Qui sont les barbares ?
Une vidéo sur le
net où l'on voit le cinéaste ou l'on voit le cinéaste René Vautier, né le 15
janvier 1928 et mort le 4 janvier 2015. Né d'un père ouvrier et d'une mère
institutrice, il mène sa première activité militante au sein de la résistance
en 1943, alors qu'il est âgé de 15 ans, ce que lui vaut plusieurs décorations.
Il est décoré de la croix de guerre à 16 ans, est cité à l'ordre de la nation
par le général De Gaulle pour faits de résistance en 1944.
Il lit des
documents de la bibliothèque nationale. J'ai recopié l'intégralité du discours.
http://www.noorinfo.com/Documentaire-Qui-sont-les-barbares_a11560.html
Voici le texte
René Vautier donne
lecture de documents pris à la bibliothèque nationale à Paris. Des témoignages
des conquérants de l'époque des conquérants français. D'abord des extraits du
bréviaire qu'on avait remis aux officiers et aux soldats qui s'en allaient en
Afrique. Cela s'appelait "Aperçu historique, statistique et
topographique sur l'état d'Alger".
« Ces contrées
sont des terres vacantes abandonnées aux mauvaises herbes par la paresse et
l'indolence des Maures. Les femmes du pays sont livrées, par la paresse des
Arabes, qui passent toute leur vie à fumer, à la turpitude de mœurs extrêmement
relâchées. Elles n'ont pas de religion, beaucoup doutent qu'elles aient une âme
immortelle et croient qu'elles ne sont faites que pour la reproduction. Le
climat aidant les femmes sont nécessairement disposées au plaisir. Alors
allez-y des terres vacantes et des femmes consentantes qui n'attendent que les
soldats français ».
Et puis, à côté,
j'ai vu d'autres documents qui marquent l'étonnement des officiers français qui
débarquaient en Afrique.
C'est "Campagnes
d'Afrique en 1830" par un officier du corps expéditionnaire : « Cette
terre qu'on avait présentée comme sauvage, inhabitée et couverte de jolies
maisons de campagne, entourée de jardins. Toutes sont bâties sur des hauteurs
dont les mouvements onduleux contrastent avec l'aridité des côtes de Provence.
La végétation y est superbe et partout des sources et des courants d'eau
fécondent la terre. Les fruits y sont en abondance. Un grand nombre d'aqueducs
amène les eaux jusqu'à la capitale ».
Et le
Maréchal Bugeaud lui-même :
« j'ai reconnu
que l'Algérie produit beaucoup de grains et une immense quantité de bétails.
L'immensité des terrains ensemencés atteste de l'existence d'une population
beaucoup plus nombreuse qu'on ne le pensait ».
Le commandant Claude -Antoine Rozet :
Dans « Voyage
dans la régence d'Alger » en 1833. « Presque tous les hommes savent
lire et compter. En France on compte à l'époque 40 % d'analphabètes. Ainsi les
soldats qui débarquent sont en général moins instruits que les sauvages qu'ils
viennent civiliser. ». 2
Le ministre de la guerre de l'époque qui
s'appelait Girard : « Il faut se résigner à refouler au loin à
exterminer même la population indigène. Le ravage, l'incendie, la ruine de
l'agriculture sont peut-être les seuls moyens d'établir notre domination ».
Savary duc de Rovigo : « Apportez des têtes, des têtes, bouchez les
conduites d'eau avec la tête du premier Bédouin que vous rencontrerez. » Au
nom, bien sûr, de la civilisation.
Christian dans
l'Afrique française : « Un détachement de l'armée parti d'Alger, surprend la
tribu désarmée des Olifias et massacre sur-le-champ tous les hommes toutes les
femmes, enfants sans distinction. On parlera de 12 000 morts. Les troupes pour
rafler aux Olifias seront vendues au consul du Danemark. Quant au reste du
butin, il fut exposer au marché de Babazoune. On n'y voyait des bracelets de
femmes encore attachés à des poignées coupées et des boucles d'oreilles pendant
à des lambeaux de chair ». Au nom de la civilisation.
Le colonel François De Montagnac : « selon moi toutes les populations qui
n'acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris saccagé
sans distinction d'âge et de sexe. L'herbe ne doit plus pousser où l'armée
française a mis le pied. ».
Saint Arnaud.
