les PME, les grands groupes cotés paieraient 15 milliards d'euros d'impôt sur les sociétés contre 6,5 actuellement.

Les aides de l'État, c'est-à-dire nos impôts.

Ces aides représentent quelque 200 milliards € par an !

Les paradis fiscaux ont un trésor d'environ 600 milliards €. Ces richesses produites par les salariés de France ont été détournées.

Des milliards de fonds publics ont été utilisés pour "sauver" les banques sans contrepartie. Elles peuvent continuer leur gestion catastrophique.

C'est dire si les riches sont nuisible. Les salariés devraient méditer cette citation d'un universitaire américain :

« La cupidité suffit-elle à expliquer ce qui pousse quelqu’un à vouloir encore gagner des millions quand il a déjà amassé des milliards ? Peut-être avons nous a faire à quelque chose de plus proche de la gloutonnerie, un besoin psychotique de s’empiffrer alors qu’on n’a plus faim. »

Théodore Roszak, universitaire américain « La menace américaine » le cherche midi .2004.
D'autres choix sont possibles et nécessaires.

Le SMIC à 1700 € par mois.

Interdire les licenciements dits boursiers

Relever les minima sociaux pour que ceux-ci permettent une vie digne.

Actuellement il y a 5 tranches d'imposition, il faut 14 tranches pour une fiscalité plus juste et plus équilibrée.

Une hiérarchie des salaires et des revenus n'excédant pas 5 fois le SMIC (1700 / 8500)

Dans l'immédiat, faire cotiser les revenus du capital comme les salaires.

Faire cotiser les revenus financiers des entreprises non financières, qui s'élèvent à 318 milliards € en 2011, au même taux que les cotisations dites employeurs, ce qui permettrait non seulement d'annuler le déficit, mais d'améliorer la protection sociale.

Pour cela il faut donner plus de force à la CGT. Et cela c'est de votre responsabilité

Michel CIALDELLA
ex-administrateur CGT de la CPAM de Grenoble





(1) Observatoire des non-recours aux droits et services. Laboratoire mixte CNRS - Université.

(2) Non-recours, c'est-à-dire des personnes qui, soit par ignorance, soit parce qu'elles n'osent pas, n'utilisent pas leurs droits.

Excellent article de Gérard Mordillat


Le jeu du pouvoir et de la trahison… au parti socialiste.


Comme le bac de philo approche, je me permets de proposer à Vincent Peillon un sujet à soumettre aux candidats. La question est celle-ci : les socialistes (les dirigeants socialistes passés et présents, ce qui au fond des postes gouvernementaux, pas les militants bien entendu) trahissent-ils en fonction des circonstances ou trahissent-ils par nature ? Peut-on parler d'une ontologie de la trahison socialiste ? Il sera bon d'évoquer les souvenirs douloureux du préfet : 1914-1918 où, Jaurès à peine enterré, les responsables socialistes votent les crédits de la guerre, l'abandon des républicains espagnols par le gouvernement de Léon Blum, Munich, Pétain, à qui ils accordent les pleins pouvoirs, Jules Moch, qui fait tirer sur les grévistes en 1947, Guy Mollet et Mitterrand pendant la guerre d'Algérie… Et de relier cette histoire a aujourd'hui. La lecture du livre récent de Bertrand Rothé, De l'abandon au mépris (Seuil), éclairer fortement le propos pour la période 1981-2013…

