vendredi 27 novembre 2009

lettre ouverte à Eric Zemmour

Fontaine, le 26 novembre 2006


Monsieur Eric Zemmour
Emission « on n’est pas couché »


« Nous sommes tous concernés dans la même bataille et ce sont les communistes sur qui l’ennemi s’acharne en premier lieu, nous le savons. Et nous savons qu’ils sont aussi braves que les plus braves et mieux organisés… Je ne connais pas, dans la résistance, un homme qui ne parle des communistes, une expression spéciale dans la voie et le visage. Une expression plus sérieuse… Les francs-tireurs forment une véritable armée. La densité des cadavres allemands, est devenue telle que l’ennemi a dû renoncer au système des otages. Il ne peut continuer à aligner 100 morts français pour un mort allemand, où il lui faudrait assassiner la France entière. L’ennemi a reconnu ainsi comme publiquement, que le pays était au-dessus de la terreur ».
Joseph Kessel (1).

Monsieur Zemmour

Lors de l’émission du Samedi 27 septembre vous vous êtes cru obligé de calomnier les communistes. Lorsque Vincent Peillon (qui n’est pas mon historien préféré) évoqua Guy Môquet.
Vous avez déclaré : « Il a été fusillé comme communiste et pas comme résistant à l’époque les communistes ne résistaient pas ». Comme si être fusillé comme communiste défendant des valeurs de solidarité, de patriotisme cela n’était pas assez scandaleux.
Ne vous en déplaise Monsieur Zemmour les communistes résistaient et c’est pour cela qu’ils étaient poursuivis.

Quelques exemples :
L’appel de Charles Tillon, le 17 juin 1940. Dans le texte Charles Tillon fustige « les gouvernements bourgeois qui ont livré à Hitler et à Mussolini l’Espagne, l’Autriche l’Albanie et la Tchécoslovaquie…. Et maintenant, ils livrent la France. Ils ont tout trahi. Il termine ainsi son appel : « peuple des usines, des champs, des magasins et des bureaux, commerçants, artisans et intellectuelles, soldats, marins, aviateur encore sous les armes, unissez-vous dans l’action ». (2)
Signé le parti communiste

Le 5 octobre 1940, un rapport de la police de Vichy fait état que : « le communisme est devenu le symbole de l’indépendance nationale par contraste avec la résignation générale » (2).

Le jeudi 12 septembre 2002 dans son dommage funèbre en l’honneur du colonel Henri Rol-Tanguy (communiste), Jacques Chirac président de la République, rappelle :
« Henri Tanguy est de ceux qui ne peuvent accepter la défaite, l’humiliation, l’asservissement…. Dès octobre 1940 il entre dans la clandestinité… Dès 1941, il est chargé d’organiser, en région parisienne, des groupes armés qui donneront naissance en février 1942 aux francs-tireurs et partisans… »… » « Le 25 août 1944 le maréchal von Scholtitz remet la capitulation des troupes allemandes de Paris au Général Leclerc et au Colonel Rol-Tanguy…. »

Jean Catelas commence à organiser la résistance des cheminots. Le 16 mai 1941, il est arrêté par la police de Vichy. Le 24 septembre 1941 il sera guillotiné par le régime de Vichy.

Pierre Georges qui deviendra le colonel Fabien. Il sera le premier résistant à abattre au métro Barbès un officier allemand le 23 août 1941. Le révolver calibre 6,35 lui aurait été remis par un étudiant communiste, Jacques D’Andurain.

Guy Moquet qui distribue avec les jeunesses communistes des tracts dénonçant l’occupation allemande est arrêté par la police française le 13 octobre 1940 à la Gare de l’Est où il a rendez-vous. Il sera transféré au camp de Châteaubriant. Il tombera sous les balles des Nazis avec 26 de ses compagnons de captivité tous communistes le 22 octobre 1941.

Dans ma région un jeune communiste, André Hermitte, rejoint la Résistance peu de temps après l’appel du 10 juillet 1940 du PCF. Il a alors 15 ans. Il sera arrêté par la police française le 21 février 1944, déporté à Dachau, Buchenwald puis au camp d’Ohrdruf d’où il n’est pas revenu (3).

Dans l’émission du 14 novembre 2009, vous adressant à Jean-Luc Mélenchon vous avez dit, avec la bêtise qui vous caractérise : « Le PS est mort et vous vous précipitez sur le cadavre puant du parti communiste ». Dans le même temps vous estimez nécessaire le débat sur « l’identité nationale » même pas gêné par les relents de pétainisme ! Vous n’êtes qu’un répugnant personnage !

