samedi 9 juillet 2011

Suite à la candidature de Manuel Valls à la primaire du PS

Lettre ouverte à Manuel Valls

Névache, le 9 juillet 2011.


Monsieur Valls, Par internet son blog : http :www.valls.fr

J’apprends par la presse que vous êtes en désaccord avec le projet du PS (pourtant bien modeste) que vous avez voté il y a peu. S’il vous restait un tout petit peu de crédibilité (je dis bien si et un tout petit peu), cette fois c’est terminé. Cela vient après le « déverrouiller les 35 heures » qui a fait que des adhérents du PS vous priaient de rejoindre l’UMP.

Virer à droite c’est votre droit mais je vous en prie ne vous prétendez plus de gauche. Les grandes conquêtes sociales dans notre pays ne doivent rien à des gens comme vous. En pleine attaque contre notre système de protection sociale vous affirmez « Quant à l’âge de départ à la retraite il n’y aura pas de retour à 60 ans, le dire c’est mentir aux Français ! » (1).

Vous dites J’ai vu la souffrance des classes moyennes, des ouvriers. Si vous les aviez écoutés vous sauriez qu'après 60 ans et même avant on peut dormir à l'assemblée pendant le travail. Chose que l'on ne peut pas faire dans une entreprise sous peine d’être licencié sur-le-champ. C'est dire si vous êtes disqualifié pour affirmer qu’ il n’y aura pas de retour à 60 ans.

Avant qu'une conquête sociale soit réalisée il se trouve des gens (surtout à droite) pour dire que ce n'est pas possible. Dès sa création la Sécurité sociale rencontrait l'hostilité de la droite et du patronat :

Dès 1948, le CNPF, à peine organisé, soutient que « la Sécurité sociale met en danger l'économie du pays »

En 1949, Paul Reynaud (président du conseil, aujourd'hui on dirait premier ministre) dénonce : « la charge excessive des cotisations sociales qui rend notre situation économique intenable ».

Incompétence ou mauvaise foi ? Sans doute les deux car nous avons eu ont ensuite, ce qu’ils ont eux-mêmes appelé les « Trente glorieuses ». Qui a menti aux Français ?

Il ne s’agit pas là d’un problème de croyance ! Mais d’une lutte de classes acharnée du capital contre le monde du travail et vous venez de choisir le camp du grand capital. Celui-là même qui nous a mis (dans la merde) une situation catastrophique qui veut nous faire payer ses dettes et qui provoque (avec l’aide de votre ami DSK directeur du FMI) le pire en Grèce où, pourtant, vos amis socialistes sont au pouvoir et qui comme vous ne « croient » sûrement pas à la retraite à 60 ans à moins qu’ils ne se couchent devant les forces du capital...

Pour reprendre le thème de la croyance : « je ne crois pas aux girouettes ».

Dans votre déclaration de candidature (2) vous prétendez représenter la gauche moderne et vous voulez reprendre votre marche en avant ! Vous êtes sûr que vous ne confondez pas avec la marche arrière ?

Est-ce votre conception de la modernité que de vouloir allonger la durée hebdomadaire du temps de travail et de revenir sur la retraite à 60 ans au prétexte que la durée de vie s'allonge ? Alors que la société (capitaliste) française maintient depuis 10 ou 15 ans ou plus quatre à 5 millions de personnes sans véritable emploi et sans vrai salaire !

Lorsque vous évoquez une France qui désespérait de ses responsables politiques et économiques, c’est justement des gens comme vous qui provoquent ce désespoir en reculant devant les forces du capital. Si je ne m'abuse les socialistes au pouvoir ou largement exonéré de leur responsabilité, de leur devoir (je me refuse d'appeler cela des charges) le patronat français. Pour quel résultat ?

Comme l'écrit Fabrice Nicolino (3) : « Il faudrait nommer l'adversaire, qui est souvent un ennemi. Rappeler cette évidence que la société mondiale est stratifiée en classe sociale aux intérêts évidemment contradictoires. Assumer la perspective de l'affrontement. Admettre qu'aucun changement radical n'a jamais réussi par la discussion et la persuasion. Reconnaître la nécessité de combat immédiat et sans retenue ».

Cela s'appelle « la lutte des classes » et non seulement elle n'a pas disparue (ceux qui l’ affirment ne l'ont jamais trouvée actuelle) mais elle s'est mondialisée. Mais, j'oubliais, vous ne voulez pas changer de système.

Lorsque vous évoquez une efficacité économique, protectrice de l’environnement et vectrice de richesses, pas uniquement pour les puissants, mais pour chacun.

Vous admettez qu'il faut encore des richesses pour les puissants comme si ils n'en avaient pas assez !

Vous dites que la situation de nos comptes publics et sociaux, le niveau de la dette, nous obligent à de la lucidité et à de la sagesse.

La lucidité c’est de désigner l'adversaire et la sagesse c'est s'appuyer sur le Peuple (la majorité sociale) pour un changement en sa faveur.

Mes amis vont penser que je devrais m’en taper vu que je ne vote plus socialiste depuis le deuxième mandat de Mitterrand. En fait je m’en tape mais je suis triste à l’idée qu’il y a des braves gens qui risquent de se faire couillonner.

Michel Cialdella

(1) Dépêche AFP du 6 juillet 2011. (http://www.valls.fr)

(2) http://www.besoindoptimisme.fr/blog/archives/1414

(3) « Qui a tué l'écologie ? », Fabrice Nicolino, éditions « Les Liens qui Libèrent » mars 2011



http://www.calameo.com/read/00050433985cf20c2a197

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