mercredi 27 octobre 2010

Lettre ouverte au PDG de France télévision

Michel Cialdella
michel.cialdella@orange.fr
Mercredi 27 octobre 2010
Monsieur le PDG
France 2

Calvi - Parisot - Estrosi, même combat.

Lors de l'émission "Mots croisés" du 25 octobre 2010, M. Calvi a clairement pris parti pour la représentante du Medef et le représentant du gouvernement.
Extrait significatif du « dialogue » :
Bernard Thibault : « il faut avoir le débat sur les autres sources de financement »
Laurence Parisot : « quelles autres sources ? Ce serait bien de savoir ce qu'il y a comme source de financement »
Bernard Thibault : « je peux vous en donner quelques-unes... »
Yves Calvi : « non ! »

À un autre moment dans l'émission Bernard Thibault et François Chérèque mettent en cause ce que dit le ministre. Yves Calvi s'exclame alors : « C'est pas possible que vous puissiez dire au ministre " Vous mentez".
Et pourquoi donc ? Comment faudrait-il dire « qu'il exprime une contrevérité ? ». La parole d'un ministre n'est pas parole d'Évangile que je sache. Dans histoire récente la presse a fait état à plusieurs reprises de mensonges gouvernementaux au plus haut niveau.

Par exemple dans L'Humanité du 15 juillet 2010 on peut lire :
« Je dis aux 15 millions de retraités qu’on ne touchera pas à leur pension de retraite. »
"Le niveau des pensions baisse et va continuer de baisser. Le durcissement des critères d’accès à la retraite de la loi Balladur de 1993 a pour principal effet d’organiser le décrochage. Le niveau de retraite est calculé sur les 25 meilleures années de salaire. L’évolution des pensions est désindexée de celle des salaires pour être calquée sur les prix. Selon le Conseil d’orientation des retraites, le taux de remplacement net moyen devrait passer de 78 % en 2000 à 64 % en 2040. La loi Fillon de 2003 organise une baisse du même type dans la fonction publique. À cela s’ajoutent les conséquences de l’allongement de la durée de cotisation, qui, jumelé à un report de l’âge légal, va amputer le montant des futures retraites de ceux qui cumulent des périodes de chômage ou d’emplois précaires. Il en sera de même pour ceux qui ne tiendront pas jusqu’à 67 ans (taux plein). Aujourd’hui, l’âge moyen de cessation d’activité est de 59 ans. Le bilan de la réforme Sarkozy peut déjà être écrit. Comme le régime solidaire n’assurera plus une pension suffisante pour un âge de départ acceptable, chacun est incité à souscrire à une assurance individuelle pour « compléter » sa pension".
Et puis un ministre c'est avant tout un serviteur. Il y a quelque temps à la télévision un humoriste déclarait : " les politiques devraient cesser de nous dire ce qu'on doit faire et faire ce qu'on leur dit". Ce jour la Michel Boujenah découvrait la démocratie.

Dans « Le contrat social » Jean-Jacques Rousseau relevait que :
" ...la souveraineté n'étant que l'exercice de la volonté générale ne peut jamais s'aliéner, et que le souverain, qui n'est qu'un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même... le pouvoir peut bien se transmettre, mais non pas la volonté. ... Le souverain peut bien dire, je veux actuellement ce que veut un tel homme ou du moins ce qu'il dit vouloir ; mais il ne peut pas dire, ce que cet homme voudra demain, je le voudrais encore ; puisqu'il est absurde que la volonté se donne des chaînes pour l'avenir, .... Si donc le peuple promet simplement d'obéir, il se dissout par cet acte, il perd sa qualité de peuple ; à l'instant qu'il y a un maître il n'y a plus de souverain, et dès lors le corps politique est détruit".
Ce qu'Yves Calvi et le ministre devraient méditer.

Invoquer la légalité républicaine quand 71 % de la population est opposée à une loi votée par quelques centaines de personnes il faut oser ! D'autant que nos parlementaires ne sont pas élus à la proportionnelle et ne peuvent donc prétendre représenter le peuple ! Pour ces deux raisons au moins leur décision n'est pas légitime. Le président de la République a d'ailleurs reconnu lui-même qu' "il n'avait pas été élu pour ça" (supprimer la retraite à 60 ans).

D'ailleurs, ce n'est pas la loi qui organise la retraite des députés, mais le règlement de l'Assemblée nationale... C'est-à-dire que ceux qui votent les lois n'y sont pas toujours soumis. Est-ce cela la légalité républicaine ?

Et puis franchement le ministre ignore-t-il ce qui suit ? Si il l'ignore il faut qu'il démissionne.

Dans un livre récent (1) les auteurs expliquent que « Le sacre de Nicolas Sarkozy et celui du cynisme social : l'argent ne doit plus se cacher, il est la consécration naturelle du talent, du courage, de l'utilité sociale et de toute réussite. Il est parfaitement légitime que les riches soient riches, toujours plus riches, et rejoint par de nouveaux riches, puisque toute cette accumulation est le moteur même de l'économie et de la croissance ».
Pourtant Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie (2) fait remarquer que « la recherche de leur intérêt personnel par les PDG, les comptables et les banques d'affaires n'a pas conduit à l'efficacité économique, mais bien à une bulle spéculative, accompagnée d'une allocation massivement déséquilibrée de l'investissement. Et quand cette bulle a éclaté, elle a conduit, comme c'est presque toujours le cas, à la récession »... Les « économistes du libre marché ont aussi le sentiment que les marchés laissés à eux-mêmes, sans interférence de l'État, sont efficaces, et que le meilleur moyen d'aider les pauvres consiste à laisser se produire, tout simplement, la croissance économique : d'une façon ou d'une autre, ses bienfaits ruisselleront jusqu'en bas de l'échelle sociale et toucheront les pauvres. (Notons avec intérêt que ces croyances persistent et que la recherche en économie les ait privées de tout fondement intellectuel) ».
Le président des riches ignore également que « Les riches se croient fort nécessaire aux malheureux ; et lorsqu’ils en occupent un grand nombre à leurs ateliers ils disent avec une sorte de jactance qu’ils font vivre beaucoup de monde. Ils devraient dire qu’il faut beaucoup de monde pour les faire vivre dans leur opulent loisir » (3).
La colère du peuple est légitime il faut l'entendre. Aujourd'hui Victor Hugo pourrait encore dire « Je suis monté à cette tribune pour vous dire un seul mot, un mot décisif, selon moi ; ce mot, le voici : Écoutez ! » (4)
je veux rappeler ici que le service public n'est pas au service d'un gouvernement mais des citoyens.
En espérant que mon courrier serve si peu que ce soit à l'amélioration de l'informations. Le service public se doit de faire entendre toutes les opinions et pas seulement la pensée unique.
Respectueuses salutations.
Michel Cialdella


(1) " le président des riches" enquêtes sur l'oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy. Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Éditions zones.
(2) "Un autre monde contre le fan six du marché" Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie ; éditions fayard ; 2006.
3) Pierre Dolivier, curé, 1793
4) Victor Hugo, le 15 septembre 1848.

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