L’inculte que vous êtes ne sait sûrement pas qu’en France :
le PCF est le seul parti qui ne s’en est jamais pris aux libertés. En 1975 le PCF soumet au débat un texte « Vivre libre ». Un projet de déclaration des libertés soumis à la discussion des Français et destiné à figurer dans le préambule de la Constitution Française. Aucun autre parti n’a souhaité le faire.
Que le PCF a lutté contre toutes les guerres coloniales
Que le PCF a été de toutes les conquêtes sociales
Que le PCF a compté dans ses rangs 75 000 morts dans la lutte contre le nazisme n’en déplaise à ceux qui aujourd’hui le nient et dont les ancêtres disaient à l’époque « Plutôt Hitler que le Front populaire ».



Michel CIALDELLA










(1) Ecrivain, « L’armée des ombres » (éditions Plon).cité par Pierre Maury dans son livre « la résistance communiste en France » -- le mémorial. Juillet 2008.
(2) « Héroïques cégétistes et communistes, résistants de la première heure ». Antoine Porcu ;Geai bleu éditions. 2005
(3) André Hermitte (1925 – 1945) Un résistant au sourire de source – René Hermitte – L’Harmattan, 2000.

jeudi 12 novembre 2009

Vous avez dit : identité nationale ?

Je me demandais s'il fallait participer à cette lamentable initiative.
Mais Raymonde m'a convaincu qu'il ne fallait pas laisser les seuls fachos monter au crénaux.
Alors surmontant la nausée je me décide je vais réagir et tout d'abord en publiant avec sa permission le texte d'une amie.


A PROPOS DE L’IDENTITE NATIONALE

Un jour, espérons le, le globe sera civilisé. Tous les points de la demeure humaine seront éclairés
Et alors sera accompli le magnifique rêve de l’intelligence : avoir pour patrie le monde
Et pour Nation l’humanité. Victor Hugo. “Les Burgraves”. Introduction

Cette idée de frontières et de nations me paraît absurde. La seule chose qui peut
Nous sauver est d’être citoyen du monde. Jorge Luis Borges. Le Monde diplomatique, Août 2001.
Le deuxième n’est pas français mais il rejoint notre poète national. Peut-on-en déduire l’universalité de la pensée française ?

Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ; - Tout étranger
âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année - Y vit de
son travail – Ou acquiert une propriété - Ou épouse une Française - Ou adopte un enfant –
Ou nourrit un vieillard ; - Tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir
bien mérité de l’humanité - Est admis à l’exercice des Droits de citoyen français.
Article 4 de la constitution de 1793

Le 5 novembre 2009 : Identité nationale : on lance le débat, Avec la photo d’un vrai français, coiffé d’un béret basque, bien de chez nous, issu de la ruralité, Assis à côté d’une bouteille de vin, tenant un coq (gaulois, cela va sans dire), avec posé devant lui une baguette de pain sur un petit Larousse.
L’identité française serait-elle revigorée dans le pinard de la douce France ?
Plus sérieusement, on voit bien ou le journaliste veut en venir : il y a nous, les bons français
de souche, avec nos traditions centenaires, notre façon de vivre et eux, les autres.
Nous avons donc l’injonction, par le haut, de débattre de l’identité nationale, pas n’importe où, dans les préfectures, (lieus hautement symboliques d’où partent les expulsions,) et sur le site du ministère.
Donnez son avis, son opinion, et surtout ne pas discuter collectivement, avec confrontation
d’idées, en faisant marcher ses méninges plutôt que ses tripes, dans les entreprises, les quartiers, etc. Attention au phénomène de bandes ou aux regroupements gauchistes.
Peut-être que les habitants de ce pays aimeraient parler d’autres problèmes, chômage, discriminations, répartition des richesses, services publics, que sais-je encore, mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Peut-être sont-ils plus préoccupés de citoyenneté que d’identité nationale ? Belle image de la démocratie participative !
Nous sommes donc un peu coincés : soit on laisse toute latitude aux franchouillards de faire part de leurs sentiments sur le fromage patrimoine de l’humanité ou le saucisson pur porc sans parler du vrai Beaujolais, de notre glorieuse histoire depuis Clovis, soit on essaie péniblement, parce que un peu isolé devant son ordinateur , d’aller à contre courant.
Identité nationale : ce n’est pas un gros mot (Sarkozy). Mais encore ? Préférence nationale ? France du terroir ? Identité nationale ou question nationale ? Immigration et immigrés contre la France et les français, ce que sous-entend la création d’un ministère de l’immigration et de l’identité nationale ?
Définir l’identité nationale n’est pas chose aisée
L’identité est du domaine de l’individuel, du rapport avec soi, mais une identité collective, c’est quoi ?
Chaque individu se reconnait de sa naissance à sa mort. Il y a une permanence de son identité même s’il change physiquement ou moralement (voir Besson) au point d’être parfois méconnaissable. Mais peut-on considérer qu’un peuple est le même depuis l’éternité ? (Lire l’article de Laurent Jaffro, Libératon du 4 novembre 2009, intitulé être cotoyens pour ne pas être identiques)
M. Besson a donné au Monde sa propre définition de l'identité nationale : La foi en l’émancipation des peuples, l’idée républicaine d’un citoyen éclairé, cartésien, qui a le culte de la République et de notre devise : liberté, égalité, fraternité.
Vision mystique de la chose qui s’oppose à la rationalité évoquée ! La foi, le culte…

