vendredi 15 février 2019

MINC : tellement qu'il est trop fort


L'EPOUVANTAIL FINANCIER




Etrange pied de nez de l'histoire, le vieux concept marxiste qui différenciait la « sphère industrielle » et la «sphère financière » est en train de submerger la pensée économique. Et chacun de s'inquiéter : de la « financiarisation » du monde, de la prolifération des services financiers, de la dérèglementation... aux dépens de la bonne et vieille industrie. Tout semble en effet témoigner de l'explosion financière (voir, page 76, l'article de Gilles Coville) : des flux quotidiens qui ne trouvent leur origine dans le commerce que pour quelques pour-cent ; des taux d'intérêt réels tels que le placement est systématiquement plus rentable que l'investissement industriel une évolution des mentalités qui place l'argent aussi haut qu'il était hier dévalorisé ; une fantasmagorie qui fait de l'économie, en particulier financière, le nec plus ultra des savoirs ou même du snobisme. Face à ce délire financier, les tenants de l'économie classique se transforment en prophètes de malheur. I1 est, pour eux, minuit moins cinq...
L'explosion ? Le spectre de 1929 ne cesse de rôder, et nos prophètes de se livrer à de sagaces comparaisons entre la période 1925-1929 et aujourd'hui. Le parallélisme était évidemment en germe dans la thèse depuis longtemps dominante - sous-produit ignoré du marxisme - qui voit dans le « jeudi noir » le point ultime de la dissociation entre l'« économie réelle » et l'« économie virtuelle ». Au nom de la capacité si rassurante de l'histoire à se répéter, n'oublie-t-on pas les mécanismes de stabilisation qui se sont mis en place ? Notamment le rôle régulateur des Etats, l'apparition de grands acteurs susceptibles de servir de boucliers face aux turbulences, la sophistication des techniques de marché qui permettent grâce à des programmes informatiques préenregistrés, d'endiguer les paniques boursières ? La charge de la preuve semble appartenir aux optimistes alors qu'elle devrait revenir aux pessimistes...
Mais le phénomène est-il réversible ? Comment imaginer une contraction de ce nouvel univers financier qui rentrerait un beau jour dans sa coquille ? Certes, 1'habitude voudrait que le cycle boursier voie s'ouvrir une période de baisse. Mais, aujourd'hui la liquidité financière internationale est reine ayant atteint cette situation prodigieuse où, s'autoalimentant, elle échappe à tout contrôle. Le retour à une situation plus traditionnelle ne pourrait se faire qu'avec la résurrection d'un contrôle quasi policier des flux et la restauration d'une économie-matière. Cela s'est déjà produit et a, d'ailleurs, un nom : l'économie de guerre. Ce sont cri effet les guerres qui remplissent traditionnellement ce rôle : elles seules bloquent les processus financiers. A guerre improbable, réduction de la sphère financière impossible.




                                                  
L'explosion des mouvements de capitaux n'annonce pas nécessairement une catastrophe. Elle traduit un nouvel ordre économique Zone de Texte: PAR ALAIN MINC
224 TRIBUNE
avril 1987
mondial





Est-ce alors une lame de fond ? A coup sûr, pour des raisons immédiates et de long terme. Rien, actuellement, ne peut arrêter la ronde sans fin des monnaies et des placements. Mais, sur une longue période, le phénomène est bien davantage que la résultante incontrôlable d'un mouvement brownien. Il traduit une redistribution de l'épargne et de la production.

Ce sont, comme par hasard, les pays démographiquement les plus menacés qui accumulent des excédents de balance des paiements et les placent dans des pays démographiquement plus stables. L'Allemagne et le Japon ne sont-ils pas en train de mettre en place, à l'échelle internationale, un gigantesque système de retraites par capitalisation ? Ne sont-ils pas en train d'investir ailleurs, et en particulier aux Etats-Unis, de quoi payer leurs retraites à des populations qui verront, dans les vingt prochaines années, se raréfier les personnes actives au profit des inactifs ? Ne cherchent-ils pas à garantir les dividendes futurs de leur dynamisme actuel, comme en son temps l'émirat du Koweït plaçait le produit de la rente pétrolière en actions de compagnies occidentales détenues par cette « Fondation du futur » au nom presque magique ? Si ces deux économies reines sont en train d'assurer les fins de mois futures de leurs populations, le risque devient faible d'une inversion des flux. Où ces pays iraient-ils placer, en dehors des Etats-Unis, les excédents que l'anticipation de leur propre avenir leur interdit d'investir chez eux ? Cette gigantesque redistribution des cartes correspond à un nouvel ordre du monde : elle est donc facteur de stabilité, même si, à ce jeu de qui perd gagne, l'économie impériale de l'après-guerre, celle des Etats-Unis, devient le soutier des nouveaux riches.

Face à cette lame de fond, nos concepts n'ont-ils pas vieilli ? Cette distinction séculaire industrie-finance a-t-elle encore un sens ? Pour répondre non, il suffit de regarder la mutation des grands acteurs. Un constructeur  automobile sera, dans dix ans, un mélange de spécialiste en markéting et de roi du crédit-bail : peut-être aura-t-il encore quelques usines d'assemblage, mais pour le reste il se sera évadé de l'industrie classique. Une entreprise de distribution ne distinguera plus la vente des produits du crédit qu'elle offrira simultanément. La vieille classification industrie-tertiaire-finances ne résistera pas à cette tornade, et avec elle la césure entre sphère financière et sphère industrielle.

Mais la mort du concept ne signifie pas la disparition du seul vrai problème : dans ce nouveau monde, les progrès de productivité seront-ils aussi importants que dans l'ancien ? Question vitale, car elle conditionne le rythme de croissance et l'emploi. Impossible aujourd'hui de répondre, nos appareils statistiques n'étant pas adaptés pour définir la productivité de Wall Street et a fortiori pour la mesurer. Sans bases solides, la prospective tourne au pronostic. Sans doute l'union des nouveaux acteurs se fera-t-elle pour affirmer que, même inconnue, leur productivité est supérieure à celle du secteur administratif. Mais ce tir de barrage ne suffira pas. Au lieu de larmoyer et de fantasmer, que les économistes s'emparent de cette interrogation en forme de provocation ! Que sont, aujourd'hui, la valeur ajoutée et la productivité des institutions financières et, demain, de ces êtres économiques hermaphrodites qui mêleront finance, service, industrie ?





Alain Minc Avril 1987



Ce texte d'Alain Minc est publié en avril 1987.

Et le 19 octobre de la même année nous avons le plus grand crash financier depuis 1929 !

Quel imbécile ce Minc.

1 commentaire:

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