mercredi 29 août 2012

Vous avez dit démocratie !


Nous étions prévenus !

Je partage l'indignation de ceux qui protestent contre les parachutes dorés et autre retraites chapeau. De telles rémunérations que rien ne justifie sont des insultes à la misère et aux véritables producteurs de richesses.
Mais faut-il s’en étonner ? Lorsqu’on a élu le candidat des milliardaires, de ceux qui même en ayant mis leurs entreprises en faillite bénéficient de parachutes dorés, cela ne peut pas être autrement.
Il faut dire aussi qu’on nous avait prévenus. Combien d’articles, de livres nous ont alertés. Je ne saurai trop vous conseiller la lecture de : « Misère du sarkozysme. Cette droite qui n’aime pas la France ». De Paul Ariès parut en 2005. Il écrit entre autre :

« En France, la victoire du sarkozysme équivaudrait à ce que fut celle de Vichy... Une véritable rupture avec l'histoire...
...La philosophie des lumières et ses droits de l'homme et du citoyen n'ont toujours pas été digérés par les nombreux partisans des droits de Dieu. (Page 12)

Cette contre révolution intellectuelle est donc aussi la fille de ces trafiquants d'hommes qui contrairement à Robespierre, préféraient que meure le principe de l’égalité plutôt que leur possession ». – (page 13) --

Malgré cela Sarkozy a été élu conformément aux lois qui régissent les élections présidentielles.

Dans un livre paru en 2008 : « Après la démocratie » Emmanuel Todd, écrit : « Et n’oublions pas la dimension nécrophile du sarkozysme qui ne se contente pas d’emprunter des vivants à la gauche, mais lui vole aussi ses morts. En paroles au moins, un président de droite a tenté de s’approprier Jaurès, Blum et Guy Môquet, résistant communiste de 17 ans fusillé par les nazis. Au moment même où il accordait des avantages fiscaux aux plus riches ! Un psychiatre serait ici contraint de poser un diagnostic de perversion, combinant sadisme (antigauche) et exhibitionnisme (l’acte est public) » (page 14).

Pour autant est-ce une élection démocratique ? Pas sûr !

Selon certains, les Français ont voté et il n'aurait plus qu'à se taire en vertu de « Sarkozy a obtenu 53, 99 % des suffrages exprimés » En clair « vote et tais-toi ».
Dans la démocratie, c'est-à-dire : « le pouvoir du peuple y est exercé par le peuple et pour le peuple » il doit y avoir des contre pouvoirs. Déjà insuffisant dans notre « démocratie » ce gouvernement s’acharne à les détruire notamment en criminalisant l’action syndicale et en s’attaquant au droit de grève. Récemment, un militant communiste qui vendait L’Humanité-Dimanche a été convoqué au tribunal pour « vente de marchandises sans autorisation ».
Et puis si on y regarde d'un peu plus près on peut observer que l’élection présidentielle n’est pas vraiment démocratique.
Même si la règle c'est la majorité des suffrages exprimés on peut quand même s'interroger sur le fait suivant :
Au premier tour des présidentielles de 2007, Nicolas Sarkozy recueille 26 % des inscrits. Ce sont là des gens qui votent vraiment pour lui. Au deuxième tour il recueille 43 % des inscrits. Ce qui fait que 74 % au premier tour et 57 % au deuxième tour n'ont pas voté pour Sarkozy. Cela pose le problème de l'élection du président de la République au suffrage universel.
Avec d’autant plus de force que tout le monde ne vote pas et notamment les jeunes de moins de 18 ans qui pourtant, et nous l'avons constaté dans les luttes contre le CPE, ont des choses à dire et des exigences à revendiquer.
Comment peut-on imaginer qu'un seul homme ou une seule femme puisse représenter la diversité d'un peuple ? Ce système est déjà antidémocratique en soi. Peut-il y avoir une élection démocratique dans un régime qui ne l'est pas vraiment ?
Cela, et rien que cela, légitime déjà toutes les luttes. De plus le locataire de l'Élysée s'assoit sur la démocratie à chaque fois qu'il veut faire passer ses choix.
Récemment à l'assemblée nationale la loi sur les OGM a été modifiée par les députés qui adoptent à une faible majorité un amendement qui remet en cause la culture des OGM en plein champ. Il se moque complètement du vote des députés et utilise une procédure (démocratique ?) pour faire passer la culture en plein champ.
Le 29 mai 2005, le peuple français a rejeté le traité constitutionnel européen par voie de Référendum. Se moquant du peuple il fait adopter par le congrès (grâce à la complicité des élus socialistes) un traité baptisé pour l'occasion « simplifié », le "Traité de Lisbonne". Un traité dont Valéry Giscard d'Estaing affirme « il n'y a pas de différence substantielle entre les deux textes ». Même si c'était dans son programme c'est antidémocratique ! Ce refus de soumettre à référendum le nouveau traité est bien le signe que le pouvoir ne représente pas le peuple. Rappelons au passage que dans son programme il avait le pouvoir d'achat ! …mais peut-être parlait-il du sien ? Il avait également promis qu’EDF GDF ne seraient pas privatisés !....
Récemment il décide, contrairement à ce qu'il a annoncé avant les élections, d'envoyer des troupes françaises en Afghanistan. Sans même un débat à l'assemblée nationale.
N'oublie-t-il pas trop souvent qu'il est président d'une République laïque ? Président de tous les Français il se fait introniser « Chanoine honoraire de Saint-Jean de Latran » par le Pape.
Est-il démocrate lorsqu'il déclare : « dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur... ».
Quel mépris pour les athées et pour la République !

