dimanche 8 janvier 2012

Quelques expressions à bannir.

À droite, mais hélas aussi certains à gauche utilisent la formule l'État-providence, qui de plus seraient en crise. On pourrait se demander ce que vient faire la "providence" dans la création d'une institution on ne peut plus humaine. "L'utilisation de ce terme vise à discréditer le système de protection sociale" (7). Elle est destinée à culpabiliser les salariés et leur faire oublier que ce sont eux les producteurs de richesses.

Autre expression, nos acquis seraient le résultat d'un "pacte social". Non ! Ni providence ni pacte, mais résultat de luttes nombreuses et d'un rapport des forces favorable aux travailleurs.

Le coût du travail : l'expression est passée dans le langage courant, mais pour autant elle n'est pas juste. Le travail humain et seulement le travail humain produit des richesses et pas seulement des richesses monétaires. Il ne manquerait plus qu'il ne soit pas payé. Il me semble qu'en France on a aboli l'esclavage. Rappelons ici que les salariés créent également le profit, mais de cela les libéraux n'en parlent pas, ça n'est pas un coût !

Les charges sociales : expression inventée par les patrons. C'est une partie de notre salaire qui est versé aux caisses de Sécurité Sociale. De son vrai nom « salaire socialisé indirect », il est distribué immédiatement en flux courant, pour les trois branches de la sécurité sociale : assurance-maladie, assurance vieillesse, allocations familiales. Ce sont les cotisations de l'année qui financent les prestations de l'année et cela sans passer par des institutions financières qui se goinfreraient au passage. Ce qui implique que l'on bannisse également l'expression "salaire différé". Le salaire socialisé fait d'ailleurs la preuve de l'inutilité et même de la nocivité du capitalisme financier. En témoigne la récente crise...

Trop d'impôt tue l'impôt. Encore un fantasme, l'exemple des États-Unis : en 1942 le président Franklin Roosevelt, avait décidé qu'aucun revenu après impôts ne devait excéder 25 000 $ par an. L'équivalent de 315 000 $ d'aujourd'hui (soit 246 000 €), c'est-à-dire 8,5 fois le revenu médian est 25 fois le plus bas salaire à plein temps. Il a instauré un taux d'imposition de la tranche de revenus la plus élevée de 88 %, augmenté à 94 % en 1944-1945. De 1951 à 1964, il était toujours de 91 %. Il est demeuré autour de 70-75 % jusqu'en 1981. Ensuite le dogme libéral de la baisse des impôts a gagné les États-Unis et puis la France pour aller où ? Dans le mur ! (1)



La faute aux prélèvements obligatoires. En France ils seraient trop élevés (40 % du PIB) cela pénaliserait notre économie. Ce qui n'est pas démontré. Aux États-Unis, pays libéral s'il en est, les prélèvements sociaux privés n'apparaissent pas dans les prélèvements obligatoires : l'assurance-maladie (14 % du PIB) les contributions des employeurs aux fonds de retraite privée (7 % du PIB) (16). Si en France nous sommes en tête des pays développés pour la productivité c'est parce que nous avons un système social et des services publics efficaces. Donc des prélèvements obligatoires qui non seulement ne nuisent pas, mais au contraire favorisent le développement économique et social.

Dans un livre paru en 2003 (46), le Guillaume Duval note qu’au niveau macro économique, parler de prélèvements est une fiction idéologique : il n'y aurait aucune activité marchande possible s'il n'existait pas en même temps tout un secteur non marchand. En effet, en apparence, un ménage voit son salaire amputé des cotisations sociales puis des impôts et taxes, mais, dans le même temps, il a reçu des prestations directes (remboursements de médicaments, aides au logement, etc...) ou indirectes (subventions pour le spectacle auquel il assiste, pour le train qu'il utilise, etc.).

Reste qu'en France la structure de l'impôt est socialement injuste puisqu'elle repose à 80 % sur les seuls salariés.

Les ressources humaines. Quelle expression horrible ! Les humains ramenés au rang de ressources, pour la création de profit, alors que l'être humain doit être la finalité, le seul but !

TVA sociale. C'est un impôt sur la consommation. Le plus injuste puisqu'il pèse proportionnellement plus pour les faibles revenus. Il n'est pas progressif. Il est antinomique avec le principe de notre Sécurité Sociale qui veut que l'on cotise selon ses revenus (pas sur sa consommation) et que l'on reçoive selon ses besoins.


Sources.

1) Dominique Sicot, L'Humanité dimanche du 11 au 17 décembre 2008.

http://www.calameo.com/read/000504339defd8ce83de4

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