mercredi 28 décembre 2016

Le coup du père François



L'irruption de François Fillon dans le domaine de la Sécurité sociale et notamment de la branche maladie, a au moins le mérite d'avoir relancé le débat. J'ai signé la pétition proposée par le professeur André Grimaldi. Mais pour autant je ne suis pas d'accord avec certaines de ses propositions.
Tout d'abord, il faut en finir avec la fable du "pacte social français "et du "consensus national". En réalité il y a eu en 1945 un rapports de force favorable aux travailleurs et surtout pas de consensus. En témoigne la proposition de loi du MRP du 22 décembre 1945 qui voulait revenir sur les ordonnances du 4 octobre. Quant au patronat il ne faisait pas partie du conseil national de la résistance pour cause de collaboration avec l'ennemi. Dès 1948, le CNPF, à peine organisé, soutient que « la Sécurité sociale met en danger l'économie du pays »
le 10 novembre 1948, la chambre de commerce de Paris affiche un diagnostic sans appel : « La Sécurité sociale est devenue pour l'économie une charge considérable. » Dans la foulée, elle vitupère les salariés : Ils « ont profité de traitements dont ils n'avaient peut-être pas un besoin certain, la moindre maladie a été le prétexte de repos. L’absentéisme s’est développé ». 70 ans plus tard, ils ont du mal à se renouveler. Alors pour le consensus on repassera. La droite et le patronat ont subi la sécurité sociale, mais ne l'ont jamais acceptée. Aujourd'hui le rapport des forces a changé et la droite et le Medef par Fillon interposé se croient autorisés à mener l'offensive finale.

De « réforme » en « réforme », ils ont affaibli notre Sécurité sociale. Les complémentaires, mutuelles ou assurances privées ont progressé sur les reculs imposés à la Sécurité sociale. De ce point de vue tous les gouvernements sans exception sont complices du désastre. Ils ont organisé le « déficit ». En effet pour détruire cette institution qui a fait la preuve de son efficacité, le seul moyen à leur disposition c'est de la mettre en difficulté financière. Sinon comment justifier ce qu'ils osent appeler des « réformes ». Il faut affirmer haut et fort qu'il ne n'ont aucune légitimité pour détruire ce qui ne leur appartient pas.
Voyons pour les désaccords avec le professeur André Grimaldi.
Il propose un remboursement à 100 % pour l'hypertension artérielle en revanche l'homéopathie et les cures thermales peuvent être prises en charge par les complémentaires sources d'inégalités. Les économies réalisées par la Sécu seraient des dépenses supplémentaires pour les citoyens qui se verraient contraints (pour ceux qui le peuvent) à prendre une complémentaire.

Il est connu que les coûts de gestion de la sécurité sociale sont inférieurs à 6 % alors que pour les mutuelles, c'est 20 à 25 %. Donc si on cherche des économies il faut aller vers la suppression des complémentaires inutiles inégalitaires et coûteuses. Cela pourrait se faire de la façon suivante une fusion des quelque 400 complémentaires (les vraies mutuelles) qui pourraient fonctionner comme la Sécurité sociale à savoir "on paye selon ses moyens et on reçoit selon ses besoins". Les prestations seraient les même pour toutes, ce qui faciliterait l'intégration de celle-ci dans une Sécu universelle. Bien sûr cela nécessite un rapport des forces et une volonté politique qui n'existe malheureusement pas ni chez les dirigeants des mutuelles, ni chez les élus .

 Selon moi, la vraie question est " l'homéopathie et les cures thermales sont-elles efficaces ? Si oui il n'y a aucune raison de ne pas les prendre en charge. Sinon elles ne font plus partie du système. De même pour les médicaments, il faut revenir sur la notion de médicaments de confort qui n'a jamais eu aucun sens tant il est vrai que c'est confortable de ne pas être malade. Un tri doit donc s'opérer. Nous avons les outils pour cela : les hôpitaux universitaires, les facs de pharmacie, l'INSERM, le CNRS, tous organismes publics. Un principe le simple : ou un médicament est utile et il est pris en charge à 100 % ou il est inutile, voire dangereux, et il faut cesser de le produire. Bien sûr, pour réaliser cela il faut que les laboratoires pharmaceutiques échappent au système marchand. Il conviendrait donc dans un premier temps de les nationaliser sans indemnisation (ils se sont assez goinfrés comme cela). Ensuite, transformer cette nationalisation en propriété sociale, à l'instar de la Sécurité sociale, sans PDG, sans actionnaires, sans épargne et....ça marche !

Ensuite, selon le professeur il faut évidemment voter des budgets à l'équilibre. Jusqu'en 1995 on se passait du vote du budget. En tout cas, ça n'est pas à l'Assemblée nationale de s'occuper de cela. Les députés feraient mieux de faire respecter les lois, de traquer les fraudeurs fiscaux, de contrôler le gouvernement . Il faut se rappeler que la sécurité sociale organismes de droit privé avec mission de service public avait le statut des mutuelles. La première grande victoire du patronat a été de faire en sorte que la Sécurité sociale ne décide pas des taux de cotisations. On élirait des conseils d'administration,  à la proportionnelle sur listes syndicales de salariés (uniquement), les patrons n'ont rien à faire dans la gestion de notre salaire socialisé. Ces conseils d'administration investis des prérogatives nécessaires décident chaque année du montant des cotisations. Ainsi nul besoin de caisses de recouvrement de la dette qui emprunte sur les marchés financiers. La Sécu ne doit pas enrichir les banquiers.

