lundi 4 décembre 2017

Dominique Tian rattrapé par sa fraude fiscale






L'Humanité du 4 décembre 2017.

Justice. Dominique Tian rattrapé par sa fraude fiscale.

L'ex débuté (LR) et premier adjoint au maire de Marseille a écopé de 12 mois de prison avec sursis, 300 000 € d'amende et 5 ans d'inéligibilité lors de sa comparution, vendredi dernier, en correctionnelle pour « omission dans sa déclaration de patrimoine » de 2012 et « blanchiment de fraude fiscale ». Celui qui se targuait de figurer parmi les 50 meilleurs députés de France et finalement rattrapée par la réalité. Celle de 2 millions d'euros placés dans 3 banques suisses, hors de portée de leur contribution à la solidarité nationale. Ces placements ont été dévoilés par la régularisation de sa situation fiscale dans le cadre de la circulaire Cazeneuve de 2013 et pour laquelle il a dû préalablement payer une amende de 664 000 €. Dominique Tian, qui se faisait remarquer en commission des affaires sociales avec son rapport zélé sur les fraudeurs aux ASSEDIC et « aux faux chômeurs qui coûtent 200 millions d'euros d'impôts », s'est vu interpeller par la présidente du tribunal : « ne trouvez-vous pas qu'il y a une forme de schizophrénie à fustiger les petits fraudeurs au RSA et à dissimuler parallèlement des comptes en Suisse pour échapper à l'impôt ? ». Le jugement a été mis en délibéré au 26 janvier.


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Le député Tian et son compte en Suisse : déjà une semaine, ne les oubliez pas
24 AVR. 2015 PAR MATHILDE MATHIEU
Voilà déjà une semaine que le député UMP Dominique Tian a reconnu publiquement, contraint et forcé, avoir planqué un compte en Suisse pendant des années. Voilà déjà une semaine que ce pourfendeur patenté de la fraude sociale (celle des autres, celle des « gagne-petit » qui grugent le RSA ou les allocs) a confessé avoir soustrait plus de 1,5 million d’euros au fisc français, avant de profiter d’une circulaire indulgente pour rapatrier discrètement ses billes en 2014. Et rien ne se passe ou presque.

Une brève par-ci, par-là. Aucune manchette nulle part. Pas la moindre déclaration outrée d’un de ses collègues à l’Assemblée. En une semaine, le système politique et médiatique a digéré l’information comme si de rien n’était. Mithridatisé.
C’est la sixième fois –il est vrai- que la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) saisit la justice d’un cas de parlementaire ayant « omis » de signaler des avoirs à l’étranger dans sa déclaration de patrimoine. Après un an et demi d’exercice, on confine déjà à la routine.
L’affaire semble pliée. Faute de villa cachée tape-à-l’œil (style Balkany) ou de démenti théâtral « en bloc et en détail » (façon Cahuzac dans l’hémicycle), l’histoire du député Tian ne mérite pas le JT de « 20 heures ». De toutes façons, son nom est inconnu au bataillon en dehors de sa circonscription -marseillaise qui plus est, ça relèverait presque du folklore.
Ce type de comportement instille pourtant un véritable poison. Comment les citoyens peuvent-ils accepter ce silence organisé, alors qu’un parlementaire, de ceux qui votent l’impôt, les barèmes et les crédits pour lutter contre l’évasion fiscale, a siégé pendant des années en se dérobant à ses obligations fiscales ?
« La fraude (…) ne constitue pas seulement une perte de ressources très importante et une masse considérable de dépenses injustifiées pour nos finances (…), elle est aussi source d’injustice, de déséquilibre économique et plus fondamentalement elle sape la confiance des assurés dans notre système de protection sociale, résumait récemment un député, dans un rapport sur la fraude sociale. Nos concitoyens, à juste titre en ces temps de crise, ne l’acceptent plus. » Ce député, c’était Dominique Tian.  
Avec lui-même, l’élu se montre aujourd’hui beaucoup plus indulgent. « C’est un problème familial et personnel », a-t-il relativisé lundi sur les ondes de France Bleue Provence, affirmant qu’il avait hérité cet argent de son père, se cherchant mille excuses. « C’est un problème européen parce que les banques suisses ont été extrêmement persuasives, c’est des comptes qui ont 40  ans ou 50 ans, a-t-il ajouté. J’ai régularisé ma situation comme 35 000 autres français. Vous savez, Bercy a ouvert une cellule spéciale qu’ils ont renforcée tellement y a de Français qui ont régularisé leur situation [via la circulaire dite Cazeneuve]. Tant mieux, ça veut dire qu’on résout un problème extrêmement empoisonnant pour beaucoup de gens. » Les Français doivent aujourd’hui le comprendre : détenir plus de 1,5 million d’euros outre-Léman, c’est un « problème extrêmement empoisonnant ».
Assez vite, le journaliste a enchaîné avec une question sur la création de la « prime d’activité » annoncée par François Hollande le week-end dernier, censée inciter les Français à travailler davantage. « C’est plutôt une bonne mesure que de récompenser les gens qui travaillent », a osé tranquillement Dominique Tian.
Au moins France Bleue a-t-elle interviewé le député. A part une dépêche AFP faiblement relayée sur les sites internet des journaux (et réduite à quatre phrases sur celui du Monde), c’est en effet le seul média, à notre connaissance, à l’avoir publiquement titillé.
L’avantage de cette sous-médiatisation, c’est qu’aucun collègue de Dominique Tian ne s’est senti obligé de répliquer en attaquant le travail de la HATVP. En novembre dernier, la précédente saisine de la justice relative à Bernard Brochand (UMP), Bruno Sido (UMP) et Lucien Degauchy (UMP), également détenteurs de comptes en Suisse pendant des années, avait déclenché des réactions outrées.
« On ne va pas tomber dans un régime de Gestapo quand même », avait lancé le sénateur Christian Cambon (UMP), remonté contre « cette espèce d’hallali qu’on lance contre les parlementaires »« J’ai bien compris que la Haute autorité et M. Nadal [son président] voulait se payer les parlementaires. Mais qu’on respecte la procédure et la présomption d’innocence ».
Quand les intéressés reconnaissent avoir dupé le fisc pendant des années, pourquoi attendre de savoir s’ils ont en plus commis un délit pénal en falsifiant leurs déclarations de patrimoine auprès de la HATVP ? Les épargner, c’est risquer de désespérer encore un peu plus les citoyens.

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