Nous avons entendu Nicolas Sarkosy promouvoir d’autres valeurs, éthiques, qui trouvent leur place dans nos origines chrétiennes : Les origines de la France sont essentiellement chrétiennes (Discours du Latran)
L’identité nationale nous est présentée comme une notion évidente, transcendante, mais la nature du vrai transparaît d’abord dans le soin qu’il met à se cacher disait Claude Lévi-Strauss, grand intellectuel français interdit d’enseignement par les lois du régime de Vichy, parce que d’origine juive…
L’identité nationale comme stéréotype
(…) Les identités nationales européennes élaborées depuis deux siècles apparaissent comme les variantes d’un modèle commun. Toute nation reconnue possède en effet des ancêtres fondateurs, une histoire multi-séculaire continue, qui établit le lien entre les origines et le présent, des héros qui sont des exemples de civisme et de morale, en général une langue spécifique, des oeuvres culturelles remarquables (en littérature, peinture, musique), des monuments historiques et des lieux de mémoire, des traditions populaires, des paysages emblématiques. Chaque identité nationale est spécifique, mais se décline selon les mêmes catégories que les autres. Les identités nationales modernes sont donc en quelque sorte standardisées, intelligibles les unes aux autres.
Anne-Marie Thiesse, Directrice de recherche au CNRS, in : Les Cahiers français n°352 - La France au pluriel
Pour vous qu’est-ce qu’être français? Une série de questions censées nous aider dans notre réflexion complète cette question fondamentale. Ces questions portent en partie sur les immigrés et la façon de les intégrer, j’ai presque envie de dire de les civiliser…
Besson nous donne la réponse : il faut réaffirmer les valeurs de l’identité nationale et la fierté d’être français. Personne n’est dupe : il s’agit d’une manoeuvre politicienne, en période de crise, pour gagner les voies du Front national et faire oublier le chômage et la pauvreté, dont ils sont forcément responsables.
L’idée de l’identité nationale occulte les conflits d’intérêts qui opposent les classes sociales.
Mieux vaut parler d’identité nationale qui exclut que de luttes contre l’exploitation qui rassemblent. On le devine : il s’agit de restaurer l’unité nationale et l’ordre social en masquant les fractures sociales. La tentation xénophobe n’est pas loin ; Jean-Luc Mélenchon parle de provocation vénéneuse que ce sujet contient.
La classe politique a depuis 30 ans flatter le sentiment de peur pour des raisons électorales.
Le Front national s’est construit sur cette peur et la haine qui en découle. De très nombreux français ont le sentiment justifié de ne plus être chez eux dans leur propre payset d’y être considérés comme des citoyens de seconde zone. Marine Le Pen, site du Front national. J’ai lu quelque part sur le net que la France est en passe d’être islamisée…
La question engendre le soupçon : suis-je un bon français ? Comment en faire la preuve ?Suis-je français si je n’obéis pas à la définition ?Comment figer l’identité dans une définition ? Peut-on évoquer l’identité multiple ?La France a-t-elle le monopole de la morale républicaine ?
Heureusement Mélenchon rappelle les fondamentaux : C’est quoi être Français ? Etre Français c’est avoir une carte d’identité française. Et les droits qui vont avec Point. Celui qui l’a, l’est. Celui qui ne l’a pas ne l’est pas. »
En France, la citoyenneté est liée à la nationalité, ce qui exclut de la vie politique tous ceux qui n’ont pas la fameuse carte d’identité. La citoyenneté se mérité nous dit-on. Les femmes en ont été exclues jusqu’en 1947, date à laquelle elles gagnent le droit de vote. Attention, donc.
Pour nombre d’historiens, de philosophes on ne peut pas définir l’identité nationale. On ne peut pas la codifier encore moins par le biais d’un sondage à vocation électoraliste. On peut tout au plus l’approcher par l’étude de l’histoire, de la géographie, de la population, de la construction dans le temps de l’Etat.
Une histoire faite de ruptures, de guerres, d’oublis avec une mosaïque de populations disparâtres
auxquelles sont venues s’ajouter plusieurs vagues d’immigration . Tant pis pour ceux
possédés par le démon des racines (Hervé Le Bras, historien).
Pour Mouloud Akkouche, écrivain, l’identité nationale n’existe pas. Il y a autant d’identités que de
passants. (Rue 89).

