vendredi 27 juillet 2018

L'Homme du jour





C’est un acte de courage qui vaut tous les saluts du monde. Cinq jours après que la Knesset a voté une loi fondamentale et levant Israël au rang d’« État-nation du peuple juif », le grand chef d’orchestre argentino-israélien Daniel Barenboïm a voulu, le temps d’une tribune, troquer sa baguette légère pour une plume acérée : « aujourd’hui, j’ai honte d’être israélien », écrit-il dans un édito paru mardi dans le quotidien israélien Haaretz. Le musicien y dénonce une loi allant à l’encontre des principes fondateurs de la déclaration d’indépendance d’Israël. Ce texte, de 1948, assurait « une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous les citoyens israéliens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe », rappelle le chef d’orchestre. « Nous avons maintenant une loi qui confirme que la population arabe constitue une classe de citoyens de deuxième classe. Nous sommes donc face à une forme particulièrement claire d’apartheid », appuie-t-il avant de poser une question lourde de sens : « pouvons-nous désormais ignorer le fossé entre l’idée et les réalités d’Israël ? ». Cet humaniste qui a toujours mit ses paroles en musique c’est de quoi il retourne. Pour rappel, l’actuel directeur de la musique à la Scala de Milan et à l’opéra de l’État de Berlin a, en 1990, fondé avec le professeur de littérature américain Edward Said l’orchestre du divan occidental-oriental. Cette formation, composée de jeunes musiciens israéliens et palestiniens, est basée à Séville, en Andalousie. Une Jérusalem musicale aux antipodes de celle imaginée par Benyamin Nétanyahou.
Stéphane Auboulard. L’humanité du jeudi 26 juillet 2018.


jeudi 19 juillet 2018

Irresponsabilité



Irresponsabilité.
Faut-il en rire ou s'en désespérer ? La servilité face à leur maître des députés de la Macronie, qui vantent, après l'avoir combattue, la possibilité offerte demain au président-monarque d'avoir le dernier mot au congrès face aux représentants de la nation, montre le degré d'abaissement du Parlement auquel conduit le régime actuel des institutions. Nul besoin d'en rajouter en permettant de piétiner jusqu'au bout la séparation des pouvoirs. Après avoir contraint les élus à écouter aux gardes-à-vous le discours du trône, l'omnipotence du chef de l'État serait ainsi consacrée, en même temps que son irresponsabilité, puisque le congrès n'aurait nuls moyens de le censurer. C'est ce qui se profile si la bien nommée majorité présidentielle entraîne par son vote le Parlement tout entier à se saborder lui-même en cédant aux désirs de l'Élysée.

Dans quelle démocratie au monde le président de la République réunit-t-il le pouvoir législatif pour lui annoncer qu'il amende de son propre chef un projet de loi constitutionnelle en vue d'élargir ses pouvoirs ? À part, peut-être, dans la Turquie d'Erdogan, cela n'existe pas. Et Emmanuel Macron féminine de s'étonner du reproche qu'on lui ferait de « respecter la constitution » en convoquant le Parlement une fois l'an à Versailles. Qu'il n'enfreigne pas la loi fondamentale, c'est bien le moins ! Le problème est, bien entendu, ailleurs : il réside dans la fuite en avant présidentiel est entamé avec la constitution de 1958, et poursuivie par la réforme du quinquennat présidentiel en 2000, puis par la révision sarkozyste voter de justesse par le congrès, il y a 10 ans.
Au moins le texte fondateur de la Ve République avait-il été approuvé par référendum. Ce n'est pas la voie choisie par Emmanuel Macron qui, comme Sarkozy en 2008, préfère mener des tractations de couloirs au Parlement. Comme quoi, on peut aspirer à devenir monarque absolu et s'accommoder du « régime des partis » qu'on fustige quand il s'agit de contourner le peuple.
Sébastien Crépel, éditorial de l'Humanité du 19 juillet 2018.

lundi 9 juillet 2018

le défi



La réponse de l'attaché parlementaire de Madame Emilie Chalas 
députée de la 3e circonscription de l'Isère
Et mon défi 


Monsieur Cialdella, 

Nous avons bien reçu votre courrier et ne manquerons pas de le porter à la connaissance de votre députée. 

Nous avons bien noté vos remarques sur les sujets évoqués dans votre courrier et regrettons que vous n'ayez pas souhaité profiter de l'occasion de la réunion publique pour discuter sereinement de chacun de ces points avec Mme Chalas. Certainement cela aurait pu intéresser d'autres personnes présentes d'avoir des éléments concrets de réponses à vos questions.

Permettez-moi simplement de souligner qu'il n'est pas juste de dire que la députée ne vous a pas laissé vous exprimer, d'autant que vous l'avez interrompue à plusieurs reprises dès les premières phrases de son introduction. Vous avez ensuite fait le choix de partir sans attendre le temps de questions-réponses annoncé, ce qui est dommage puisque cela n'aura pas permis d'engager de véritable dialogue ni de dépasser les idées reçues.  

Nous ne manquerons pas d'organiser d'autres opportunités de rencontre pour que cela soit de nouveau possible, dans le cas où vous souhaiteriez discuter de manière constructive avec votre députée. 
Avec nos meilleures salutations, 
Bertrand BIJU-DUVAL
Collaborateur parlementaire auprès d'Emilie CHALAS, Députée de l'Isère
bertrand.biju-duval@clb-an.fr / 06 37 53 75 17 / 04 76 88 88 35
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Bonjour Monsieur Bertrand BIJU-DUVAL.