Est-ce démocratique que de démanteler les services publics qui permettent l'égal accès de tous ?
Est-ce démocratique que de casser notre protection sociale solidaire ?
Est-ce démocratique de favoriser les classes aisées au détriment des plus pauvres ?
Est-ce démocratique que d'avoir 7 millions de travailleurs pauvres ?
Est-ce démocratique que de se doubler son salaire ?

Rappelons que dans les entreprises c’est toujours la monarchie ( ce que confirmait un grand patron dans un film de télévision "Patrons télévision" dans les années 1980. Ce film fut censuré à la télévision (démocratiquement ?).
Au-delà de l'actuel président de la République, nous avons énormément de progrès à faire pour être un pays véritablement démocratique. Notre constitution comporte, pour le moins, des failles dangereuses.
Ainsi l'article 16 qui permet au président de la République dans certaines conditions d'avoir des pouvoirs exceptionnels. L'article 49 alinéa 3 permet l'adoption d'un texte de loi sans vote du Parlement….
Le Parlement ne représente pas le peuple. Comme nous avons pu le constater lors du référendum sur le traité constitutionnel. Très majoritairement les Français ont voté non. Si ce même traité avait été voté par le Parlement il aurait été adopté. Comment des parlementaires qui ne représentent pas le pays peuvent-ils prendre des décisions en son nom ? Notons au passage que cela ne choque aucunement la quasi-totalité des journalistes.
Comme le dit cet ancien ministre (Anicet Le Pors) : « la légitimité populaire émane du corps législatif, élu selon un scrutin égal c'est-à-dire à la proportionnelle, car c'est à la politique et non à la technique de faire des majorités. Il ne saurait en effet y avoir de légitimité concurrente émanant du même suffrage universel. L'argument selon lequel il faudrait tenir compte de l'idée que l'on se fait de la prétendue adhésion du peuple français à l'élection du président de la république au suffrage universel n'est que l'expression d'une résignation politique, indigne de notre histoire ».
L’actuel parlement est légal mais pas légitime.
La proportionnelle devra nécessairement se compléter par des moyens pour le peuple non seulement de contrôler les élus qui devraient être révocables à tout moment s'ils ne respectent pas leur mandat ou s’ils magouillent ou tout simplement si le peuple le décide. Les citoyens pourraient aussi décider sans attendre les élections des grandes questions comme : quelle part du PIB consacré à la protection sociale, quel salaire pour les élus (tous les élus), quel système de transport, quelle production pour quelles utilisations etc.... Et dans ces cas, il pourrait bien se dégager des « majorités de dossiers » non "politicardes". Ce qui n'est pas la même chose que d'aller faire des accords électoraux en catimini ou de débaucher des personnes dans d'autres formations politiques….
De ce point de vue, il y a dans notre pays, un travail considérable à faire.

Robespierre dont on ne dit pas assez qu'il était favorable à la brièveté du mandat législatif (avis aux carriéristes de la politique), faisait valoir cet argument de bon sens qui n'a rien perdu de sa valeur : « Il faut que les législateurs se trouvent dans la situation qui confond le plus leur intérêt et leurs voeux personnels avec celui du peuple ; or, pour cela, il est nécessaire que souvent ils deviennent peuples eux-mêmes ». (Albert Mathiez, historien).
Appliquer ce principe assurément moderne serait une saine évolution.