Jean-François Bayard, directeur de recherche au CNRS, explique dans le Monde du 6Novembre 2009, qu’ il n’y a pas d’identité française, mais des processus d’identification contradictoires qui définissent la géométrie variable de l’appartenance nationale et citoyenne. … Quand le politique cherche à s’emparer du social, et singulièrement de l’identitaire, le totalitarisme n’est jamais loin. Nous voilà prévenus.
Gérard Noiriel historien, qui avec d’autres a dénoncé la création d’un ministère de l’immigration et de l’identité nationale, s’interroge dans un ouvrage intitulé : A quoi sert l’identiténationale ? Réponse : à discréditer l’autre pour renforcer le nous.
Pour Stéphane Sahuc le but est de diviser ceux qui auraient intérêt à s’unir pour défendre les avancées démocratiques et sociales. L’humanité dimanche, 5 novembre 2009. Et pour se faire, le gouvernement crée des suspects, les africains, ou les musulmans, ou les jeunes des banlieues,
figures nébuleuses à réprimer et à surveiller…C’est une activité essentielle du nouveau pouvoir. Alain Badiou. De quoi Sarkosy est-il le nom, 2007.
Les jeunes en questions souvent désignés sous le terme de immigrés de la troisième génération, comme s’ils n’étaient pas français ou pas tout à fait français, pas français par imprégnation pour reprendre un terme de Marine le Pen. Leurs grands parents ont pourtant servi de chair à canon et sont morts sous le drapeau français dans les tranchées, leurs parents ont reconstruit les usines, les cités, les autoroutes, etc. Beaucoup avait rejoint la Résistance. (FTP MOI : Francs tireurs et partisans main d’oeuvre immigrée).
Tu montres le chemin de la lumière pour la grande victoire de l’humanité. Missak Manouchian, 1934
Comment se forge le sentiment de l’identité nationale ?
Essentiellement par l’école qui enseigne une histoire idéalisée, imprégné du mythe des origines et
de la pureté. Depuis la Révolution française, l’enseignement de l’histoire est associé àla construction de l’identité nationale.
Lisons Suzanne Citron, historienne.
L'histoire de France traditionnelle nous a masqué le caractère "multinational" du royaume de
France. Le mythe des ancêtres Gaulois revenait à dire que tous les Français avaient la même
origine par le biais d'un ancien peuple, parlant une même langue, ayant les mêmes coutumes.
On gommait ainsi plus de mille ans de brassages ethnique, culturel et politique !
L'Histoire de France autrement , Suzanne Citron, éd. Editions de l'Atelier, 1992, p. 63
Inventée pour et transmise par l’école de la IIIe République, notre histoire multiculturelle et poly-éthnique doit être réécrite dans la France d’aujourd’hui, une France post vichyste, postcoloniale, amarrée au char de l’Europe, insérée dans la complexité du monde du XXIe siècle
Dénationaliser l’histoire de France, Suzanne Citron, Libération, jeudi 30 décembre 2004.
L’école gratuite, obligatoire et laïque a fait croire aux Français qu’ils descendent des Gaulois.
Le Petit Lavisse, le manuel phare de la 3e République, commençait ainsi: "Autrefois, notre pays
s’appelait la Gaule et ses habitants, les Gaulois." [...] Cette lecture du passé français à travers la
grille d’une Gaule qui préfigurerait la "nation" est obsolète et non sans effets pervers. D’une
part elle conditionne spatialement le passé autour du seul Hexagone, excluant de ce passé tout
ce qui géographiquement lui est extérieur, comme les Antilles ou même la Corse. Elle confère à
la durée de la présence sur le sol hexagonal présumé "gaulois" une vertu quasi-magique au nom
d’une antériorité généalogique qui serait synonyme de supériorité. [...] D’autre part, et c’est le
plus grave, l’idée d’une souche gauloise ethnicise fantasmatiquement la "véritable" nation et
nie la diversité raciale et culturelle qui a constamment accompagné la création historique de la
France.
[...] L’histoire de la France "Gaule" et d’un peuple français d’origine "gauloise" fabriquée au
XIXe siècle correspond à la vision des fondateurs de la République et garantit à leurs yeux l’unité
et l’indivisibilité nationale. [...] Mais cette histoire de la France "Gaule" est aujourd’hui obsolète
pour décrypter une identité française aux multiples racines postcoloniales et mondiales.
Suzanne Citron, 23 juin 2008, dans Nos ancêtres les Gaulois": ils sont fous ces historiens!.

