dimanche 29 mai 2016




« Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple le plus sacré des droits est le plus indispensable des devoirs ».
Article 35 de la Déclaration des droits de l'Homme de 1793.

Michel Cialdella, 6, rue Joseph Bertoin - 38600  Fontaine

Fontaine, le 29 mai 2016

 

Monsieur Manuel Valls, premier ministre
Hôtel Matignon
57 rue de Varenne - 75700 Paris SP 07

http://www.gouvernement.fr/contact/ecrire-au-premier-ministre

À propos du déchaînement médiatique haineux envers la CGT auquel vous participez sans modération.

Mercredi 25 mai 2016, vous avez encore perdu une occasion de vous taire. Vous avez déclaré devant l'Assemblée nationale que le syndicat (entendez la CGT) « ne fait pas la loi dans ce pays ». Visiblement, l'Assemblée nationale non plus ! En effet, l'utilisation du 49 - 3 permettant au gouvernement de faire passer une loi contre la volonté des parlementaires dont c'est pourtant le rôle. Pour défendre cette pratique vous invoquez le fait que le 49 - 3 est constitutionnel ce qui n'est pas une garantie de démocratie.

Je vous rappelle que les gouvernements les plus réactionnaires (Pétain, Pinochet, Franco, Ben Ali) avaient également des Constitutions. Cela ne rend pas cette pratique démocratique et elle déshonore ceux qui s'en servent.

Rappel historique : le 10 juillet 1940, parlementaires et sénateurs avec une large majorité votent les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, instaurant en France un régime fasciste. Cela avec la complicité d'une large majorité de socialistes (seuls 36 ont voté contre).

Vous aurez beau invoquer le dialogue social et décréter que les actions des syndicats sont minoritaires, cette loi qui n'a pas la majorité ni dans votre propre camp ni dans le pays, n'a pas de légitimité.

"La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu'elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté générale ne se représente point .... Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle ; ce n'est point une loi ". (1).

Il ne faut point faire qu'il convienne aux lois, il vaut mieux faire en sorte que les lois lui conviennent (Saint Just)

La Constitution que vous appelez au secours postule à l'article 3 « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum ».

Si vous êtes sûrs de vous, osez le référendum !

Vous avez dit minoritaire ? Mais vous êtes ministre par la grâce d'un président élu par 39,08 % des inscrits (Chiffres du ministère de l'Intérieur). C'est-à-dire que plus de 60 % des inscrits n'ont pas voté pour François Hollande, vous êtes très mal placé pour donner des leçons de démocratie. Certes la loi permet que ce candidat soit élu, mais l'on est en droit de s'interroger sur sa légitimité surtout lorsque ce candidat ne respecte pas ses engagements.

Il est grand temps de changer cette constitution monarchique pour instaurer une véritable démocratie qui permettrait notamment de démettre les élus qui ne respectent pas leurs engagements.

Après cela on peut toujours proclamer que les autres sont minoritaires ! Autre remarque si l'on considère que les syndicats, vu le nombre de leurs adhérents ne seraient selon certains, pas représentatifs. Il faut appliquer à toutes les organisations le même critère. La CGT avec près de 700 000 membres a plus d'adhérents que l'ensemble des partis politiques (dont le vôtre) qui pourtant prétendent à être représentatif et qu'une constitution antidémocratique autorise à gouverner. Cela fait beaucoup !

Dans une démocratie, le minimum c'est que les parlementaires soient élus à la proportionnelle intégrale, de façon à représenter le peuple le mieux possible. Notons qu'à l'Assemblée nationale il y a seulement 3 % d'ouvriers, bien que ceux-ci soient les plus nombreux dans notre pays.

La violence et inacceptable ! Mais de quelles violences parlons-nous ?

En France chaque année plus de 500 personnes meurent suite à des accidents de travail. Plus de 400 suicides sont liés au travail. Que dire des 100 000 morts dus à l'amiante, véritable crime industriel (2). 70 % de ces ouvriers que vous méprisez lorsqu'ils luttent pour leur dignité, travaillent en contact avec des produits cancérigènes.

Pourtant le code de procédure pénale, article 221 – 5 énonce que « le fait d'attenter à la vie d'autrui par l'emploi ou l'administration de substances de nature à entraîner la mort constitue un empoisonnement. L'empoisonnement est puni de 30 ans de réclusion criminelle ».
La sociologue Annie Thébaud - Mony note dans son livre (2) : ceux qui ont une position de responsabilité dans les choix d'organisation du travail et de sécurité, conduisant à l'atteinte physique ou psychique du salarié ne font guère l'objet de comparution immédiate. Les mots qui désignent la mort les blessures au travail sont lourds de sens : on parle d'un accident et non d'un homicide ou de coups ou blessures. Et pourtant

De ces violences cela, il semble que vous vous en souciez moins que de la chemise d'un DRH.
Qui peut ignorer que la classe ouvrière et plus largement les salariés, n'ont d'autres choix que la lutte pour se défendre et conquérir de nouveaux droits. Dans cette France qui n'a jamais été aussi riche grâce à eux, où est-il écrit qu'ils ne devraient que subir ? Les intéressés savent lire et ont bien compris que, la loi dite "El Khomri était un recul de civilisation, n'en déplaise à la CFDT.

Votre projet de loi d'inspiration patronale a été élaboré par des gens qui comme vous même, n'ont jamais mis les pieds dans une entreprise, voudraient-ils subir ce qu'ils veulent pour les autres ?

Les malheureux sont les puissances de la terre ; ils ont le droit de parler en maîtres aux gouvernements qui les négligent disait Saint-Just. J'ajouterai : nous vous payons, et plutôt bien. Cela nous donne des droits, que dis-je, des exigences.

Michel CIALDELLA

 

1 - Du contrat social - Jean-Jacques Rousseau

2 - Travailler peut nuire gravement à votre santé (sous-traitance des risques, mise en danger d'autrui, atteinte à la dignité, violences physiques et morales, cancer professionnel.-Annie Thébaud - Mony, sociologue, directrice de recherche à l'institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

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