Dans sa lettre Madame la Députée de la troisième circonscription de l'Isère nous invitait à nous rencontrer et à échanger sur les thèmes de notre choix. En réalité c'était plutôt défense et illustration de la politique antidémocratique et antisociale d'Emmanuel Macron président des riches. Si il y a une chose dont je n'ai pas besoin c'est de l'explication de la politique mise en œuvre par cette majorité, car après 60 ans de militantisme syndical et politique ainsi que de formations syndicales et universitaires sur l'économie, je suis capable de décrypter et de plus je suis de ceux qui en subissent les méfaits.
J'étais donc venu dire ce qui objectivement ne va pas. Démontrer qu'au nom de la modernité l'actuel président de la République poursuit en l'aggravant la politique des quatre derniers présidents. Seulement le débat a été impossible d'où mon départ en colère.

À l'heure où se prépare une attaque (une de plus), contre la Sécurité sociale, qui risque d'être mortifère pour cette institution, je mets au défi Madame la Députée de me rencontrer en débat public sur le sujet.

Michel Cialdella


jeudi 5 juillet 2018

J'ai signé la pétition de l'Humanité pour la défense de la Sécurité sociale.





J'ai signé la pétition de l'Humanité 

pour la défense de la Sécurité sociale.

Il est vrai que l'amendement qui prévoit de remplacer « Sécurité sociale » par « Protection sociale » est mortifère pour notre Sécu. Depuis les ordonnances de 1967 la Sécurité sociale ne cesse d'être attaquée. Depuis plus de 50 ans nous luttons pour empêcher le déclin de cette grande conquête sans y parvenir. Force est de constater que ces luttes « contre » ne sont pas efficaces.
Il est donc grand temps de lutter pour une Sécurité sociale du XXIe siècle. À partir des fondamentaux mis en place en 1945. Comme l'a rappelé Alexandre Parodi (prédécesseur d'Ambroise Croizat au ministère du Travail et de la sécurité sociale) : « C'est bien dans la clandestinité, dans la résistance qu'il faut chercher l'origine de l'ensemble de la législation sociale que nous avons faite en 1945 et j'entends par là à côté de la Sécurité sociale, les Comités d'entreprise et la réforme des échelles de salaires. Dans cet ensemble c'est la Sécurité sociale qui est la pièce maîtresse… l'institution d'une sécurité sociale élargie et gérée par les intéressés et par les représentants de l'État… ».
C'est à Ambroise Croizat, ministre communiste, qu'il revient de mettre en place ce grand organisme. Quelques jours avant de mourir d'épuisement, il déclare à l'Assemblée nationale : « Jamais nous ne tolérerons que soit rogné un seul des avantages de la sécurité sociale. Nous défendrons en mourir et avec la dernière énergie cette loi humaine de progrès ». À l'époque il ne s'est pas posé la question : « est-ce qu'on a les moyens ? ». Dans un pays complètement dévasté, il a doublé le taux de cotisation et personne n'en est mort.
Pour être digne de lui, non seulement il faut empêcher que soit retiré de la constitution le beau mot de « Sécurité », mais il faut lutter pour qu'y soient inscrits les principes qui nous sont chers.
Tout d'abord remettre à l'ordre du jour l'unicité et l'universalité de la Sécurité sociale, avec la maladie, la famille et la retraite (pas aux points, mais comme salaire continué) intégrer le risque chômage et les mutuelles qui aujourd'hui, sont plus proches des assurances privées que de la Sécu. Il faut faire prendre en charge la "perte d'autonomie" par la branche maladie, car la perte d'autonomie, est due à la maladie et non pas à l'âge.
Ne nous laissons pas imposer le débat par l'adversaire de classe et sa vision comptable qui fait de l'équilibre financier une priorité, alors qu'ils ont eux-mêmes créé le « déficit ». Si les mots ont un sens, il conviendrait plutôt de l'appeler « besoin de financement ».
Il faut supprimer la CSG pour les retraités qui jadis dans un pays moins riche, ne payaient aucune cotisation. Pour les salariés en emploi, il faut remplacer la CSG par la cotisation sociale en augmentant la part dite "patronale" qui est une part de la valeur ajoutée produite par les travailleurs. Il s'agit d'un salaire socialisé qui légitime qu'il soit géré uniquement par les salariés qui représentent 91 % de la population active.
« La cotisation sociale n'est pas une ponction, mais un supplément de valeur. Il s'agit de reconnaître que la production de richesses économiques n'est pas réservée à ceux qui mettent en valeur du capital, les soignants, les enseignants, les chercheurs, tous ceux qui n'ont pas besoin d'actionnaires, produisent de la valeur économique ». (1) .
Si le PIB, cher aux capitalistes a été multiplié par 8,5 de 1949 à 2016 c'est en partie grâce à la protection sociale qui est constitutive de ce même PIB. Notre pays n'a jamais été aussi riche. C'est le pays qui distribue le plus d'argent aux actionnaires. Des milliardaires engrangent des fortunes sur le dos des travailleurs.
 Soyons ambitieux ! Le chercheur américain Henry C. Galant écrit que : « les défenseurs les plus actifs du nouveau plan de sécurité sociale et de son application étaient les communistes et la CGT ». (2). Cela devrait être toujours vrai.
Voilà ce que devrait selon moi contenir la pétition.

Michel Cialdella
le 5 juillet 2018




1 - La cotisation est un supplément de valeur. Bernard Friot. L'Humanité du 16 janvier 2014.
2 - Histoire politique de la sécurité sociale française 1945 - 1952. Henry C. Galant