Sarkosy amplifie cette historiographie officielle. Il réécrit l’histoire en la liant à l’histoire de l’Eglise, la faisant plonger dans de prétendues racines chrétiennes qui nous relieraient sans interruption à un passé magnifié .Il la réduit à l’histoire des grands hommes. Force est de constater qu’il rejoint le Front national : La France est en passe de dilapider un formidable capital identitaire de 1500 ans d’histoire. Marine le Pen. Passons sur les conflits de la royauté avec l’Eglise, passons sur les guerres de religion, passons sur le développement des nationalismes en Europe et ses conséquences dramatiques. Profs d’histoire, au boulot ; je suis stupéfaite, en lisant les contributions sur le site du ministère, de la méconnaissance de l’histoire de France qui est pour certains glorieuse et bimillénaire. Jésus Christ était français ? Glorieuses les tortures en Algérie ? Glorieuse la collaboration ?
On peut comprendre l’amertume des exclus du roman national, instrument de domination, et la nécessité absolue de retrouver les penseurs du siècle des lumières pour se débarrasser des préjugés, développer son esprit critique et combattre l’obscurantisme.
Ce qui fait sens, ce sont les ruptures. La rupture de la Révolution française est fondamentale. Elle instaure la République (forme de gouvernement non héréditaire rappelons le) , invente les droits de l’homme et regroupe le peuple (OK, d’abords le tiers état) dans la nation. En délivrant les français de leurs appartenances, elle les rend citoyens, responsables de leur destin. Elle transmet l’amour de la liberté. Elle met en place la démocratie par la séparation des pouvoirs, s’inspirant des réflexions du siècle des lumières, des philosophes français et européens. Bien sur, c’est plus compliqué, mais la révolution française continue de nous guider et la suite nous démontre que rien n’est jamais acquis, que la liberté, la démocratie, la justice sont des combats de chaque jour, à mener ensemble et non pas côte à côte.
Parallèlement au roman d’une histoire reconstruite, l’enseignement de la langue française dans la douleur pour nombre d’écoliers, au détriment des langues régionales, est aussi un facteur d’adhésion nationale.
Je ne m’attarde pas sur la mise en scène des symboles de la république, qu’il faut obligatoirement respecter sous peine de sanctions. Quel drapeau tricolore, celui des résistants ou celui du régime de Vichy ?
Je m’étonne de la défense acharnée de la Marseillaise par nos gouvernants, chant révolutionnaire de lutte pour la liberté chérie et contre les vils despotes dont le sang impur abreuve nos sillons. Aujourd’hui, c’est qui, les vils despotes ?
Je souris aux discours patriotiques à propos des matchs de foot.
Les valeurs de la République
Bizarre, bizarre, ceux qui évoquent le plus souvent les valeurs républicaines, sur le mode incantatoire, sont ceux qui les bafouent le plus.
1 Liberté : atteinte au droit de réunion, à la liberté de la presse, contrôle permanent des individus, criminalisation de l’action syndicale…
2 Egalité : la misère des classes populaires, mettent à mal cette valeur. Les services publics qui garantissaient l’égalité de traitement de tous et qui ont beaucoup contribués à l’unicité du territoire sont démantelés au détriment de l’intérêt général.
3 Fraternité : elle se ringardise dans les entreprises où règne le chacun pour soi. On lui préfère le terme de solidarité ; notre régime de protection sociale solidaire est attaqué par le gouvernement à la solde du patronat. Pensez donc, tout cet argent qui échappe aux profits. La fraternité est même devenue un délit quant elle s’adresse aux clandestins surexploités par las amis du président (Bouygues, etc.)
4 Justice : de moins en moins indépendante du pouvoir malgré les critiques de L’Union européenne et …malgré Montesquieu qui figure dans la bibliographie officielle du site ministériel.
5 Droits de l’homme malmenés et les militants (les droits de l’hommistes) méprisés. Traitement inhumain des étrangers dit sans papiers, dont beaucoup ont risqué leur vie pour la liberté et ont fui des pays en guerre. Petit rappel : Tout homme persécuté en raison de son