Dans une sécurité sociale universelle, ce pourrait être sous la forme d'une cotisation unique, globale versée par l'entreprise pour les quatre branches de la Sécurité sociale (de nouveau unifiée) : maladie qui comprendrait la dépendance, accidents du travail et maladies professionnelles, vieillesse, famille auxquelles on pourrait ajouter ce qui était prévu :  le chômage.
En 1946 Ambroise Croizat, au cours d'un discours sur la Sécurité sociale, disait : « il faudra bien que la France se décidât à avoir un jour, que j'espère prochain, une assurance contre le chômage »
(1).

Voilà ce que pourrait être une Sécurité sociale en 2017. Et que l'on ne me dise pas que c'est impossible. Ce qu'on réalisé nos anciens dans une France dévastée par 4 années de guerre était juste impossible et ils l'ont fait.

Avec un PIB qui a été multiplié par 7,5 en valeur entre 1950 et 2015, nous devrions faire beaucoup mieux. Comme le rappelle Bernard Friot dans le film "La sociale" : "Aujourd'hui, nous avons bien plus de tremplins que n'en avait Croizat en 1945, et qui n'attendent que notre détermination politique, et que notre enthousiasme collectif  ".

Michel Cialdella

 

 

1 - à l'Assemblée nationale constituante séance du 8 août 1946.

 

mardi 20 décembre 2016

Quand F. Fillon nous le fait à la Coluche...

 
 
 
Mon Edito sur le blog "Le virage humain"

Quand F. Fillon nous le fait à la Coluche

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mardi 15 novembre 2016

lundi 3 octobre 2016

Le Pape se mêle de ce qui ne lui regarde pas


Michel CIALDELLA
6, rue Joseph Bertoin
38600 Fontaine

Fontaine, le 3 octobre 2016

Madame la Ministre de l'éducation nationale.

http://www.najat-vallaud-belkacem.com/contact/

Ce jour le journal télévisé de FR3 informe : le Pape interpelle la France au sujet des manuels scolaires., Qui, selon lui, "propagent" la théorie du genre !

Vous lui avez répondu que c'était faux. Vous avez également accusé les milieux catholiques intégristes qui transmettaient au Pape de fausses informations.

Dois-je vous rappeler que vous êtes ministre dans une République laïque et que depuis 1905 existe la séparation de l'État et des églises. De ce faite vous auriez dû dire au Pape qu'il s'occupe de son culte et que les manuels scolaires de la France ne sont pas de son ressort.

Croyez, Madame la ministre, en mes sentiments laïques et républicains.

Michel Cialdella

dimanche 25 septembre 2016

La Cour des comptes a encore sévi

Alors que près d'un assuré sur cinq déclare avoir renoncé à des soins dentaires pour des raisons financières, la Cour des comptes préconise un meilleur remboursement par l'Assurance maladie et davantage d'encadrement de la profession. Dans le même temps son premier président, Didier Migaud, qui n'a pas de problèmes financiers, a appelé le gouvernement à "ne pas relâcher les efforts de maîtrise des dépenses" de l'Assurance maladie. Pour M. Migaud, il faut engager des économies supplémentaires pour ne pas ralentir "le nécessaire retour à l'équilibre financier" de la Sécu.

Pour lire la suite
L'édito de Michel
http://www.cgtsecu38.fr/spip.php?article1328

dimanche 4 septembre 2016

Entretien au journal "La tribune des travailleurs" du 20 juillet 2016

Entretien au journal "La tribune des travailleurs" du 20 juillet 2016


Michel Cialdella – Militant CGT / Isère.

 

1/ Cher Camarade, peux-tu tout d’abord te présenter à nos lecteurs en quelques phrases ?

 

Je n’ai pas fait d’études. J’ai fait un CAP de tourneur- ajusteur, en formation après le travail (APPS),  puis j'ai passé 20 ans dans la métallurgie. Sur les traces de mon père, je suis rentré à la CGT dès mon entrée au boulot à la DSN. Dès mon retour de l’armée, j’ai pris des responsabilités, délégué du personnel chez Bouvier. Chez Billaud, membre CE et secrétaire général du syndicat CGT de la métallurgie de Grenoble qui regroupait les PME de l’agglomération. En 1973, j'ai adhéré au PCF, dans la cellule de l'entreprise Billaud , où nous étions alors syndiqués à 95% à la CGT et il existait une cellule très active. Puis après la fermeture de la boîte et 11 mois de galères, j’ai pu rentrer au CNRS sur un poste de l'Université Joseph Fourier.. Je militais alors toujours à la CGT et au PCF. Je suis devenu administrateur élu de la Sécu en 1991, désigné par l’UD CGT de l’Isère. J’ai rempli ce mandat pendant 18 ans, mandat que j’ai remis à l’âge de 70 ans.

 

2/ Tu as pris l’initiative d’adresser une lettre ouverte à Manuel Vals, le 19 juin dernier, à la suite de la puissante manifestation du 14 qui a vu la classe ouvrière et la jeunesse se mobiliser massivement, avec leurs organisations syndicales et de façon très combative, pour exiger une fois de plus le retrait de la Loi travail. Peux-tu nous en résumer la teneur et l’intention ? Cette lettre ouverte circule sur les réseaux militants. Au-delà de ton indignation, que nous partageons, qu’attends-tu de cette diffusion ?

 

Nous avons subi une attaque antidémocratique de grande envergure, et j’ai eu un nouveau coup de colère. En diffusant cette nouvelle lettre, ce n’est pas la première, j’ai voulu indiquer que ces gens-là (Valls et son gouvernement)  ne sont pas nos chefs, … mais nos serviteurs. Même cette constitution antidémocratique postule que le peuple est souverain. Et des réponses que je peux recevoir à ce coup de gueule, car j’en reçois, certains reprennent cette lettre et la partagent.  Je n’ai reçu que peu de désaccord. Il s’agit bien d’agréger autour de cette initiative, à mon niveau également, et j’entends aussi dire aux lecteurs « Allez-y ! ».

