lundi 28 décembre 2015

La pauvreté progresse dans un pays riche




« Pour remplir votre mission, il faut faire précisément tout le contraire de ce qui a existé avant vous. Jusqu'ici l'art de gouverner n'a été que l'art de dépouiller et d'asservir le grand nombre au profit du petit nombre, et la législation le moyen de réduire ces attentats en système : les rois et les aristocrates ont très bien fait leur métier; c'est à vous maintenant de faire le vôtre, c'est-à-dire de rendre les hommes heureux et libres par les lois ».
Robespierre le 10 mai 1793

 

Fontaine, lundi 28 décembre 2015.

Monsieur le Président de la République.

http://www.elysee.fr/ecrire-au-president-de-la-republique/

Ce jour, la télé nous informe qu'un bébé souffrant d'une maladie orpheline va mourir faute de trouver en France les moyens thérapeutiques nécessaires. Les parents font des recherches sur internet et découvrent qu'une solution existerait au Canada. Ils lancent un appel à la générosité sur "facebook". Toujours à la télé, l'image d'un homme de 82 ans, qui vit depuis 20 ans dans une cabane en bois, malgré la loi sur le logement opposable (La loi n° 2007-290 du 5 mars 2007). Il obtient un appartement grâce à la solidarité des voisins.

Le journal l'Humanité du 24 décembre m'informe que les statistiques de l'INSEE affichent une hausse du taux de pauvreté en 2014. Neuf millions de Français (14,2% des ménages) vivent désormais avec moins de 964 euros par mois, sur fond d'accroissement des inégalités.

Les syndicalistes sont traités de voyous pendant que les fraudeurs et autres exilés fiscaux (Cahuzac/Thévenoud) s'en donnent à cœur joie avec des milliards détournés. Et cerise sur le gâteau un parti d'extrême droite aux portes du pouvoir.

Tout cela sous la présidence de quelqu'un qui prétendait avoir comme ennemi la finance !

C'est votre politique antisociale généralisée qui a nourri le vote Front National à un niveau jamais égalé jusqu'à présent sous la droite : quelle honte pour un gouvernement qui se dit « socialiste » et qui aura réussi à abîmer l'idée de « gauche » comme jamais ! (1).

Faut-il s'en étonner ? En février 1984, suite à la directive envoyée par François Mitterrand aux patrons de chaînes de télévision, Jean-Marie Le Pen est invité sur le plateau de l’« Heure de vérité ». Alors qu'aux élections législatives de 1981, c’est-à-dire 9 ans après sa création, le Front National comptait… 270 adhérents et avait réalisé… 0,18%.[2]

Pierre Bérégovoy en rajoute une louche : “On a tout intérêt à pousser le Front National, il rend la droite inéligible. Plus il sera fort, plus on sera imbattables. C’est la chance historique des socialistes.“(entretien avec l’auteur le 21 juin 1984). » [3]. Aujourd'hui ce parti obtient près de 30 % des suffrages. Encore un petit effort, Hitler a prit le pouvoir avec 33 % des suffrages !

Voilà au moins un domaine où votre politique a réussi !

Plutôt que de rendre obligatoire une complémentaire inégalitaire, il faut revenir aux principes fondateurs de la Sécurité sociale une caisse unique qui prenne 100 % des besoins de santé et de retraite, gérée par les intéressés, c'est-à-dire les salariés qui représentent 90 % de la population active. Notre pays en a les moyens. Grâce aux richesses produites par les salariés, le produit intérieur brut a été multiplié par 7,2 selon l'INSEE, entre 1950 et 2013.

Pour cela un président de vraiment de gauche impulserait une lutte sans merci contre les délocalisations, les évasions fiscales, la fraude fiscale, le pillage de la richesse par les actionnaires. Cela permettra une augmentation sans précédent des cotisations sociales dites "patronales". Cet argent ne sera pas gaspillé dans une spéculation néfaste pour le peuple de France.

Plutôt que de détruire le Code du travail, il faut au contraire renforcer les droits des travailleurs. Et si l'on veut vraiment supprimer des pages, on peut toujours supprimer les dérogations que les employeurs ont obtenues depuis les années 1990 et qui sont autant de pages supplémentaires [4].

Et si le Medef le trouve trop compliqué, il n'a qu'à apprendre à lire.

Monsieur le président de la République, n'oubliez jamais que dans une démocratie véritable, le peuple est souverain et les ministres ne sont que nos commettants. Ils ne peuvent et ne doivent rien décider sans nous.

Le capitalisme est cette croyance stupéfiante que les pires des hommes feront les pires choses pour le plus grand bien de tout le monde. (Keynes).

Michel Cialdella

citoyen en colère

 

 

1 - Yvon Quiniou, l'Humanité du 24 décembre 2015.

2 - http://www.upr.fr/actualite/france/comment-francois-mitterrand-cree-menace-front-national

3 - https://cestpolitique.wordpress.com/2012/05/04/de-lart-dutiliser-le-front-national-et-le-vote-des-etrangers/

4 - Le code du travail, garant de l'emploi. Rachel Saada, avocat du barreau de Paris, spécialiste du droit du travail et de la protection sociale. Le Monde diplomatique, janvier 2016.

 

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