1action en faveur de la liberté a droit d’asile sur le territoire de la République. (Préambule de la constitution de 1946)
2 Laïcité : remplacée par la laïcité positive qui est une revendication du Vatican et qui renoue avec les épousailles des églises et du pouvoir. Le président de la République n’a-t-il pas bafoué la laïcité en magnifiant le prêtre au contre de l’instituteur ?La laïcité garantit la liberté de conscience et les identités de chacun. Gardons nous d’ opposer droit à la différence et citoyenneté, porte ouverte au repli identitaire.A lire absolument : Mélenchon, Jean-Luc. – Laïcité. Réplique au discours de Nicolas Sarkosy, Chanoine du latran
3 Langue française : les sites des ministères, y compris celui de l’Education nationale sont bourrés de fautes d’orthographe et de sens. Cette considération exclusive de la langue, comme l’attention trop forte donnée à la race, ses dangers, ses inconvénients. Quand on y met de l’exagération, on se renferme dans une culture déterminée, tenue pour nationale ; on se limite, on se claquemure. On quitte le grand air qu’on respire dans le vaste champ de l’humanité pour s’enfermer dans les conventicules de compatriotes. Rien de plus mauvais pour l’esprit….Avant la culture française, la culture allemande, la culture italienne, il y a la culture humaine. Ernest Renan. – Qu’est-ce qu’une nation ? Conférence faite à la Sorbonne, le 11 mars 1882.
4 Manière de vivre : la vulgarité du président de la République en donne une étrange conception. Les violences inouïes dont est victime une grande partie de la population dans

les entreprises, dans les banlieues relativisent fortement l’image de la douce France.
Brusquement, sous les apparences frivoles et enivrantes de notre civilisation, on découvre
l’abîme béant de la barbarie et de la bestialité. Rosa Luxembourg.- Dans l’asile de nuit,
1912. C’est qui celle-là ?
1 La terre : avec les algues vertes ? Sans agriculteurs ?

Nous sommes pris dans un réseau de contradictions : comment concilier repli sur soi et défense de la planète, repli sur soi et construction de l’Europe, comment concilier identité nationale et délocalisations, abandon du tissu industriel, valeurs républicaines et le moins disant social ?
On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds,
Lui rit au nez, la brave, l’insulte et la bafoue. Victor Hugo. – Napoléon le petit.
La fierté
Mais comment être fier d’être français quand la police vient chercher des enfants à l’école pour les enfermer dans des centres de rétention ?
Relisons Jean Jaurès, si cher au président de la République (Conclusion de l’Histoire sociale)
Certes, le prolétariat est bien loin du but qu'il se propose. L'injustice essentielle n'est point abolie. Le monopole de fait de la propriété subsiste, et la domination économique de la classe capitaliste a pour effet d'abaisser et d'exploiter l'immense multitude des hommes qui ne possèdent que leur force de travail. La Bruyère disait : Devant certaines misères on éprouve de la honte à être heureux. Devant les iniquités, les souffrances qui tourmentent la société d'aujourd'hui et accablent la classe ouvrière, il y aurait une sorte d'impudence à étaler, dans le jugement d'ensemble porté sur l'évolution française depuis la Révolution, une sorte d'optimisme béat et satisfait. Mais il y a un optimisme vaillant et âpre qui ne se dissimule rien de l'effort qui reste à accomplir, mais qui trouve dans les premiers résultats péniblement et douloureusement conquis des nouvelles raisons d'agir, de combattre, de porter plus haut et plus loin la bataille.
Et oui, les luttes de tous ceux qui se battent en France (et ailleurs dans le monde) sont objet de fierté. Elles redonnent de la dignité et de l’espoir à ceux qui croit en une transformation sociale.
Mais il ne suffit pas de croire, il faut s’y mettre, ensemble. Le patronat, par la voie de Laurence Parisot, veut en finir avec le programme du Conseil National de la Résistance, élaboré par ceux qui ont refusé la défaite devant le régime nazi. Tout doit disparaître : la sécu, le code du travail, les services publics, tout doit être transformé en marchandise, éducation, santé,…pour le plus grand profit de qui ?