Il y a beaucoup de choses à reprocher à Nicolas Sarkozy, mais il faut lui reconnaître de la constance et de l'endurance. Élu par la droite, sur un programme de droite, il n'a jamais dévié de cette perspective droitière, gouvernant à droite toute, voire à l'extrême droite, pour satisfaire les désirs et les revendications de ceux qui l'avaient élu sans attendre une révolution, les électeurs de François Hollande et de son gouvernement pouvaient espérer au minimum qu'ils aient la même constance et la même endurance à gouverner à gauche, voire au rose pale, au centre gauche eh bien non, il gouverne à droite, et bien à droite ! Ils mettent cyniquement leurs pas dans les pas de leurs prédécesseurs au rythme de Tina chantant le refrain bien connu : « il n'y a pas d'alternative ! ». Sur le plan économique, c'est du pareil au même, voire du pareil au Medef ; sur le plan social, c'est la reprise d'un alexandrin goguenard de Frédéric Lordon vendu comme une vérité révélée : « La rigueur aujourd'hui, la croissance demain » ; sur le plan politique, c'est le mépris ou l'injure, critiquer les choix du gouvernement fait de vous aussitôt un « populiste », un incompétent, un irresponsable ; sur le plan démocratique, c'est « circulez, il n'y a rien à voter » ; sur le plan moral, Iago, Manuel Valls réussissant une synthèse idéale entre Messieurs Guéant, Besson, Hortefeux, une brillante réussite digne du prix « Jules Moch » du plus grand traître à l'idéal socialiste. Philosophe ou politique, paraphrasant Jaurès, la question est désormais : « la trahison est-elle la condition suprême du pouvoir ? ».

Gérard Mordillat, écrivain. L'Humanité du jeudi 28 mars 2013.

dimanche 24 mars 2013

Hommage à Ambroise Croizat


Alors que gouvernements et médias au service de l'idéologie capitaliste voudraient effacer de la mémoire collective que les progrès sociaux résultent de conquêtes.

Michel Etiévent rappelle qu'elles ne doivent rien au hasard. Elles ont été possibles grâce à un rapport des forces favorables à la classe ouvrière avec un parti communiste premier parti de France et une CGT très puissante. Dans ce contexte un ministre militant comme Ambroise Croizat peut ouvrir la voie à un monde meilleur. Ce livre rafraîchit la mémoire à ceux qui savent (ou croient savoir) et informe les jeunes générations.


Mon père qui avait rencontré Ambroise Croizat à deux reprises aurait été heureux de pouvoir lire "Ambroise Croizat ou l'invention sociale".

Michel Cialdella

jeudi 21 mars 2013

VIVENT LES PRUD'HOMMES

Une camarade m'a fait parvenir ce texte que je publie sur mon blog avec son autorisation.
MC

Les Prud’hommes : contre l’arbitraire patronal


La liberté de penser s’arrête là où commence le code du travail a déclaré Laurence Parisot. Mais à quoi la patronne du MEDEF veut-elle penser ? A sa condamnation par le Conseil des prud’hommes de Paris pour licenciement sans cause réelle et sérieuse de son ancien directeur général à l’été 2008 (236 OOO euros tout de même) ? Elle a aussi déclaré les prud’hommes, ça insécurise les employeurs et voudrait remplacer le terme de licenciement par celui de séparabilité. Bref madame Parisot, la reine des rapaces (Gérard Filoche) rêve d’une exploitation sans entrave des travailleurs transformés en esclaves modernes et consentants… Elle trouve le Code du travail trop compliqué, ce qui signifie sans doute trop protecteur pour les salariés. Elle doit penser de plus en plus, car le MEDEF a obtenu la recodification du Code du travail, le licenciement par consentement mutuel et l’accord dit de sécurisation de l’emploi signé le 11 janvier 2013. A croire que le Code du travail est responsable du chômage !

Les salariés du privé, quelle que soit la taille de leur entreprise, quel que soit leur type de contrat, ont aujourd’hui un droit commun : pouvoir saisir les prud’hommes (tribunal compétent pour les conflits liés au travail) pour obtenir réparation du préjudice subi.

En limitant la période pour laquelle le salarié peut demander réparation et en incitant fortement les juges prud’homaux à proposer aux salariés une indemnisation très faible, l’accord fait des employeurs la seule catégorie qui échappe en France à la sanction proportionnelle au délit.

Aujourd’hui, par exemple, vous pouvez réclamer le paiement des heures supplémentaires non payées effectuées pendant les cinq dernières années.

Demain, vous ne pourrez plus les réclamer que sur une période de trois ans !

