Financement de la sécurité sociale.
« Faire appel au budget de l'État, c'est
inévitablement subordonné l'efficacité de la politique sociale à des
considérations purement financières qui risquent de paralyser les efforts
accomplis. Mais il y a une autre raison infiniment plus importante, qui se
relie à tout l'esprit des réformes en cours, à tout l'esprit de la politique
sociale et du plan de sécurité sociale : c'est que la sécurité sociale doit
être l'œuvre des intéressés eux-mêmes ; elle doit reposer sur un effort
véritable des intéressés. C'est pourquoi tout le plan de sécurité sociale doit
être alimenté par les contributions des bénéficiaires. Sans doute, au versement
direct de ces derniers s'ajoutent, lorsqu'il s'agit de salariés, les contributions
des employeurs dont l'importance est beaucoup plus grande que celle des
bénéficiaires. Mais, si l'on va au fond des choses, il n'y a pas de différence
profonde entre la contribution de l'employeur et la contribution du
bénéficiaire. En effet, la contribution de l'employeur et, en réalité, la
contribution de l'entreprise. Et toute l'évolution économique et sociale
d'aujourd'hui tend à associer les travailleurs à la gestion des entreprises et
par la même doit les conduire à considérer que les deniers de l'entreprise sont
en même temps les leurs, et que ce qui est versé par l'entreprise est versé par
eux, ce qui est d'ailleurs, dans une certaine mesure, la vérité. Nous entendons
ainsi réaliser le plan de sécurité sociale sans rien demander au budget en demandant
tout à l'effort des intéressés et des entreprises ».
Recueil
d'écrits de Pierre Laroque.
Jusqu’en
1996 le Parlement ne votait pas le budget de la sécurité sociale. Ce qui était
normal vu qu’il s’agit d’une part de notre salaire. À l’origine le budget de la
sécurité sociale était alimenté uniquement par les cotisations sociales. Le
gouvernement « se contentant » d’augmenter le taux de cotisation qui
progressa jusqu’au début des années 1970. Durant cette période un grand nombre
de CHU a vu le jour subventionné par la branche maladie de la sécurité sociale.
Et personne n’en est mort !
Au
lieu de poursuivre dans cette voie, les gouvernements successifs ont gelé les
taux de cotisation : en 1979 pour la retraite et en 1984 pour la santé. Et
jusqu’en 1967 dates des ordonnances Jean-Marcel Jeanneney - De Gaulle les
caisses de sécurité sociale étaient gérées par les intéressés. Les conseils
d’administration étaient élus par les salariés est composé pour trois quarts
des représentants des salariés. Ce qui était insupportable au patronat et à la
droite parfois appelée partie socialiste.
Revenir
à ces principes fondamentaux ça n’est pas revenir en arrière bien au contraire.
Ce système a largement démontré son efficacité. Ce qu’ils appellent le «
déficit » est une construction politique pour justifier la casse de notre
salaire socialisé. Aujourd’hui le PIB qui est la somme des valeurs ajoutées
créées en France aujourd’hui est composé à 60 % par les salaires. En 1982 les
salaires représentaient 70 % du PIB. Dans un premier temps revenir à cette
répartition des richesses permettrait d’augmenter la masse salariale de 220
milliards d’euros environ et permettrait d’abonder à hauteur de 88 milliards
d’euros les trois branches de la Sécurité sociale (maladie, vieillesse, famille).
Bien
entendu s’agissant d’un salaire socialisé, la gestion devrait revenir aux seuls
salariés. Les patrons n’ayant rien à faire dans la gestion d’un salaire qu’il
soit direct ou indirect. Les salariés qui depuis des décennies ont pu se
former, se cultiver et ont démontré par le passé leur capacité de gestionnaire
n’ont besoin d’être chapeauté par des parlementaires. Ils sont responsables et
n’ont aucune leçon à recevoir des gouvernements qui les méprisent !
Michel Cialdella
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