Ce gouvernement et son « chef » n’ont aucune légitimité pour faire de telles « réformes », et il faut absolument condamner sa stratégie de laisser-faire qui n’a qu’un seul objectif : jeter le discrédit sur l’ensemble de la mobilisation contre la Loi Travail ».  

 

3/ Tu as pu recevoir l’appel pour la conférence de Mumbai, qui à l’initiative de camarades syndicalistes indiens, pose  la question de la reconstruction d’une Internationale digne de ce nom, inspirée de la Ière, … c'est-à-dire regroupant tous les courants du mouvement ouvrier, sur tous les continents. Que t’inspire ce type d’initiative ?

 

Sur le principe oui, je n’y suis pas opposé, mais … je ne suis pas sûr que ce soit la bataille à mener pour le moment. Par exemple, je pense plus urgent de lutter en France pour réunifier le mouvement syndical, enfin les confédérations ouvrières (et je ne pense pas à la CFDT pour cela) sur la base de ce qui peut les unir, comme la Charte d’ Amiens.

Selon moi, une internationale qui reposerait sur des organisations ouvrières faibles ne serait pas efficace. Nous avons des expériences anciennes et plus récentes dans ce domaine. Par exemple la CES dont je ne perçois pas l'efficacité.

 

4/ De la même façon, nous t’avons communiqué « l’appel des 1000 », dont je suis l’un des signataires, et qui se prononce pour la rupture avec l’Union européenne et avec la Vème République. Son objectif est de réunir une première conférence nationale de travailleurs et de jeunes, sur un terrain d’indépendance de classe,  pour organiser et agréger dans cet objectif.  Que peux-tu nous en dire ?

 

Depuis sa création, l'UE a fait la preuve de sa nocivité. De mon point de vue, nous ne la changerons pas de l'intérieur. Si nous ne faisons rien, nous allons vers l'implosion de cette structure, dans les plus mauvaises conditions, en lien avec la montée de l'extrême droite. Il est donc urgent de lancer des débats pour une sortie progressiste de cette Europe pour construire une Europe des peuples.

Il est urgent d'en finir avec cette Ve République et sa constitution monarchique. Cela passe par l'élection d'une constituante représentative du peuple. Les constituants n'étant élus que pour cela et ne pouvant prétendre à aucun mandat par la suite.

Je signe donc cet appel.

 

Nous ne résistons pas à l’envie de publier, en guise de conclusion à cet échange, un extrait de texte de Gracchus Babeuf  inclus dans la lettre ouverte à Manuel Valls : « Nos députés ne pourront avoir aucun droit qu’ils ne tiennent de nous, ne devront jamais s’en arroger de leur propre autorité. … Ils ne pourront jamais s’écarter de la lettre de leurs mandats. … Ils ne pourront pas se substituer leurs volontés individuelles à celles de leurs commettants. »

 

Propos recueillis par Yves Gerin-Mombrun / 9 juillet 2016.

 




dimanche 19 juin 2016

lettre au 1er ministre qui veut interdire les manifs



« Nos députés ne pourront avoir aucun droit qu'ils ne tiennent de nous, ne devront jamais s'en arroger de leur propre autorité… Ils ne pourront jamais s'écarter de la lettre de leurs mandats… ; Ils ne pourront pas se substituer leurs volontés individuelles à celle de leurs commettants. Ils seront tenus de rendre à ces derniers, par une correspondance suivie, un compte journalier des opérations de l'assemblée législative. Lorsqu'ils se trouveront dépourvus de pouvoirs suffisants… Sur certains objets, ils pourront en solliciter de leurs commettants et ne pourront voter que conformément aux instructions données par ceux-ci ». Gracchus Babeuf. (1)

****

Michel Cialdella, 6, rue Joseph Bertoin - 38600  Fontaine

Fontaine, le 19 juin 2016

 

Monsieur Manuel Valls, premier ministre
Hôtel Matignon
57 rue de Varenne - 75700 Paris SP 07
http://www.gouvernement.fr/contact/ecrire-au-premier-ministre

Monsieur le Ministre.

Il y en a assez de vos attaques contre ceux qui souffrent et qui luttent pour le progrès social. Assez de vous entendre insulter la CGT. En envisageant d'interdire les manifestations, vous n'êtes pas seulement hors-la-Constitution, mais vous vous trompez d'époque et de pays. Vous ne respectez pas le Peuple de France, qui pourtant vous a accueilli à votre arrivée d'Espagne. Sa classe ouvrière combative a su, dans les périodes sombres, Résister aux agresseurs, et n'est pas impressionnée par vos coups de menton. Le préambule  de 1946 annexé à l'actuelle  Constitution énonce que tout travailleur participe, par l'intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu'à la gestion des entreprises. Ce qui vous interdit d'imposer cette loi scélérate. Après cela vous invoquerez l'Etat de droit.
Le vrai gouvernement du pays n'est pas celui qui nous propose de telles lois... Le vrai gouvernement de la France ... non, ce n'est pas, ce ne sera jamais celui qui va en arrière ! Messieurs, il y a un abîme, en effet ; seulement, il n'est pas devant vous, il est derrière vous. Vous n'y marchez pas vous y reculez...disait très justement Victor Hugo
(2). Il est grand temps que l'ont vous rappelle que les ministres ne sont pas des chefs, mais des serviteurs. Pas des serviteurs du Medef, mais du Peuple.