Alors que seulement 3% des chômeurs inscrits à Pôle Emploi ont pu bénéficier d’un plan social, le Medef veut, grâce à cet accord, décider de la procédure de licenciement et du contenu du plan social par simple accord d’entreprise, voire, en l’absence d’accord, par un simple document de l’employeur homologué par la Direction du travail.

Cet accord sécurise les licenciements en essayant de contourner les prud’hommes, dont l’accès, comme l’ensemble de la justice est déjà très dégradé. La réduction des dépenses publiques a eu un effet dévastateur sur l’accès à légalité de tous à la justice : éloignement des tribunaux, baisse des effectifs donc allongement des procédures, dispositifs permettant de contourner les juges, obligation de payer 35 euros pour intenter un contentieux, etc.

Quand Georges Pompidou était président de la République, le Parlement, dominé par la majorité gaulliste de l’époque, a voté la loi du 13 juillet 1973 qui reste le fondement du droit en matière de licenciement, intégré dans le Code du travail sous les articles L. 122-14 et suivants. Les principes en sont simples. Pour rompre le contrat, l’employeur doit respecter une procédure destinée à éviter l’arbitraire de la décision : entendre le salarié au cours d’un entretien préalable pour qu’il puisse s’expliquer sur les faits qu’on lui reproche, respecter un bref délai pour éviter les décisions prises sur un coup de tête ; il doit surtout fonder sa décision sur un ou des motifs et énoncer ceux-ci dans une lettre recommandée.

Le législateur a qualifié de « cause réelle et sérieuse » le motif qui peut rendre légitime un licenciement pour bien faire comprendre qu’il ne s’agissait pas forcément d’une faute du salarié, que le motif ne pouvait pas être inventé de toutes pièces, qu’il était objectif et suffisamment important pour justifier la rupture unilatérale du contrat.

Dans tous les contrats importants, il existe des règles de ce type : respect de délais, énoncé des raisons de la rupture... Dans le contrat de mariage, seul le juge peut décider de la résiliation du contrat en prononçant le divorce. En l’occurrence, au nom du respect de la liberté d’entreprise, notre législation admet que l’employeur puisse se prononcer en premier lieu sur la rupture. Mais sa décision est-elle sans appel de la part de celui qui en est la première victime ? Aucune personne sensée et civilisée ne peut l’admettre. C’est pourquoi un tribunal paritaire spécial, composé de représentants élus des salariés et des employeurs peut être conduit à juger un licenciement non fondé et à condamner l’employeur à verser des dommages et intérêts au salarié licencié abusivement. (René Bourrigaud - Maître de conférences en histoire du droit à l’université de Nantes - 15 mars 2006)

Les élections prud’homales

En 2002, 31,25 % des électeurs ont participé au vote.

En 2008, 25,5 % des électeurs ont participé au vote.

Et en 2013 ou 2014 ?

Certains, bien intentionnés, sans doute, « s’inquiètent » du désintérêt des salariés pour ces élections. Dès le 11 décembre 2002, Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, dans une lettre adressée au ministre du Travail, dénonçait une négligence confinant à l’entrave de trop nombreux employeurs, et à une insuffisance criante de l’organisation administrative faisant douter de l’attachement des pouvoirs publics à l’expression démocratique du suffrage lors des consultations relevant du droit du travail.

De son côté, Gérard Filoche, inspecteur du travail poussait un coup de gueule : « qui empêche d’aller voter sinon l’ignorance due à une information totalement insuffisante ?...Croyez-vous que les 8 millions de salariés qui sont dans des entreprises de moins de 50 salariés sortent librement, comme cela, pour aller voter ?...Croyez-vous qu’un patron laisse son salarié partir et le paye pendant ce temps ? Il accusait : est-ce parce qu’on veut en haut lieu supprimer les prud’hommes ? Supprimer l’élection ? (Voir l’article de Michel Cialdella, Solidarité et Démocratie, bulletin de la FERC-CGT, Académie de Grenoble, Janvier 2003). Rappelons que cette juridiction est une spécificité française et que la CGT est toujours en tête .

