jeudi 25 août 2011

L'Histoire éclaire le présent, n'attendons pas 2012



Ambroise Croizat vient de faire son entrée dans le dictionnaire (Larousse et Le Robert) 60 ans après sa mort. Tout un symbole ! Le fondateur de la Sécurité sociale qui fut ministre du travail et de la Sécurité sociale du 21 novembre 1945 au 4 mai 1947 n'y figurait pas, comme pour effacer de la mémoire collective les luttes nécessaires pour gagner la Sécurité sociale ! Les adversaires de la Sécu préférant attribuer cette création au Général De Gaulle qui pourtant n'avait pas signé les ordonnances (1).

« L'organisation de la sécurité sociale est au nombre des réformes phares de la libération, dont la paternité revient exclusivement au ministère du travail » (2).

Ambroise Croizat est arrêté le 7 octobre 1939 par ce que communiste. Il est incarcéré à la prison de la santé. Il traverse 14 prisons françaises avant de vivre les horreurs du bagne à Alger. Libéré en février 1943, il est nommé par la CGT à la commission consultative du gouvernement provisoire d'Alger autour du général De Gaulle. Là mûrissent les inventions sociales du conseil national de la résistance. La sécurité sociale, bien sûr, dont le postulat colore le programme de mars 1944 : « nous, combattants de l'ombre, exigeons la mise en place d'un plan complet de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail avec gestion par les intéressés et l'État ».

À la tête d'une commission de résistants, Ambroise dessine les premières moutures de ce qui allait devenir le droit à la santé. « Nous libérerons les Français des angoisses du lendemain ! » Disait-il à Alger, le 14 janvier 1944 (3).

Dans son dernier discours à l'assemblée en 1950 il devait déclarer : « Jamais nous ne tolèrerons que soit rogné un seul des avantages de la Sécurité Sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie cette loi humaine et de progrès. » Mise en place dans un pays dévasté, elle l'est aujourd'hui menacé dans son existence même. Les casseurs brandissent la dette (nous y reviendrons) dont ils sont les premiers responsables pour justifier les mesures prises ou à prendre.

Nous assistons au spectacle odieux des « méga-riches » que l'on devrait plutôt appeler les « méga-exploiteurs », à l'instar de Maurice Levy, président de l'Association française des entreprises privées (Afep) qui rassemble les entreprises du CAC 40. Il veut bien donner une aumône exceptionnelle à condition de s'attaquer « aux vaches sacrées que sont nos structures administratives et nos systèmes sociaux ». Après s'être gavé grâce à l'exploitation des gens qui travaillent pour eux, après avoir bénéficié de centaines de niches fiscales, délocaliser leur production, pratiquer des licenciements boursiers, les capitalistes veulent bien nous faire l'aumône à condition de pouvoir nous étrangler par la suite…

Après l'âge officiel de la retraite fixée à 62 ans, un décret publié le 2 août 2011 pendant les congés impose 41,5 annuités pour acquérir une retraite à taux plein pour la génération née après 1955. Alors que l'âge moyen de sortie du marché du travail et de 59,4 ans et que les salariés font réellement 36 ans en moyenne. Et que le taux d'emploi des 55 - 64 ans est de 38,9 % ! (4). Alors que l'espérance de vie en bonne santé est en moyenne à 63 ans pour les hommes et à 64 ans pour les femmes.

N'attendons pas 2012, mobilisons-nous pour éviter le désastre mais aussi pour repartir à la reconquête de notre protection sociale solidaire. Souvent les médias aux ordres nous rappellent ce que nous allons laisser à nos enfants. Soit, luttons pour leur laisser une protection sociale de très haut niveau. Ils ont trouvé des centaines de milliards pour sauver les banques. Les guerres dans lesquelles la France est engagée sont font des victimes et nous coûtent 3 millons € par jour !

Nous trouveront les milliards nécessaires pour assurer le bien-être des salariés d'aujourd'hui et de demain. Imposons la règle d'or inscrite dans la constitution française :

« la nation garantit à tous la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs ». (5)

SANS LA LUTTE : RIEN !

(1) Pierre Laroque : « La naissance de la sécurité sociale ». Entretien au « Droit ouvrier » octobre 1995.

(2)« 1 siècle de réforme sociale » une histoire du ministère du travail 1906 -2006. La documentation française.

(3) Michel Etiévent. Auteur de « Ambroise Croizat ou l'invention sociale » L'Humanité du 28 janvier 2011.

(4) rapport de l'observatoire des retraites 2010. (5) Préambule de la constitution de 1946 annexé à l'actuelle Constitution

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