Il est nécessaire que les citoyens, le monde du travail se réapproprient l'histoire, non pour adopter une démarche passéiste et régressive, mais pour se dire que dans un pays dont la richesse a décuplé, on peut se poser la question de la manière moderne de construire des politiques sociales avec de grandes ambitions collectives, en terme de services publics, de protection sociale. Le programme du CNR nous montre aussi que l'on peut rassembler des forces sociales, économiques et politiques sur de tels projets. (3)

Mon père a adhéré à la CGT en 1943 dans la clandestinité, pendant que la bourgeoisie se vautrait massivement dans la collaboration avec les nazis. Cette bourgeoisie qui en 1936 criait "Plutôt Hitler que le Front Populaire". Aujourd'hui leurs descendants planquent, dans les paradis fiscaux, de l'argent, qu'ils nous ont volé !  En 1941, François Mauriac reconnaissait que seule la classe ouvrière dans sa masse était restée fidèle à la France profanée. Aujourd'hui vous réprimez leurs descendants en cassant leurs conquêtes et en les faisant charger par la police, dont la mission est pourtant de les protéger.
Et vous, qui, dans votre parti avez Cahuzac et ses comptes en Suisse, Thévenoud et sa phobie administrative,  Macron qui a sous-évalué une partie de son patrimoine (200 000 €) et qui est toujours ministre, vous voudriez faire payer par la CGT des dégâts qui relèvent de votre responsabilité ! Vous n'êtes donc pas qualifié pour donner des leçons. Si les casseurs étaient les payeurs, combien devriez-vous débourser pour la casse du Code du travail ?

L'économiste anglais Keynes voulait euthanasier les rentiers, vous, vous les perfusez ! Votre politique, après celle conduite par le gouvernement Sarkozy, nous conduit au Triomphe de la cupidité, pourrait dire ce bolchevik de Joseph Stiglitz. (4). Dans Le prix de l'inégalité, il rappelle que l'incapacité du marché à créer des emplois est le pire échec du marché et la plus grande source d'inefficacité. (5). Il serait temps d'en tirer quelques enseignements.

Sur France info, le 5 mai 2016, le secrétaire général du syndicat de policier majoritaire Alliance, Jean-Claude Delage, s'est interrogé sur les consignes reçues par les policiers pendant les manifestations. Il s'interroge notamment sur la passivité imposée aux forces de l'ordre lorsque des casseurs sont en action......et qu’ils doivent attendre une heure en face d’eux pour intervenir (…) on se demande bien pourquoi ?

Pour Alliance, la stratégie de laissez-faire du gouvernement n'a qu'un objectif, jeter le discrédit sur l'ensemble de la mobilisation contre la Loi Travail. Et ça n'est pas moi qui le dit !

Une violence ne semble pas vous émouvoir c'est celle engendrée par les conditions de travail qui, chaque année tuent 1081 personnes (558 par accident et 523 par Maladies Professionnelles) sans parler des suicides....

Dans la mémoire collective de la classe ouvrière, il est inscrit que c'est le socialiste Jules Moch qui a inventé les CRS pour matraquer les ouvriers qui osent s'affranchir des règles que le capital prétend leur imposer . Vous en êtes le "digne" successeur.

Cela fait beaucoup de raisons qui font que vous n'avez aucune légitimité pour faire de telles « réformes ». j'en ajouterais une autre : la représentativité. Vous voulez faire une réforme qui va toucher essentiellement des ouvriers et employés, or ils ne représentent que 3 % des élus à l'Assemblée nationale dans laquelle vous n'obtenez déjà pas de majorité. Imaginez avec une assemblée vraiment représentative du peuple de France. Cela suppose non seulement une élection à la proportionnelle intégrale, mais en plus par collège électoral. Ainsi, les ouvriers et les employés qui représentent le groupe le plus nombreux éliraient des ouvriers et employés.  Ainsi, pour toute les catégories  (employés, artisans, employeurs… Etc.). Là on peut commencer à parler de démocratie représentative.

J'ai 75 ans mais je lutterai jusqu'à mon dernier souffle pour que mes enfants et petits enfants ne subissent pas les reculs de civilisation que vous envisagez.

Michel CIALDELLA
militant CGT

 

 

1 - Gracchus Babeuf, Victor Daline, Editions du Progrès

2 - Victor Hugo - discours sur la liberté de la presse le 27 février 1880

3 - Serge Wolikow, historien - L'Humanité Samedi, 13 Mars, 2004.

4 - Le Triomphe de la cupidité. Joseph Stiglitz - prix Nobel d'économie - les liens qui libèrent - 2010.

5 - Le prix de l'inégalité - Joseph Stiglitz - les liens qui libèrent - 2012

lundi 30 mai 2016

On a les soutiens que l'on mérite !


Dans sa charge contre la CGT, Manuel Valls a reçu le soutien de Gattaz patron du Medef et de Gilbert Collard du Front National.

Dans le journal le monde du 26 mai, Pierre Gattaz déclare « Le sigle CGT est égal à chômage »... « Faire respecter l’Etat de droit, ajoute-t-il, c’est faire en sorte que les minorités qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes, ne bloquent pas tout le pays. (…) Quand le syndicat du livre-CGT empêche la parution de quotidiens au motif que ceux-ci ont refusé de publier le tract de monsieur Martinez, il me semble que l’on est dans une dictature stalinienne ». Rien que cela !

Gilbert Collard était l'invité des quatre vérités sur Antenne 2 le 30 mai 2016

« la CGT avec ses 3 %, si je ses affiches immondes, ces menaces, son comportement absolument antidémocratique, ces atteintes à la liberté de la presse : empêcher tous les journaux de sortir sauf l'humanité on n'a pas trop envie qu'elle continue à se comporter comme elle se comporte, entre nous ».

On a les soutiens que l'on mérite !