En 2012, avant les résultats dans les TPE (très petites entreprises) la CGT parlait d’un fiasco prévisible, compte tenu des conditions déplorables de l’organisation du scrutin qui répondait aux injonctions patronales. La CGT alertait déjà sur les prochaines élections prud’homales. Lorsque les élections professionnelles sont correctement organisées, le taux de participation dépasse le plus souvent les 60 % à 70 %. (Voir le site de la CGT)

Les propos prémonitoires de Gérard Filoche et les alertes de la CGT sont plus que jamais d’actualité. Le libéralisme est contradictoire avec la démocratie, d’où l’intérêt de renforcer la CGT et dès maintenant de convaincre chaque salarié de s’engager et de voter aux prochaines élections prud’homales.

Témoignage.

En 2008, j’étais secrétaire du syndicat FERC-sup CGT de l’Université Pierre Mendès France, de l’Université Stendhal et de l’Institut d’Études Politiques. Egalement élue à la commission exécutive de l’Union départementale, j’étais bien informée de l’importance des ces élections. Stupéfaction de mes camarades du campus quand je leur annonçais qu’il fallait réunir tous ceux qui votaient aux prud’hommes. Quoi, depuis quand les fonctionnaires voteraient-ils à ces élections ? Eh bien oui, dans les services, il y a de nombreux collègues qui votent aux prud’hommes. Certains contractuels, certains salariés d’Instituts (l’IEP par exemple), certains employés d’organismes privés chargés de l’entretien, etc. Bien que les Présidents d’universités soient responsables des tous les salariés, ils ignorent leurs droits et nous avons eu toutes les peines du monde à obtenir la liste des salariés pouvant voter aux prud’hommes. Quant aux responsables des ressources humaines, certains nous ont carrément expliqué que nous nous occupions de ce qui ne nous regardait pas. Des chefs de service, pas au courant, n’ont pas donné l’autorisation de sortie pour aller voter, ni celle d’aller à des réunions d’information dont l’autorisation avait pourtant était accordée par les présidents. Devant tant d’hostilité, des salariés n’ont pas osé aller voter et mes camarades du syndicat et les différents responsables des services ont pensé que j’étais tombée sur la tête de vouloir m’occuper d’une histoire pareille…

Salariés du privé et du public, retraités, chômeurs, occupons-nous des prochaines élections prud’homales afin de redonner toute sa légitimité à cette juridiction que le patronat, qui a le vent en poupe, soutenu par un gouvernement dit de gauche, voudrait supprimer comme une entrave à la liberté d’entreprendre.

Votons pour la CGT, seule organisation syndicale à rappeler que le rapport de force se construit, que le patronat ne se mettra pas spontanément autour d’une table pour négocier entre gens du beau monde (désignés partenaires sociaux) des mesures de progrès social et que l’exploitation n’a jamais été aussi féroce depuis le Programme National de la Résistance qui prévoyait un alignement vers le haut de tous les salariés et non pas vers la précarité, les bas salaires et le chômage pour tous.

Comme le droit social, l’institution des prud’hommes est le résultat de luttes.

1790 : Révolution : apparition du juge élu.

1806 : Les premières élections à Lyon sont une affaire d’élite. Les canuts Lyonnais se s’y trompent pas et avec Floran Tristan y voient une véritable duperie pour l’ouvrier. (Tour de France)

1848 : Révolution de février 1848 : naissance du paritarisme (sans les femmes…).

1968 : Mai, grève générale, début des années 70, la loi institut les prud’hommes dans leur forme actuelle.

2013 : l’accord made in MEDEF (Jean-Luc Mélenchon) ne doit pas être ratifié par le parlement. C’est un accord biaisé, illégitime et minoritaire. Depuis 2008, la loi établit que ce n’est plus le nombre de syndicats signataires qui établit la majorité et la validité d’un accord. Il faut un seuil de représentativité en nombre de voix de salariés derrière les syndicats pour qu’un accord soit valide. Michel Sapin, ministre du Travail devrait publier en avril 2013 les nouvelles règles. La CGT et le Canard enchaîné le soupçonnent de retarder la publication des chiffres. Aujourd’hui, on ne peut se fonder que sur les résultats des dernières élections prud’homales en 2008. Les trois syndicats signataires, CFDT, CFTC et CFE-CGC, obtiennent moins de 40 % des voix des salariés. Les 2 syndicats qui contestent en obtiennent plus de 50 %.

