lundi 1 novembre 2010

RETRAITES

La vie des humains n'est pas une charge

Rien ne m'irrite plus que l'expression " charges sociales ". Pour les partisans de l'ultra libéralisme tout ce qui ne va pas à la finance est une charge. En fait ce qu'ils appellent "charges" c'est tout simplement une partie du salaire qui est socialisée. Lorsqu'un employeur ne verse pas cette partie aux caisses de recouvrement, c'est de même nature que le non-paiement du salaire direct.
Les libéraux ne comptent pas pour des charges les prélèvements financiers qui pourtant parasitent l'économie mais considèrent comme tel ce qu'ils nomment également "le coût du travail".
Déjà Robespierre disait des auteurs de la théorie du libéralisme : " Ils ont plus disserté sur le commerce des grains que sur la subsistance du peuple. Ils ont compté pour beaucoup les profits des négociants ou des propriétaires, la vie des hommes à peu près pour rien ". On ne peut pas dire que leurs successeurs aient vraiment changé.
Le " problème " du financement des retraites est avant tout un choix de société. Le choix de l'être humain contre la finance.
On ne comprendrait pas l'offensive contre la protection sociale si on perdait un instant de vue que la Sécurité Sociale était une conquête contre les libéraux, que ceux-ci n'ont eu de cesse de remettre en cause depuis sa création.
En effet, dès 1948, le CNPF soutient que " la Sécurité Sociale met en danger l'économie du pays " ; en 1949 Paul Reynaud, président du conseil, dénonce " la charge excessive des cotisations sociales qui rend notre situation économique intenable ". Incompétence ou mauvaise foi ? Sans doute les deux !


Aujourd'hui, leur discours est toujours le même. Le rapport des forces politiques n'est plus celui de 1945 et les adversaires de notre système de protection sociale se croient tout permis.
On peut se poser les questions suivantes : pourquoi l'entreprise, lieu de la création de richesse, devrait-elle se désintéresser de la vie des salariés après le travail ? Pourquoi le travail contraint qui a des effets négatifs sur la santé des salariés ne devrait-il pas être source de bien être ? En vertu de quelle loi ? Et la démocratie sociale ?
Les salariés qui sont la majorité dans notre pays devraient-ils se laisser déposséder de la décision en matière de niveau de retraite par des gens, qui eux, n'ont pas de soucis à se faire ? Certainement pas !
Il est impératif qu'ils interviennent dans le débat, par exemple sur la part des richesses qu'ils créent et qui doit leur revenir.
Les salariés doivent se réapproprier la gestion des caisses de Sécurité Sociale. Un salarié accepterait-il que son employeur gère son salaire direct ? Certainement pas, alors pourquoi accepter la présence du patronat à part égale avec les représentants des salariés dans les organismes qui gèrent la protection sociale ?
Les ordonnances de 1967 ont supprimé les élections d'administrateurs de caisses, instaurant le paritarisme. Remises en place en 1983 avec une majorité aux salariés, puis supprimées de fait en 1989, le plan Juppé entérinant cette situation avec un retour au paritarisme. Qu'aurait-on entendu si dans un autre pays on avait supprimé des élections !
Les salariés doivent se réapproprier la gestion des caisses, ils n'ont pas besoin du patronat qui au passage verrait d'un mauvais œil que l'on s'occupe de la gestion des entreprises…et pourtant, si on s'en mêlait ?
Michel CIALDELLA
administrateur CGT de Sécurité Sociale, mars 2000


Depuis nous avons subit des reculs importants. Les parlementaires UMP et leur alliés viennent de voter une loi scélérate. Mais « violer une mauvaise loi est toujours bon » disait Victor Hugo le 15 avril 1874.
Le programme du Conseil National de la Résistance doit nous inspirer.
Ce qui a été mis en place dans un pays dévasté ne serait plus possible aujourd'hui ?
Alors que de 1950 à 2008 les richesses crées ont été multipliées par 4 et la population par 1,5 ...?
C'est dire que nous en avons les moyens. Bernard Friot nous rappelle souvent que « la richesse n’a pas sa source dans l’accumulation intergénérationnelle mais dans le flux permanent du travail vivant ». Ce qui remet à sa place le fantasme de la dette qu'on laisserait aux générations futures !




« Ne baissez pas la tête, unissez-vous, gardez intacte la force née de la justice et de la dignité, n'oubliez pas que la République est issue du combat acharné des opprimés contre les tyrans. Sachez qu'un changement doit se produire et qu'il viendra de la prise de conscience du peuple en sa puissance. Les hommes politiques n'ont plus le pouvoir. C'est l'argent qui règne. Reprenons ce pouvoir. » écrit Jean Ziegler. C'est ce que nous avons comencé à faire dans les manifestations.
Avec Jean-Jacques Rousseau affirmons avec insistance que « le peuple soumis aux lois doit en être l’auteur…la puissance législative appartient au peuple et ne peut appartenir qu’à lui »
« Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi »
« Une démocratie qui n’a pas de base de consentement dans le peuple n’est pas une véritable démocratie »
Eric Hobsbawm, historien.

"Je ne suis pas méchant, moi qui parle ; je veux,
sans ôter aux mortels un seul de leurs cheveux,
leur retirer un peu de choses superflues
Et pesantes qui font leurs bourses trop joufflues
".

Victor Hugo, extrait de La légende des siècles
Michel Cialdella



Contribution au débat




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