 

Une grande Dame


Contre la loi Travail, une rescapée d'Oradour refuse une distinction

Par solidarité avec le mouvement social contre la Loi Travail, Camille Senon, 93 ans, rescapée du massacre d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) en 1944, a refusé une distinction.

 

dimanche 29 mai 2016

Vous avez dit "dialogue social" ?




LES MOTS ONT UN SENS.

Il y en a marre d'entendre parler de "dialogue" social. Quel sens cela a de dialoguer avec nos adversaires de classe ? Moi je dialogue avec mes amis...

Ce n'est pas de dialogue dont nous avons besoin mais de négociations qui prennent en compte les légitimes aspirations des salariés qui sont les seuls producteurs de valeurs économiques, contrairement aux actionnaires et au grands patrons qui sont des prédateurs.

Ces actionnaires que la doxa néolibérale présente comme des investisseurs. Certes, ils investissent, mais pas en fonction des besoins de la population, en fonction du taux de profit espéré. Les sommes investies sont d'abord prélevées sur le travail des producteurs. En sommes comme le dit Bernard Friot, "ce fric ils nous l'ont d'abord piqué" ! Et trop souvent pour faire de l'argent avec de l'argent (le capitalisme financier). En 2013 cela représente  326 milliards €. Seulement, ces "revenus" financiers sont prélevés sur l'économie réelle, provoquant un immense gâchis. Par exemple, ils représentent 70% des dépenses de l'ensemble des régimes de base de Sécurité sociale.

Comment ne pas comprendre qu'une véritable guerre contre les salaires est engagée au niveau international. D'ailleurs c'est le milliardaire américain Warren Buffett qui le dit : « La guerre des classes existe, c'est en fait, mais c'est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter ». Efface à cette guerre qui nous est menée il faudrait dialoguer. Cela ferait rire si ça n'était pas nous les victimes.

Michel Cialdella
 



« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits est le plus indispensable des devoirs ».
Article 35 de la Déclaration des droits de l'Homme de 1793.

Michel Cialdella, 6, rue Joseph Bertoin - 38600  Fontaine

Fontaine, le 29 mai 2016

 

Monsieur Manuel Valls, premier ministre
Hôtel Matignon
57 rue de Varenne - 75700 Paris SP 07

http://www.gouvernement.fr/contact/ecrire-au-premier-ministre

À propos du déchaînement médiatique haineux envers la CGT auquel vous participez sans modération.

Mercredi 25 mai 2016, vous avez encore perdu une occasion de vous taire. Vous avez déclaré devant l'Assemblée nationale que le syndicat (entendez la CGT) « ne fait pas la loi dans ce pays ». Visiblement, l'Assemblée nationale non plus ! En effet, l'utilisation du 49 - 3 permettant au gouvernement de faire passer une loi contre la volonté des parlementaires dont c'est pourtant le rôle. Pour défendre cette pratique vous invoquez le fait que le 49 - 3 est constitutionnel ce qui n'est pas une garantie de démocratie.

Je vous rappelle que les gouvernements les plus réactionnaires (Pétain, Pinochet, Franco, Ben Ali) avaient également des Constitutions. Cela ne rend pas cette pratique démocratique et elle déshonore ceux qui s'en servent.

Rappel historique : le 10 juillet 1940, parlementaires et sénateurs avec une large majorité votent les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, instaurant en France un régime fasciste. Cela avec la complicité d'une large majorité de socialistes (seuls 36 ont voté contre).

Vous aurez beau invoquer le dialogue social et décréter que les actions des syndicats sont minoritaires, cette loi qui n'a pas la majorité ni dans votre propre camp ni dans le pays, n'a pas de légitimité.

"La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté générale ne se représente point .... Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle ; ce n'est point une loi ". (1).

Il ne faut point faire qu'il convienne aux lois, il vaut mieux faire en sorte que les lois lui conviennent (Saint Just)

La Constitution que vous appelez au secours postule à l'article 3 « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum ».

Si vous êtes sûrs de vous, osez le référendum !

Vous avez dit minoritaire ? Mais vous êtes ministre par la grâce d'un président élu par 39,08 % des inscrits (Chiffres du ministère de l'Intérieur). C'est-à-dire que plus de 60 % des inscrits n'ont pas voté pour François Hollande, vous êtes très mal placé pour donner des leçons de démocratie. Certes la loi permet que ce candidat soit élu, mais l'on est en droit de s'interroger sur sa légitimité surtout lorsque ce candidat ne respecte pas ses engagements.

Il est grand temps de changer cette constitution monarchique pour instaurer une véritable démocratie qui permettrait notamment de démettre les élus qui ne respectent pas leurs engagements.

Après cela on peut toujours proclamer que les autres sont minoritaires ! Autre remarque si l'on considère que les syndicats, vu le nombre de leurs adhérents ne seraient selon certains, pas représentatifs. Il faut appliquer à toutes les organisations le même critère. La CGT avec près de 700 000 membres a plus d'adhérents que l'ensemble des partis politiques (dont le vôtre) qui pourtant prétendent à être représentatif et qu'une constitution antidémocratique autorise à gouverner. Cela fait beaucoup !

Dans une démocratie, le minimum c'est que les parlementaires soient élus à la proportionnelle intégrale, de façon à représenter le peuple le mieux possible. Notons qu'à l'Assemblée nationale il y a seulement 3 % d'ouvriers, bien que ceux-ci soient les plus nombreux dans notre pays.

La violence et inacceptable ! Mais de quelles violences parlons-nous ?