Les fourberies de Sapin (Mélenchon) ne changent rien à la réalité.

Souvenons-nous de la forte contestation, de la vive opposition, de janvier à avril 2006, au CPE (contrat première embauche), institué autoritairement par l’article 49.3, qui ouvrait la porte à l’arbitraire patronal en autorisant, pendant 2 ans, le licenciement sans donner de motif. Le pouvoir exécutif a du reculer.

Rien n’est perdu donc !



Raymonde Bièvre

Mars 2013


Je viens de lire " Robespierre reviens ! " d'Alexis Corbière et Laurent Maffeïs préfacé par Claude Mazauric qui est une référence concernant la Révolution française. Un livre à mettre dans toute les mains. Ce petit livre ne réhabilite pas Robespierre, l'incorruptible n'en a pas besoin, il contribue à faire mieux connaître l'inventeur de la devise républicaine : " LIBERTE - EGALITE - FRATERNITE " qui s'opposa à la peine de mort, contribua à une Déclaration des droits de l'homme. Il fit voter la première loi française limitant le cumul des mandats et combien d'autres choses encore ! Honte au Maire de Paris et à sa majorité qui refusent une rue Robespierre alors que l'assassin de la Commune Adolphe Thiers en a une !


Michel Cialdella

" Robespierre reviens ! ", Alexis Corbière et Laurent MaffeÏs, préface de Claude Mazauric. Editions Bruno Leprince. 125 pages. Septembre 2012. ( 5,00 € )

mercredi 13 mars 2013

Non le PS n'a pas bavé sur le MEDEF il lui a ciré les pompes !



Maxime Vivas s'adresse sur le site "Le Grand Soir" aux militants socialistes.

Il fait la différence entre les copains et les coquins qui crachent avec l'ignoble Parisot sur l'immense Hugo Chavez et la masse des militants socialistes. Donc formons un vœux, qu'ils progressent dans leur prise conscience et se révoltent et disent fermement à Hollande et son équipe: "assez, respectez les promesses pour lesquelles nous avons voté pour "un changement maintenant".




lire sur le site du "Grand soir"

http://www.legrandsoir.info/non-le-ps-n-a-pas-bave-sur-la-depouille-d-hugo-chavez-ni-crache-sur-jean-jaures.html

samedi 9 mars 2013

A propos de violence


Violence ! Vous avez dit violence ?


Les ouvriers que l'on prive de leur travail c'est-à-dire du moyen de gagner dignement leur vie, expriment une colère bien compréhensible, voilà que la presse bien-pensante, les élus de droite et un grand nombre de socialistes s'indignent et accusent une loi d'amnistie pourtant bien modeste d'inciter les travailleurs au vandalisme.

Mais de quelle violence parle-t-on ? De quelle violence parlent-ils ?

Sûrement pas des 658 000 accidents du travail avec arrêt dont 41 000 avec incapacité permanente.

Sûrement pas des 529 décès.

Sûrement pas des 50 000 maladies professionnelles reconnues et des 533 décès officiels (chiffres INRS de 2010). Malgré cela les salariés veulent travailler. Qu'ils se présentent au siège de leur entreprise où l'on est en train de décider de leur sort, ils sont accueillis par des policiers bottés, casqués et armés. Sans doute est-ce cela qu'ils appellent le dialogue social.

Que des salariés, trahis puissent dans un geste de colère détruire deux ou trois ordinateurs, ils sont tout de suite considérés comme des délinquants.