La démocratie ça commence par une information pluraliste surtout sur le service public. Or à la télé se sont toujours les mêmes tenants de la pensée unique…qui manquent tellement d’imagination qu’ils sont obligés d’aller chercher à l’étranger des modèles.
C’est toujours mieux ailleurs, nous sommes les seuls à faire comme ceci… la France n’est pas réformable etc.

Cette bande d’inculte qui oublient volontiers que la France a inventé les droits de l’homme et a été seule pendant longtemps.
Ils n’ont rien vu arriver de cette crise majeure mais continuent, cramponné à leurs dogmes, à nous infliger les mêmes recettes.
Ils devraient méditer cette fameuse phrase : « Un bon économiste c'est celui qui est capable d'expliquer le lendemain pourquoi il s'est trompé la veille ».

Parmi les arguments fallacieux de la « majorité » qui nous gouverne, il y a l’affirmation : « si on augmente le SMIC et les salaires nous allons augmenter les importations ». Dans le même temps ils font passer en force un traité (dit de Lisbonne) qui instaure « la concurrence libre et non faussée ».

Une fois que l’on a fait ce constat, faut-il rester l’arme au pied et attendre de nouvelles élections ?
D’autant que, citons encore Emmanuel Todd : « Conversion au libéralisme économique, acceptation du capitalisme financiarisé, carriérisme cynique de ses hauts fonctionnaires : la trahison par le Parti socialiste des valeurs de la gauche est une évidence, et pas seulement pour les analystes politiques. ».

Il faut renforcer les organisations authentiquement anticapitalistes et notamment le Parti Communiste Français dont nous payons tous aujourd'hui (communistes ou pas) la faiblesse. Loin de moi l’idée de faire l’impasse sur ses défauts. Pour autant faut-il oublier le rôle joué par ce parti dans les grandes conquêtes sociales que sont la Sécurité sociale, les comités d’entreprise, la médecine du travail, les congés payés etc. il a été également de toutes les luttes contre les guerres coloniales et pour la paix.

La démocratie sociale c'est aussi participer aux actions revendicatives, notamment celles organisées par les syndicats.
Pour l’accès aux soins pour tous
Contre l’ensemble des déremboursements des dépenses de santé.
Pour l'interdiction des dépassement d'honoraire.
Pour le retrait de la loi « hôpital, patient, santé, territoire », porte ouverte à la privatisation de l’hôpital public.
Pour une meilleure prévention des risques sanitaires
Pour une véritable politique d’éducation à la santé
Pour la refonte du financement de la sécurité sociale (comme salaire socialisé) assis sur l’ensemble des richesses créées.
Pour un plan emploi-formation dans le secteur de la santé et action sociale
Pour améliorer les conditions de travail et l’attractivité des métiers de la santé
Pour l’augmentation des salaires et la reconnaissance des qualifications.

Il faut également renforcer la CGT dont les progrès aux élections prud’homales de 2008 indiquent que cette organisation est en phase avec les besoins des travailleurs (en activités, au chômage ou à la retraite).
Nous ne sommes pas responsables de la crise est pourtant nous en sommes les victimes.
Nous sommes tous des assurés sociaux !
Nous sommes tous propriétaires de la Sécu ! Nous ne nous laissons pas déposséder.

Michel Cialdella.

Ce texte écrit le 12 février 2009 garde toute sont actualité. Et un gouvernement prétendument de gauche devrait y être attentif.
Mais ne rêvons pas, sans lutte de masse il ne se passera rien....
Pire, le premier ministre Jean-Marc Ayrault va se rendre à l'université d'été du Medef pourquoi faire ? Il ne s'agit en rien d'une négociation !
Nous avons Montebourg qui se prétendait plus à gauche qu'Hollande, et qui dans le conflit qui oppose PSA à ses salariés, intime aux syndicats d'être responsables...
Nous avons de la part de ce gouvernement réformiste qui ne réforme surtout rien la création d'emplois prétendument d'avenir. Un avenir limité à 3 ans dans le meilleur des cas avec un salaire de misère.
La liste est longue des trahisons de la sociale démocratie. Il faut que la gauche anticapitaliste arrête de dire que la gauche est au pouvoir.
Michel Cialdella, le 29 août 2012.