Il était commandant et c'était aussi un mari très attentionné il écrit à sa
femme « Chère Louise, je suis bivouaqué par une chaleur de 40° au milieu de
20 villages superbes qui ne se sont jamais bien soumis. Je leur ai donné
jusqu'à ce soir pour payer les impôts et les amendes que je leur inflige. S'il
ne s'exécute pas j'enverrai trois colonnes brûler tout ».
En juin 1845, la tribu des Zouled Rira, chassés de ses
douars par les détachements incendiaires du colonel Pélissier, se
réfugie dans des grottes de montagne. Ordre du maréchal Bugeaud : « si ces
gredins se retirent dans leur caverne imitez Cavaignac au Sbéras, fumez-les à
outrance comme les renards ».
Voici le
récit d'un témoin, français, bien sûr
: " Voir au milieu de la nuit à la faveur de la lune un corps de
troupes françaises occupé à entretenir un feu infernal, entendre les sourds
gémissements des hommes, des femmes, des enfants et des animaux. Le craquement
des rochers calcinés s'écroulant. Le matin quand on chercha à dégager l'entrée
des cavernes gisaient des bœufs, des ânes, des moutons. Parmi les animaux
entassés, sous eux ont trouvait des hommes des femmes et des enfants. J'ai vu
un homme mort le genou à terre, la main crispée sur la corne d'un bœuf. Devant
lui été une femme tenant son enfant dans les bras. Cet homme avait été asphyxié
au moment où il cherchait à préserver sa famille de la rage de cet animal. On a
compté 760 cadavres".
Le 8 mai 1845, Saint Arnaud découvre 500
Algériens qui s'abritent dans une grotte entre Ténès et Mostaganem. Saint
Arnaud ordonne à ses soldats de les emmurer vivant. Il écrit : « je fais
boucher hermétiquement toutes les issues et je fais un vaste cimetière. La
terre couvrira à jamais ces cadavres de ces fanatiques. ». C'est à peu près
ce qu'on dit les Allemands en massacrant le village d'Oradour-sur-Glane.
Montagnac,
toujours lui, le colonel : « voilà comment il faut faire la guerre aux
Arabes : tuer tous les hommes jusqu'à l'âge de 15 ans. Prendre toutes les
femmes et les enfants. Vous me demandez ce que nous faisons des femmes que nous
prenons ? On en garde quelques-unes comme otages, les autres sont échangées
contre des chevaux, et le reste est vendu à l'enchère comme bête de somme ».
Toujours au nom de la civilisation.
« Nous rapportons un plein baril
d'oreilles récoltées paire a paire sur les prisonniers. Il contient même il
contient même celle d'un de nos 58 gendarmes morts d'une maladie, de pièces de
cent sous ne sont pas à dédaigner ».
Le Maréchal Soult ministre de la guerre,
répondant à des questions à la chambre des députés : « En Europe un tel acte
serait horrible et détestable, en Afrique c'est la guerre même ».
C'est la guerre même, c'est du moins ce que dit le
ministre français. Mais en face voici un décret pris par l'émir des Arabes, l'émir
Abdelkader : « Tout arabe qui amènera vivant un soldat français recevra
pour récompense la somme de huit douros. Tout arabe qui aura un Français en sa
possession sera tenu de le bien traités et de le conduire le plus promptement
possible soit devant le califat, soit devant l'émir lui-même. Dans le cas où le
prisonnier aurait à se plaindre de mauvais traitements, l'arabe n'aura droit à
aucune récompense. ».
A la lecture de ce décret, question d'un soldat
algérien « Quelle récompense pour un prisonnier vivant ? » L'émir répond
"8 douros". "Et pour une tête coupée ?"
L'émir répond "25 coups de bâton sur la plante des pieds".
De quel côté était la civilisation ?
René Vautier :
« J'ai donc fait ce film, avec les citations, des dessins et gravures qui
étaient à la Bibliothèque nationale à Paris et j'ai proposé le film à la ligue
de l'enseignement, pour qu'il soit projeté dans les lycées et collèges de
France et de Navarre. La ligue de l'enseignement l'a refusé avec cette
appréciation : « quoi que très correctement réalisé et basé sur des
documents indiscutables, ce film va à l'encontre de toutes les idées qui
servent de base à l'enseignement de la pénétration française en Afrique du
Nord, ce qui rend sa diffusion impossible ».
C'était reconnaître que
l'enseignement n'avait pas pour but l'éducation. C'est-à-dire l'ouverture vers
les réalités, mais l'endoctrinement au service d'une idée politique. Ici le
colonialisme