Michel Cialdella
6, rue Joseph Bertoin
38600 Fontaine.
6, rue Joseph Bertoin
38600 Fontaine.
«
Je suis de ceux qui pensent et qui
affirment qu'on peut détruire la misère. Remarquez-le bien, Messieurs, je ne
dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. La misère
est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps
humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la
misère ! Oui c'est possible. Les législateurs et les gouvernements doivent y
songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n'est pas
fait, le devoir n'est pas rempli ».
Victor
Hugo, le 9 juillet 1849.
A
monsieur François Hollande
Président de la République Française
Palais de l'Elisée
55, rue du Faubourg St Honoré
75008 Paris
Président de la République Française
Palais de l'Elisée
55, rue du Faubourg St Honoré
75008 Paris
http://www.elysee.fr/ecrire/
Fontaine, le 15 avril
2016
Monsieur
le Président de la République
Hier soir j'ai pris sur moi de regarder l'émission,
car au bout de quatre ans de réformes catastrophiques pour les salariés. Je ne
m'attendais pas à un quelconque miracle. L'émission intitulée Dialogue Citoyen a invité ce qu'ils ont
appelé un panel de quatre personnes loin d'être représentatives du peuple. Nadine Hourmant, déléguée Force Ouvrière chez Doux
avait été choisie pour vous poser des questions. Elle a été retirée de la liste
des invités. L'Élysée n'y est pour rien ? Les syndicalistes ne sont-ils pas
considérés comme des citoyens ?
D'emblée vous avez déclaré avoir affronté des choses terribles. Que devraient dire tout ceux que
votre politique a plongés dans le chômage, la précarité et la misère ?
Vous prétendez moderniser le pays et conserver notre
modèle social. Selon vous aujourd'hui ça
va mieux. Franchement, le chômage est au plus haut, les salaires sont au
plus bas, la sécurité sociale ne permet plus l'égalité des soins puisque 30 %
de la population renoncent à tout ou partie des soins. Vous avez fait reculer
l'âge de la retraite. Les fermetures
d'hôpitaux, les privatisations de services publics, les entreprises qui
délocalisent, etc.....Et cela dans un pays qui n'a jamais été aussi riche !
Selon les branches professionnelles, à qualification
égale les femmes ont des salaires inférieurs de 18 à 27% à ceux des hommes. Elles
occupent majoritairement les emplois à temps partiel non choisis.
Vous avez placé les allocations familiales sous condition de
ressources, ce qui n'est pas une mesure de justice sociale. Pierre Laroque
ancien directeur général de la
Sécurité sociale et non pas le père de celle-ci disait : « avec les conditions de ressources, on a
introduit dans la législation un élément d’assistance qui répugnait aux
législateurs de 1945 – 1946 » .
De plus, cela n'a rien rapporté aux
familles les plus modestes. À l'origine les allocations familiales étaient
prises en charge par des cotisations d'entreprise. Vous avez poursuivi une
fiscalisation des recettes. C'est-à-dire que comme pour la prime d'activité ce
sont les impôts qui financent ce qui était un salaire socialisé. Il faut
rappeler ici que le budget de l'État est financé à 80 % par les seuls salariés.
Vous avez décidé de l'instauration obligatoire d'une
complémentaire santé, prise en charge à parts égales entre l'entreprise et le
salarié. Sous des apparences de justice sociale, c'est une atteinte de plus à
la Sécurité sociale. Rappelons ici que la Sécurité sociale est beaucoup plus
performante et économique que les complémentaires dont le coût de
fonctionnement est au moins trois fois supérieur à celui de la Sécurité
sociale.
Dans les entreprises où il n'y a pas de syndicat ce
sont des patrons qui choisissent la complémentaire qui leur convient le mieux,
c'est-à-dire la plupart du temps, une assurance privée bien que plus coûteuse
et moins efficace que la Sécurité sociale que vous prétendez défendre. Après
ces quelques exemples, déclarer que "ça
va mieux" est pour le moins scandaleux, d'autant que vous ajoutez : « je vais poursuivre ». Alors là je dis
non, arrêtez le massacre !
