mardi 19 mai 2009

Lettre ouverte à Frédéric Lefèbvre


"Où se trouve le représenté il n'y a plus de représentant"
Jean-Jacques Rousseau.

Fontaine, le 1er février 2009.

Monsieur Frédéric LEFEBVRE, porte parole de l’UMP.
www.fredericlefebvre.com/index.php?section=contact

Vous avez suggéré que des syndicalistes qui "n'appliquent pas la loi" " abusant du droit de grève" soient privés de "responsabilités syndicales" envisageant même le recours au pénal. Notons au passage que vous et vos amis politiques vous voulez dépénaliser les affaires...
Plutôt que d'entendre les revendications des salariés vous préférez vous en prendre aux syndicats « ceux qui ne plaisent pas au patronat » comme le chante Jean Ferrat. En fait vôtre modernité consisterait à revenir avant 1864 où la grève était un délit.
Avant de vous en prendre à ceux qui osent relever la tête balayez donc devant votre porte.

La loi Le PORS stipulait que tout emploi permanent dans la fonction publique était un emploi de fonctionnaire. Cette loi n'a jamais été appliquée ni par la « gauche » encore moins par vos amis politiques. Jugée trop avantageuse pour les salariés la droite l'a modifiée en 2007 considérant toutefois qu'il ne soit possible de " recruter des agents non titulaires pour occuper des emplois permanents que pour assurer le remplacement momentané de titulaires".
Or la fonction publique recrute massivement et pour des emplois permanents des personnels non titulaires précarisés et sous-payés. Ni ce gouvernement ni ses prédécesseurs n'ont respecté cette loi.
Plus grave vous vous vous asseyez sur la Constitution Française.
Quelques exemples :
Dans le préambule de la constitution de 1946 annexé à l'actuelle constitution, il est inscrit que :
- chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi. Et notre pays compte des millions de chômeurs.
- Tout travailleur participe, par l'intermédiaire de ses délégués, à la détermination collective des conditions de travail ainsi qu'à la gestion des entreprises. Et on licencie et délocalise à tour de bras.
- Tout bien, toute entreprise, dont d'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité. Et vous privatisez.
- Elle (la nation) garantit à tous... La protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs. Et vous cassez notre système de protection sociale.
- La nation garantie l'égal accès de l'enfant et des adultes à l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture. Vous fermez des écoles et supprimez des emplois dans l'éducation nationale.
- la République française n'entreprendra aucune guerre dans les vues de conquête et n'emploiera jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple. Et vous intervenez en Afghanistan, sans parler des guerres coloniales.
Quant à la "Déclaration des droits de l'homme et du citoyen" également annexée à notre constitution. C'est la même chose.
Dès l'article 1 vous avez tout faux :
- les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
article 6:
- La loi est l'expression de la volonté générale. ... Elle doit être la même pour tous...
C'est bien parce que vos récentes lois appelées également "réformes" ne sont pas l'expression de la volonté générale qu'elle mette autant de monde dans la rue. Et voulez n'y voir une manifestation d'inquiétude. Mais vous n'avez rien compris ou pire fait semblant de ne pas entendre s'exprimer les exigences des gens qui vous font vivre. Car je rappelle que nous vous payons ! Quant à la loi la même pour tous...
article 11 :
-La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.
Un militant communiste qui vendait "L'Humanité dimanche" sur un marché est verbalisé par la police pour « vente de marchandises sans autorisation ». Voilà bien vôtre conception de la démocratie : la presse notamment celle d'opinion est une marchandise.
Ces pratiques sont scandaleuses mais parfaitement cohérentes avec la mainmise président de la République sur l'audiovisuel public.
Au chapitre des libertés : un inspecteur du travail est mis en examen pour, selon la direction, s'être invité à un comité d'établissement d'un laboratoire de cosmétologie. Alors qu'aucun texte ne l'interdit.
article 5.
Tout ce qui n'est pas défendu par la loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.
C'est clair ! Non ?
Je pourrais également évoquer les parlementaires. S'ils sont élus légalement (du point de vue du droit français) on peut discuter de leur légitimité de représentants du peuple. Pour représenter le peuple il faut le représenter tel qu'il est. Dans ce cas de figure seule une élection à la proportionnelle peut le faire et non pas ce scrutin de voleurs qui fait que tout le monde n'est pas représenté. De ce point de vue les députés ne sont pas plus légitimes voire moins que le peuple dans la rue. Comment penser que 500 personnes mal élues comptent plus que 2 millions et demi de personnes ?
Lorsque les salariés sont en grève on leur retient du salaire. Lorsque des députés sont absents ils sont payés quand même. Cela ne les a pas empêchés de se voter une protection sociale de haut niveau juste après avoir massacré les régimes spéciaux des salariés.
Je pourrais également évoquer toutes les magouilles politiciennes qui si elles ne sont pas générale touchent tout de même beaucoup de monde.
Le patronat également malgré les détournements comme c'est le cas à l'UIMM qui a détourné des millions sur le dos des métallurgistes...Il n'est pas tellement inquiété....
Tous ces dirigeants notamment des banques qui nous ont "foutu dans la merde" ne sont pas sanctionnés, continuent de percevoir de fortes rémunérations et l'argent public renfloue les banques sans aucune contrepartie, sans aucune garantie qu'ils ne recommencent pas !
Notre démocratie est malade de la démission du peuple et certainement pas de ceux qui luttent. Je rappelle qu'en démocratie les élus sont nos obligés et non pas nos chefs.
je suis un vieux militant syndical et au cours de ma vie (j'allais dire ma carrière...) j'ai été licencié pour raisons syndicales mais je n'ai jamais licencié un patron. Comme quoi l'égalité proclamée par la Constitution française reste à conquérir.
Je vous demande de démissionner de vôtre mandat de député car vous n'êtes pas digne de représenter le Peuple que vous méprisez.
Je ne vous salue donc pas.
Michel Cialdella

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