Mais… des industriels qui ont exposé ou exposent les travailleurs à des risques connus… S'inscrit dans une logique criminelle sciemment développée, qui consiste-de façon délibérée et avec pour seul mobile le profit et la puissance-à utiliser en production des produits toxiques… Et à organiser le travail selon des normes incompatibles avec la santé et la dignité humaine (1). Cela n'est pas de la violence ! Vous vous

Non seulement ces industriels ne risquent rien mais, que la législation européenne tente avec le programme européen REACH de mettre en place un système d'enregistrement, d'évaluation et autorisation des substances chimiques qui prévoient l'obligation faite aux employeurs d'effectuer des tests de toxicité des produits chimiques afin d'obtenir l'autorisation de leur introduction en production et sur le marché.

Aussitôt, leurs alliés politiques réagissent. Ainsi le 20 septembre 2003, Jacques Chirac, Tony Blair et Gerhardt Schröder ont écrit conjointement une lettre au président de la commission européenne, Romano Prodi, pour soutenir l'industrie chimique : « nous devons veiller à ce que ces propositions ne portent pas atteint aux intérêts légitimes des entreprises de l'Union sur le marché mondial (…) Nous font serions reconnaissants de continuer à faire de la nouvelle réglementation du régime appliqué aux produits chimiques un modèle de nos efforts pour renforcer la compétitivité industrielle de l'union européenne ». (2)

le professeur, chercheur en médecine du travail Philippe Davezies insiste sur le fait que le déni de reconnaissance dans le travail et l'insécurité que ce déni engendre pour l'estime de soi peuvent mener « à la violence contre soi-même : exaspération tournée contre soi, se manifestant sous la forme de comportement pathogène, et à terme de maladies physiques et mentales. La forme la plus dramatique de ce retournement de la violence contre soi est le suicide (3). ( 400 suicides par an dû au travail).

Le 17 octobre 1961 ce que l'on appelait français musulmans d'Algérie avait tenté de manifester contre le couvre-feu décrété quelques jours plus trop par le préfet de police Maurice Papon. Une véritable chasse à l'homme s'était déchaînée contre eux faisant environ 200 victimes. Qu'est-ce que 200 victimes pour un homme comme Maurice Papon qui organisait les trains pour renvoyer les juifs dans les camps de la mort. Cela n'a pas empêché ce sinistre personnage d'être ministre de Giscard d'Estaing et de Raymond Barre. Comme punition il y a pire.

Dans un appel du MRAP, 150 personnalités parmi lesquelles Lucie et Raymond Aubrac, Claude Hervé, Théodore Monod, Frédéric Pottecher, Jean Ferrat, Michel Piccoli, Edmonde Charles Roux, Daniel Cohn-Bendit, René Drumont, demandaient « que Papon paye le prix de ces crimes par un jugement qu'il a largement mérité ».(4). Le procès a finalement eu lieu en 1998 mais libéré pour raisons de santé Maurice Papon est mort dans son lit en 2007. (4).

Mais là ça n'est pas de la violence ! Puisqu'on nous dit que la violence ce sont les ouvriers !

« Jusqu’à quand la fureur des despotes sera-t-elle appelée justice, et la justice du peuple barbarie ou rebellions ? Comme on est tendre pour les oppresseurs et inexorable pour les opprimés ! Rien de plus naturel : quiconque ne hait point le crime ne peut aimer la vertu ».

Robespierre, le 5 février 1794.(5).

Michel Cialdella



1) « Travailler peut nuire gravement à votre santé », Annie Thébaud-Mony, éditions la découverte, 2007.

2) cité par Annie Thébaud-Mony dans « Travailler peut nuire gravement à votre santé ».

3) cité par Annie Thébaud-Mony dans « Travailler peut nuire gravement à votre santé ».

4) "Octobre 1961 un massacre à Paris". Jean-Luc Einaudi. Éditions Pluriel ; 2011.

Condamné le 2 avril 1998 par la cour d'assises de la Gironde à 10 années de réclusion pour « complicité de crimes contre l'humanité », Maurice Papon fut détenu à partir du 22 octobre 1999 à la prison de Fresnes puis à la Santé. Le 18 septembre 2002, la cour d'appel de Paris ordonna sa remise en liberté en application de la récente loi du 4 mars 2002, permettant une telle décision au bénéfice des condamnés atteints d'une pathologie « engageant le pronostic vital » ou dont l'état de santé est « durablement incompatible » avec le maintien en détention pour Maurice Papon est décédé le 17 février 2007.