Selon vous, les aides aux entreprises seraient des aides aux salariés. En réalité ce
genre d'affirmation ne trompe pas grand monde et il relève de l'enfumage. Ceux
qui ont fait un peu d'économie savent que les milliards déversés sans contrôle
aux entreprises, au nom de l'emploi, n'ont en réalité qu'un seul but remonter
le taux de profit, et engraisser les actionnaires. En France, les sociétés du
CAC 40 versent bon an mal an 40 % de leurs bénéfices aux actionnaires. Sur
l'ensemble des entreprises non financières, les dividendes représentent 13 % de
la masse salariale en 2009, contre 4 % au début des années 1980 (1).
Pour les actionnaires tout va bien,
pour eux, ne changez rien.
Source : Blog de
Christian Chavagneux, le 10 mars 2014.
Comme si tout cela ne suffisait pas, vous et votre
équipe avez entrepris la destruction
du Code du travail fruit d'un siècle de lutte ouvrière. Conçu pour protéger les
travailleurs, la loi "Medef - El
Khomri - Valls - Macron - Hollande" en fait une arme de guerre contre
le salaire.
Élaborée, nous dit l'Article 1er, par une commission
d' "experts", c'est-à-dire des gens qui n'ont jamais mis les
pieds dans une entreprise (pour y travailler). Cette loi travail dont 80 % des
salariés ne veulent pas est conçu dans le seul intérêt de l'entreprise,
c'est-à-dire du patronat. En témoigne l'enthousiasme de Monsieur Gattaz. Ce ne
sont pas les quelques modifications à la marge qui changent quelque chose.
D'ailleurs les jeunes ne s'y sont pas trompés. Ces modifications font penser à
la célèbre réplique du "Guépard" : « Il faut tout changer pour que rien ne change ».
Le texte contient des formulations "bizarres"
comme à alinéa 14 de l'Article 1er , : « Le
contrat de travail peut prévoir une période d'essai d'une durée raisonnable
». Qu'est-ce qu'une durée raisonnable ? Cela pourrait faire sourire si les
salariés n'en étaient pas les victimes.
Vous affirmez « Je
poursuivrai jusqu'au bout, la loi ne sera pas retirée ». C'est faire peu de
cas du vote des députés, et quel mépris pour le peuple !
Concernant l'affaire Panama Papers, vous
évoquez les excès du capitalisme. Mais pas du tout, il s'agit là de la logique même
du capitalisme. La finance n'est pas un
parasite ni une dérive, mais une composante permanente du capitalisme (1).
Que
cela plaise ou non, Marx est toujours d'actualité !
«
D'un côté, les orgies éhontées de
l'aristocratie financière, de l'autre, la lutte du peuple pour les denrées de
première nécessité » (2).
Ce n'est pas la fuite en avant dans le libéralisme qui
va régler les problèmes que les salariés rencontrent. Comme l'écrivait déjà en
2003 Guillaume Duval : le libéralisme n'a
pas d'avenir. (3)
Comme disait Saint-Just : « Il ne faut point faire qu'il (le peuple) convienne aux lois, il vaut
mieux faire en sorte que les lois lui conviennent ».
Sachez
qu'une démocratie qui n’a pas de base de
consentement dans le peuple n’est pas une véritable démocratie.(4).
Si par inadvertance
j'ai pu voter pour vous, sachez que cela ne se reproduira plus.
Michel Cialdella
Citoyen en colère
Citoyen en colère
1
- Michel Husson économiste.
2
- Les luttes de classes en France -
Karl Marx - 1848.
3
- Le libéralisme n'a pas d'avenir.
Guillaume Duval. Édition la découverte. 2003.
4 - Eric
Hobsbawm. Historien dont
les ouvrages historiques ont été traduits en une trentaine de langues.
T'es au top Michel. Il faut qu'un max de citoyens le lisent.
RépondreSupprimerT'es au top Michel. Il faut qu'un max de citoyens le lisent.
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