En France chaque année plus de 500 personnes meurent suite à des accidents de travail. Plus de 400 suicides sont liés au travail. Que dire des 100 000 morts dus à l'amiante, véritable crime industriel (2). 70 % de ces ouvriers que vous méprisez lorsqu'ils luttent pour leur dignité, travaillent en contact avec des produits cancérigènes.

Pourtant le code de procédure pénale, article 221 – 5 énonce que « le fait d'attenter à la vie d'autrui par l'emploi ou l'administration de substances de nature à entraîner la mort constitue un empoisonnement. L'empoisonnement est puni de 30 ans de réclusion criminelle ».
La sociologue Annie Thébaud - Mony note dans son livre (2) : ceux qui ont une position de responsabilité dans les choix d'organisation du travail et de sécurité, conduisant à l'atteinte physique ou psychique du salarié ne font guère l'objet de comparution immédiate. Les mots qui désignent la mort les blessures au travail sont lourds de sens : on parle d'un accident et non d'un homicide ou de coups ou blessures. Et pourtant

De ces violences cela, il semble que vous vous en souciez moins que de la chemise d'un DRH.
Qui peut ignorer que la classe ouvrière et plus largement les salariés, n'ont d'autres choix que la lutte pour se défendre et conquérir de nouveaux droits. Dans cette France qui n'a jamais été aussi riche grâce à eux, où est-il écrit qu'ils ne devraient que subir ? Les intéressés savent lire et ont bien compris que, la loi dite "El Khomri était un recul de civilisation, n'en déplaise à la CFDT.

Votre projet de loi d'inspiration patronale a été élaboré par des gens qui comme vous même, n'ont jamais mis les pieds dans une entreprise, voudraient-ils subir ce qu'ils veulent pour les autres ?

Les malheureux sont les puissances de la terre ; ils ont le droit de parler en maîtres aux gouvernements qui les négligent disait Saint-Just. J'ajouterai : nous vous payons, et plutôt bien. Cela nous donne des droits, que dis-je, des exigences.

Michel CIALDELLA

 

1 - Du contrat social - Jean-Jacques Rousseau

2 - Travailler peut nuire gravement à votre santé (sous-traitance des risques, mise en danger d'autrui, atteinte à la dignité, violences physiques et morales, cancer professionnel.-Annie Thébaud - Mony, sociologue, directrice de recherche à l'institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

dimanche 8 mai 2016

La vérité sur Pétain


Ceux qui pensent encore que Philippe Pétain est le vainqueur de Verdun devrait lire
« La vérité sur l'affaire Pétain ». De l'historien Henri Guillemin.
Éditions utovie/h.g. 220 pages. 19 €

Ce livre, révélé par Philippe Guillemin, fils de l'historien, avait été publié à l'origine sous un pseudonyme pour des raisons de sécurité professionnelle, a été oublié pendant 50 ans ! Au moment où on banalise certaines thèses révisionnistes, où la complaisance pour une attitude douteuse le dispute à la servilité face aux montées de l'extrême droit en France, il est essentiel de bien comprendre que celle-ci n'arrive jamais par hasard au pouvoir. Mais qu'au contraire, c'est le résultat d'un long travail de préparation des esprits, de sa, de gangrène.
L'éclairage que nous apporte ici Henri Guillemin est plus qu'important : salubre.
(Quatrième de couverture).

Quelques extraits :

La chose est demeurée à peu près inconnue du grand public ; elle n'en est pas moins hors de discussion : par deux fois, en 1916, Pétain conseilla l'abandon de la rive droite de la Meuse ; par deux fois Joffre fut obligé de lui interdire ce repli désastreux. On comprend mieux alors ces lignes trop ignorées mais catégoriques du Maréchal Joffre dans ses mémoires : « Si l'histoire me reconnaît le droit de juger des généraux qui opèrent sous mes ordres je tiens à affirmer que le vrai sauveur de Verdun fut Nivelle ».

1918 maintenant. Pétain est entièrement opposé à toute stratégie offensive.… Au début de cette année 1918, on voit le général Pétain s'employer de toute son énergie à contrecarrer les desseins offensifs de Foch ; ...

Le 26 mars 1918, Poincaré consigne dans ses carnets ce que Clémenceau vient de lui apprendre : « il (Pétain) m'a dit une chose que je voudrais confier à aucun autre qu'a vous ; c'est cette phrase : « les Allemands battront les Anglais en rase campagne, après quoi ils nous battront aussi ».…

Pétain préparait un vaste repli des armées françaises vers le sud…

Toujours selon Poincaré dans ses carnets du 26 mars 1918 : « Foch me confirme ce dernier renseignement et me communique l'ordre de retraite donnée par Pétain » Foch est intervenu en hâte pour annuler ces instructions ruineuses. Mieux même. En cette fin de mars 1918, Pétain parle autour de lui de cesser le combat ; il estime la guerre perdue, la victoire, du moins, impossible. Du journal de Poincaré encore, sous la date du 27 mars 1918 : « Pétain a déclaré à Loucheur : il faudrait entamer des pourparlers de paix. Loucheur a consulté Foch, lequel a répondu : "c'est de la folie" ».

Le 31 mai suivant, attaques de Champagne n'ayant pas donné les résultats qu'on en attendait, Pétain, de sa propre initiative, prescrit un recul ; il est prêt à laisser à l'ennemi Verdun, la Lorraine, Nancy, la ligne des Vosges ; il fait donner par Franchet d'Esperey ordre d'évacuer Reims, ordre que Foch, de nouveau, devra annuler, et auquel, du reste, le général Micheler a refusé d'obéir....