5) " Robespierre : entre vertu et terreur ". Slavoj Zizek. Editions Stock.2008.

vendredi 8 mars 2013

A quoi sert Migaud ?

Cet homme qui trouve le statut des travailleurs d'EDF trop généreux, gagne 9000€ bruts mensuels !
Pourtant, qui est le plus utile au pays ?

Le mini-putsch de M. Estrosi


A partir de cette année le 19 mars sera la date de la comémoration officielle de la fin de la guerre en Algérie. Cela ne plait pas au nostalgique de l' "Algérie Française". Un ancien écrit une lettre ouverte au maire de Nice :

Le mini putsch de M. Estrosi


Après avoir toléré, le 23 avril 2011, la célébration des 50 ans du putsch et un hommage aux militaires déserteurs de l'OAS, le maire de Nice a décrété que le 19 mars ne serait pas commémoré dans sa ville, en contradiction avec des instructions du préfet des Alpes-Maritimes.

Et la mairie ne sera pas pavoisée, ce qui ravit tout ce que la ville compte encore de nostalgiques de cette époque révolue. Mais tous les Niçois ne sont pas au diapason de leur maire… Voici un extrait de la lettre ouverte d'un habitant, le professeur Nouschi, qui signe : « juifs pieds-noirs, niçois depuis 1965 et démocrates depuis toujours » :

 «… De Gaulle a mis fin à la guerre d'Algérie, malgré l'OAS qui a tout fait pour l'assassiner. J'ai donc voté pour la fin de la guerre et je m'en félicite. Cette guerre a tué 25 à 30 000 soldats du contingent. N'est-ce pas trop ? Elle a coûté aux Français 10 000 milliards de francs (celle d'Indochine avait déjà coûté 3000 milliards). Vous n'avez pas le droit de refuser qu'on parle de la fin de la guerre.

C'est indigne d'un citoyen et d'un parlementaire qui se prétend gaulliste. Mais vous ne savez pas ce que c'est d'être gaulliste. Vous voulez faire plaisir à l'OAS qui a tenté plus d'une fois d'assassiner De Gaulle… »

L'Ancien d'Algérie n° 515, mars 2013

samedi 2 mars 2013

Convaincre les socialistes ?


Fontaine, le 2 mars 2013


A Olivier Dartigolles

J'ai lu dans l'Humanité Dimanche que tu estimais qu'il ne s'agissait pas de "tordre le bras" aux sénateurs socialistes, mais de les convaincre.

Parce qu'ils ne sont pas convaincus ? C'est grave pour des gens qui se prétendent de gauche.

De ce point de vue, depuis des décennies que nous les pratiquons (les socialistes) nous ne les avons pas beaucoup "convaincus "! C'est la catastrophe annoncée et ils continuent à appliquer les politiques que nous combattons. Hollande, dont on n'attendait pas des miracles, trahit ses engagements pourtant pas révolutionnaires, il nous entraîne dans une guerre dont on nous cache les vrais motifs, c'est parce qu'il n'est pas convaincu ?

D'autres ont essayé de l'intérieur (Mélenchon, Généreux) et en sont partis, car il n'y a plus rien à faire. Gérard Filoche n'arrive pas non plus à les convaincre. Forcément, car c'est seulement par le rapport des forces que nous les obligerons.

Comme l'a dit un jour Robert Guédiguian : "le parti socialiste est au centre". Je suis persuadé qu'il n'y a plus rien à faire avec lui. Si il y a des socialistes qui sont d'accord avec nous, qu'ils rejoignent le Front de gauche.

Pour les municipales pas question pour moi de faire alliance avec eux. Cela risque de nous faire perdre des mairies ? Ça n'est pas sûr, et quand bien même ! Si c'est le passage obligé pour retrouver de la crédibilité, il ne faut pas que ce soit un frein. Nous avons construit le front de gauche c'est la bonne voie continuons.

Amicalement

Michel Cialdella