Pour la promotion de l’identité nationale par ceux-là mêmes qui s’empresse de protéger leurs capitaux dans des paradis fiscaux…à l’étranger ? J’aime bien ceux qui déclarent qu’être français, c’est payer ses impôts en France, dans leurs contributions.
Alors oui, je suis fière des luttes pour défendre les acquis sociaux et en conquérir de nouveaux, je ne suis pas dupe, sans justice sociale, la liberté, les droits de l’homme, la laïcité, sont menacés. Ma nation, c’est celle des opprimés. La Marseillaise me donne du courage, l’Internationale, (chant révolutionnaire écrit en pleine répression versaillaise, 1871, par Eugène Pottier, au nom bien français, absent des auteurs cités) me relie à tous ceux qui se battent contre l’oppression et l’exploitation.
Alors vive la liberté, vivent ceux qui luttent, quelque soit leur identité.
Laissons passer le règne des transcendants ; sachons subir le dédain des forts…Le moyen
d’avoir raison dans l’avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé.
Ernest Renan. – Qu’est-ce qu’une nation ? Conférence faite à la Sorbonne, le 11 mars 1882.

Hasta la victoria siempre.

Ma bibliographie est issue de lectures nomades et mal organisées. Monsieur Besson n’a surement pas lu les livres et textes cités sur le site de son ministère, subversifs pour certains au vue de la politique actuelle. Voltaire, Rousseau, Diderot, Zola, Robespierre et bien d’autres n’y trouvent pas leur place, quant aux penseurs étrangers…
R. Bièvre, novembre 2009

Post Scriptum : Je n'ai rien dit sur les commémorations qui forgent aussi le sentiment d'identité nationale. En ce moment nous sommes servis. Là aussi, le message est pervers. D'un côté il y a le repli sur soi avec ce débat à la Besson, de l'autre Sarkosy se fait le chantre de l'amitié franco allemande allant jusqu'à demander un ministre commun aux deux pays et des célébrations communes. A mon avis, cela signifie que, il y a des bons et des mauvais français, il y a aussi des bons et des mauvais étrangers.
Les mauvais, sont ceux issus de l'immigration maghrébine et africaine, bien sur. Comme les juifs à une époque, ils sont toujours soupçonnés de ne pas adhérer à la nation et à ses  valeurs républicaines. La France de Sarkosy est irrespirable.



Lettre ouverte à Monsieur Eric Besson
Ministre de l’identité nationale

Monsieur le Ministre

Le gouvernement auquel vous participez, me fait penser chaque jour un peu plus le régime de Vichy : chasse aux immigrés, recul des acquis ouvriers, dénigrement des grands moments de notre histoire.

Je veux rapidement évoquer :
1936 les grandes luttes de la classe ouvrière qui débouchèrent sur de grandes conquêtes sociales : congès payés, délégués du personnel élus etc,
le programme du Conseil National de la Résistance que vous détruisez et qui a permis l'instauration de la Sécurité sociale, la création de grands service publics comme EDF, les Comités d'entreprise, la médecine du travail.....
1968 qui a marqué ma jeunesse et dont les acquis sont remis en cause
Sans le dire on revient aussi sur la Révolution Française qui pourtant fonda la République et la Nation Française mais pas au sens étriqué que vous lui donnez...Elle considérera comme citoyens français des étrangers. Qui siégèrent à la Convention. La nuit du 4 août 1789 l'Assemblée Nationale a aboli les privilèges que votre gouvernement s'acharne à rétablir (exemple : bouclier fiscal). Elle inventa les Droits de l'Homme et du citoyen notamment à travers la déclaration de 1793 qui stipule :
Article 3: tous les hommes sont égaux par la nature et devant la loi.
Article 4 : la loi est l'expression libre et solennelle de la volonté générale ; elle est la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse ; elle ne peut ordonner que ce qui est juste et utile à la société : elle ne peut défendre que ce qui lui est nuisible.
Article 34 : il y a oppression contre le corps social lorsqu'un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre, lorsque le corps social est opprimé.
Article 35 : quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs.