En même temps, Pétain suggère à Clémenceau que le gouvernement, selon lui, doit se préparer à quitter Paris. Le 4 juin 1918, Pétain propose d'abandonner nos positions entre Dunkerque et Amiens et d'établir le front entre Amiens et la mer, sur la Somme ; ainsi commente Chadebec de Lavalade « le 4 juin 1918, exactement 44 jours avant la date où Foch va jeter les armées alliées dans une offensive irrésistible qui, en quatre mois, les conduira à la victoire, il s'est trouvé un général en chef français pour proposer l'abandon spontané des dernières parcelles de la Belgique libre, de Dunkerque, d'Arras, de Doullens, de toute la côte française au nord de la Somme, et pour envisager l'abandon, à la première alerte, de Verdun, de Nancy, des Vosges et de toute l'Alsace ».

Le 15 juillet, les Allemands attaquent. « Pétain…, concède aussitôt la victoire à l'adversaire ». Le même jour, en effet, 15 juillet 1918, à 10 heures, malgré les instructions formelles de Foch interdisant de modifier la répartition des réserves en vue de l'opération offensive qu'il méditait, Pétain donne à Fayolle l'ordre d'arrêter la préparation de l'entreprise. Et encore une fois Foch doit réparer cette intervention déplorable....

En septembre 1918 enfin, à deux mois du triomphe, on verra Pétain s'efforcer de peser sur l'esprit de Foch pour interrompre l'offensive en cours et la suspendre au moins jusqu'au printemps.

En résumé on peut conclure… qu'à quatre reprises, en 1918, le général Pétain a failli faire perdre aux alliés la guerre-
-une première fois, au début de l'année, lorsqu'il s'opposa à toute idée d'offensive dans les mois à venir et combattit le projet d'un commandement unique
-une seconde fois, à la fin de mars, lorsqu'il se résignait très aisément, à la rupture du front franco-britannique
-une troisième fois, quand il proposait (31 mai) l'évacuation de Paris et (4 juin) l'abandon de Dunkerque, d'Arras
-une quatrième fois le 15 juillet, quand il s'efforça d'arrêter net la contre-offensive prévue est ordonnée par Foch.

Sa gloire majeure, s'il faut en croire Paul Valéry dans le discours qu'il lui adressa lors de sa réception à l'Académie française, le 22 janvier 1931, serait moins encore d'avoir « sauvé Verdun » que d'avoir rétabli l'ordre dans l'armée après les mutineries du désespoir qui marquèrent la dure année 1917. On sait qu'en effet, à cette date Pétain fit fusiller un certain nombre de soldats (français). Ils étaient coupables de penser comme lui..

Vous avez dit " vainqueur de Verdun !"

samedi 23 avril 2016

Les conquêtes du Front populaire ont 80 ans ctte année

Cette année on fêtera (peut-être) les conquêtes de 1936.
Mon père nous disait...


" Si l'on écoute le patronat et les forces conservatrices, le progrès social, ça n'est jamais possible, ça n'est jamais le moment ".
Voici son témoignage :

...
« Avant les grandes luttes de 1936, il y avait un chômage massif Mon père travaillait 5 heures par jour chez Bouchayet-Viallet à Grenoble. Son salaire horaire était de 2,50 francs. La vie était dure et le patronat pleurait misère. Puis ce furent les grandes grèves ( 5 millions de grévistes ) avec occupations d'usines, la CGT réunifiée et puissante, le front populaire...
L'impossible devint réalisable, ce fut la semaine de 40 heures, des augmentations de salaire de 15 à 20%. Mon père vit son salaire horaire passer à 3,35 francs soit plus 30%. Il travailla alors 8 heures par jour ! Il y eut les 15 jours de congés payés, les délégués du personnel élus par les travailleurs.
Toutes ces avancées, inscrites dans la mémoire collective des militants de la CGT, ont été obtenues sans contrepartie pour le patronat. Cependant les congés payés qui, selon le patronat, devaient provoquer la faillite du pays ont permis le développement de l'industrie du tourisme.
Lorsque les salariés prendront de nouveau confiance en leur force de nouvelles avancées deviendront possibles. »


Nicolas CIALDELLA
en 2000, il a alors 80 ans

samedi 16 avril 2016

Lettre à F. Hollande du 15 avril


Michel Cialdella
6, rue Joseph Bertoin
38600  Fontaine.

 

« Je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu'on peut détruire la misère. Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la misère ! Oui c'est possible. Les législateurs et les gouvernements doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n'est pas fait, le devoir n'est pas rempli ».


Victor Hugo, le 9 juillet 1849.

 

 

A monsieur François Hollande
Président de la République Française
Palais de l'Elisée
55, rue du Faubourg St Honoré
75008 Paris

http://www.elysee.fr/ecrire/

 

Fontaine, le 15 avril 2016

 

Monsieur le Président de la République

Hier soir j'ai pris sur moi de regarder l'émission, car au bout de quatre ans de réformes catastrophiques pour les salariés. Je ne m'attendais pas à un quelconque miracle. L'émission intitulée Dialogue Citoyen a invité ce qu'ils ont appelé un panel de quatre personnes loin d'être représentatives du peuple. Nadine Hourmant, déléguée Force Ouvrière chez Doux avait été choisie pour vous poser des questions. Elle a été retirée de la liste des invités. L'Élysée n'y est pour rien ? Les syndicalistes ne sont-ils pas considérés comme des citoyens ?

D'emblée vous avez déclaré avoir affronté des choses terribles. Que devraient dire tout ceux que votre politique a plongés dans le chômage, la précarité et la misère ?

Vous prétendez moderniser le pays et conserver notre modèle social. Selon vous aujourd'hui ça va mieux. Franchement, le chômage est au plus haut, les salaires sont au plus bas, la sécurité sociale ne permet plus l'égalité des soins puisque 30 % de la population renoncent à tout ou partie des soins. Vous avez fait reculer l'âge de la retraite.  Les fermetures d'hôpitaux, les privatisations de services publics, les entreprises qui délocalisent, etc.....Et cela dans un pays qui n'a jamais été aussi riche !

