dimanche 17 janvier 2016

Vous avez-dit "Vainqueur" ?


 

Voici ce qu'écrit Henri Guillemin à propos du pseudo vainqueur de Verdun (1) :


… Par deux fois, en 1916, Pétain conseilla l'abandon de la rive droite de la Meuse ; par deux fois Joffre fut obligé de lui interdire ce repli désastreux. On comprend mieux alors ces lignes trop ignorées mais catégoriques du Maréchal Joffre dans ses mémoires (tome deux, page 269) : si l'histoire me reconnaît le droit de juger les généraux qui opèrent sous mes ordres, je tiens à affirmer que le vrai sauveur de Verdun fut Nivelle.

… 1918 maintenant. Pétain est entièrement opposé à toute stratégie offensive. Il n'en fait pas mystère. Ces dispositions sont connues de l'ennemi, lequel a pu ainsi, l'année précédente, liquider en toute tranquillité la Russie, en finir avec la Roumanie et asséner à l'Italie le coup de Caporetto. Au début de cette année 1918, on voit le général Pétain s'employer de toute son énergie à contrecarrer les desseins offensifs de Foch ...

… Le 31 mai suivant, l'attaque de champagne n'ayant pas donné les résultats qu'on en attendait, Pétain, de sa propre initiative, prescrit un recul ; il est prêt à laisser à l'ennemi Verdun, la Lorraine, Nancy, la ligne des Vosges ; il fait donner par Franchet d'Espérey l'ordre d'évacuer Reims, ordre que Foch, de nouveau, devra annuler, et auquel du reste le général Micheler a refusé d'obéir.

...Les Allemands attaquent. « Pétain, écrit le général Tournès dans l'histoire de la guerre mondiale (tome quatre, page 173), concède aussitôt la victoire à l'adversaire ». Le même jour, en effet, 15 juillet 1918, à 10 heures, malgré les instructions formelles de Foch interdisant de modifier la répartition des réserves en vue de l'opération offensive qu'il méditait, Pétain donne à Fayolle l'ordre d'arrêter la préparation de l'entreprise. Et encore une fois Foch doit réparer cette intervention déplorable.

Voilà pour ce personnage que d'aucuns continuent d'appeler le héros de Verdun auquel le Front National ne manque pas de rendre hommage.

Pétain « chef suprême de la cagoule » (2) est jugé en 1945 pour intelligence avec l'ennemi et haute trahison par la Haute Cour de justice, il est condamné à la peine de mort. Sa peine est commuée en emprisonnement à perpétuité par le général de Gaulle. Il meurt en détention sur l’île d’Yeu, où il est ensuite inhumé.

1 -La vérité sur l'affaire Pétain. Henri Guillemin. ÉditionsUtovie - 2012.
2 - De Munich à Vichy. Annie Lacroix-Riz - éditions Armand Colin. 2008.


 

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