On s'en éloigne, non ? Et même vous les galvaudez à travers l'expression « Droit-de-l'hommisme ».

Et bien c'est ça « MA FRANCE », qu'illustre bien la chanson de Jean Ferrat:
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnait le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre (pas de Besson)
Ma France

En entendant vos semblables je pense au poème d'Aragon « l'Affiche rouge » ces résistants immigrés. Au fait avait-il des papiers en règle ? Ils ont été

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit, hirsutes, menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants.

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos « Morts pour la France »
Et les mornes matins en étaient différents.

Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement :
« Bonheur à tous, bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand.»

Adieu la peine et le plaisir. Adieu les roses
Adieu la vie. Adieu la lumière et le vent
Marie-toi, sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erevan.

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le cœur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée, ô mon amour, mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant.

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant

Je pense également à ce 8 mai 1983 où mon voisin allait être décoré. Je me suis rendu à la cérémonie et j'ai appris que ce paisible retraité, ramasseur de champignon, avait été résistant. Engagé dans l'armée française, il est fait prisonnier, il s'évade, part en Algérie et revient avec l'Armée de libération. Pour remerciement il touche une modeste retraite de combattant (moins qu'un Français de souche). Le régime giscardien bloque sa pension et fini par la supprimer au motif qu'il a passé deux ans en Algérie ! Le gouvernement Mitterrand a fini par rétablir ses droits. Décédé depuis quelques années je me demande ce qu’Abdelkader penserait aujourd'hui du débat sur l'identité nationale....

Personnellement, je suis fils d'immigré. Mon père est né en Italie. Son père a fuit le fascisme en 1923. En 1940 mon père a 20 ans et veut s'engager dans l'armée française. Sur les conseils de son employeur (un commerçant), il demande la naturalisation française avant. Curieusement un mois après il l'obtient. Sa classe est déjà partie, on lui fait savoir qu'il partira avec la prochaine. Puis c'est la débâcle et il prend contact avec la Résistance.
A deux allées de son domicile un français de « souche » a choisi lui de rejoindre la milice et devient même le chef de la « Waffen SS de Grenoble ». Un nommé Eclach, assassin de résistants, qui sera fusillé à la libération.

Il y a aussi le cousin Joseph, italien aussi, qui sera arrêté par les Allemands pour avoir participé à la manifestation du 11 novembre 1943 à Grenoble. D'être Italien ne lui a pas empêché de chanter la Marseillaise ! Le 13 novembre, il fut parmi les 600 déportés. Au camp de concentration il y a rencontré un frère à mon père…

Aujourd'hui et pas par hasard vous (et votre gouvernement) lancez le débat sur la laïcité à partir du port de la Burka. Je suis de ceux qui exècre tous ce qui rabaisse la femme et pas seulement chez les musulmans. Mais quel crédit peut-on avoir lorsque l'on a un président de la République qui en tant que tel, se fait introniser « Chanoine de Latran » par le Pape ? Lorsque des ministres en exercice assistent à des cérémonies religieuses coiffés de la Kippa ?
Vous avez dit ostentatoire ? Sommes-nous en République démocratique et laïque ?

Aussi l'identité française si elle s'écrit C.H.A.R.T.E.R, je ne m'y reconnais pas.

L’historien, Denis Peschanski interrogé par l’Humanité Dimanche numéro hors-série de Février 2007, à propos des Résistants FTP – MOI. Ils ont été trahis par la police française qui a mis 200 membres de la brigade spéciale expérimentés en surveillance et filature à leur trousse. Alors qu’ils venaient défendre la France de la Révolution française. Leurs actions militaires ont été un facteur de la reconstruction de l’identité nationale. Cette identité nationale et sociale qui s’est reconstruite après la guerre…autour d’un corpus de valeurs partagées, héritées de la Révolution française et réactivées par la Résistance…La leçon est à entendre aujourd’hui.

Nous sommes loin des Papon et autre Bousquet qui sont eux la honte de la France.

Michel Cialdella
Citoyen internationaliste parce que Français attaché aux valeurs ci-dessus exprimées.