Selon les branches professionnelles, à qualification égale les femmes ont des salaires inférieurs de 18 à 27% à ceux des hommes. Elles occupent majoritairement les emplois à temps partiel non choisis.

Vous avez placé les allocations familiales sous condition de ressources, ce qui n'est pas une mesure de justice sociale. Pierre Laroque ancien directeur général de la Sécurité sociale et non pas le père de celle-ci disait : « avec les conditions de ressources, on a introduit dans la législation un élément d’assistance qui répugnait aux législateurs de 1945 – 1946 » .

De plus, cela n'a rien rapporté aux familles les plus modestes. À l'origine les allocations familiales étaient prises en charge par des cotisations d'entreprise. Vous avez poursuivi une fiscalisation des recettes. C'est-à-dire que comme pour la prime d'activité ce sont les impôts qui financent ce qui était un salaire socialisé. Il faut rappeler ici que le budget de l'État est financé à 80 % par les seuls salariés.

Vous avez décidé de l'instauration obligatoire d'une complémentaire santé, prise en charge à parts égales entre l'entreprise et le salarié. Sous des apparences de justice sociale, c'est une atteinte de plus à la Sécurité sociale. Rappelons ici que la Sécurité sociale est beaucoup plus performante et économique que les complémentaires dont le coût de fonctionnement est au moins trois fois supérieur à celui de la Sécurité sociale.

Dans les entreprises où il n'y a pas de syndicat ce sont des patrons qui choisissent la complémentaire qui leur convient le mieux, c'est-à-dire la plupart du temps, une assurance privée bien que plus coûteuse et moins efficace que la Sécurité sociale que vous prétendez défendre. Après ces quelques exemples, déclarer que "ça va mieux" est pour le moins scandaleux, d'autant que vous ajoutez : « je vais poursuivre ». Alors là je dis non, arrêtez le massacre !

Selon vous, les aides aux entreprises seraient des aides aux salariés. En réalité ce genre d'affirmation ne trompe pas grand monde et il relève de l'enfumage. Ceux qui ont fait un peu d'économie savent que les milliards déversés sans contrôle aux entreprises, au nom de l'emploi, n'ont en réalité qu'un seul but remonter le taux de profit, et engraisser les actionnaires. En France, les sociétés du CAC 40 versent bon an mal an 40 % de leurs bénéfices aux actionnaires. Sur l'ensemble des entreprises non financières, les dividendes représentent 13 % de la masse salariale en 2009, contre 4 % au début des années 1980 (1).

Pour les actionnaires tout va bien, pour eux, ne changez rien.

Source : Blog de Christian Chavagneux, le 10 mars 2014.

Comme si tout cela ne suffisait pas, vous et votre équipe avez entrepris la destruction du Code du travail fruit d'un siècle de lutte ouvrière. Conçu pour protéger les travailleurs, la loi "Medef - El Khomri - Valls - Macron - Hollande" en fait une arme de guerre contre le salaire.

Élaborée, nous dit l'Article 1er,  par une commission d' "experts", c'est-à-dire des gens qui n'ont jamais mis les pieds dans une entreprise (pour y travailler). Cette loi travail dont 80 % des salariés ne veulent pas est conçu dans le seul intérêt de l'entreprise, c'est-à-dire du patronat. En témoigne l'enthousiasme de Monsieur Gattaz. Ce ne sont pas les quelques modifications à la marge qui changent quelque chose. D'ailleurs les jeunes ne s'y sont pas trompés. Ces modifications font penser à la célèbre réplique du "Guépard" : « Il faut tout changer pour que rien ne change ».

Le texte contient des formulations "bizarres" comme à alinéa 14 de l'Article 1er , : « Le contrat de travail peut prévoir une période d'essai d'une durée raisonnable ». Qu'est-ce qu'une durée raisonnable ? Cela pourrait faire sourire si les salariés n'en étaient pas les victimes.

Vous affirmez « Je poursuivrai jusqu'au bout, la loi ne sera pas retirée ». C'est faire peu de cas du vote des députés, et quel mépris pour le peuple !

Concernant l'affaire Panama Papers, vous évoquez les excès du capitalisme. Mais pas du tout, il s'agit là de la logique même du capitalisme. La finance n'est pas un parasite ni une dérive, mais une composante permanente du capitalisme (1).

Que cela plaise ou non, Marx est toujours d'actualité !

« D'un côté, les orgies éhontées de l'aristocratie financière, de l'autre, la lutte du peuple pour les denrées de première nécessité » (2).

Ce n'est pas la fuite en avant dans le libéralisme qui va régler les problèmes que les salariés rencontrent. Comme l'écrivait déjà en 2003 Guillaume Duval : le libéralisme n'a pas d'avenir. (3)

Comme disait Saint-Just : « Il ne faut point faire qu'il (le peuple) convienne aux lois, il vaut mieux faire en sorte que les lois lui conviennent ».

Sachez qu'une démocratie qui n’a pas de base de consentement dans le peuple n’est pas une véritable démocratie.(4).

Si par inadvertance j'ai pu voter pour vous, sachez que cela ne se reproduira plus.

Michel Cialdella
Citoyen en colère

 

 

 

 

1 - Michel Husson économiste.

2 - Les luttes de classes en France - Karl Marx - 1848.

3 - Le libéralisme n'a pas d'avenir. Guillaume Duval. Édition la découverte. 2003.

4 - Eric Hobsbawm. Historien dont les ouvrages historiques ont été traduits en une trentaine de langues.