Eric Verhaeghe dit : " Euh… la Sécu coûte
trois fois moins cher ? "
Mon commentaire.
Eh oui, trois fois
moins chère qu'une mutuelle, et je ne parle pas des assurances privées. De
plus, la sécurité sociale est égalitaire contrairement aux complémentaires plus
coûteuses, inefficaces, et de plus en plus inégalitaires. À l'origine la
sécurité sociale est un organisme de droit privé exerçant une mission de
service public, géré majoritairement par la classe ouvrière (trois quarts des
sièges) de 1945 à 1960. À partir du décret du 12 mai 1960 (De Gaulle) l'État a
commencé sa mainmise sur l'institution. Et puis de contre-réforme encontre des
réformes patronat et gouvernements se sont attachés à démanteler à rabougrir, à
transférer sur les complémentaires. Le déficit, c'est-à-dire le besoin de
financement a été organisé en gelant le taux de cotisation (en 1979 pour les
retraites et en 1984 pour l'assurance-maladie) au nom des prélèvements obligatoires
qui deviendraient insupportables.
Pour comprendre, il
faut se souvenir que la sécurité sociale n'a jamais été acceptée par le
patronat et par la droite qui l'ont subie en 1945 grâces au rapport des forces
favorables aux travailleurs. Les attaques sont venues très tôt dès sa mise en
place et même un peu avant. Puisque dès le 20 décembre 1945 le MRP, qui
soutenait De Gaulle, a déposé une proposition de loi visant à revenir sur les
ordonnances du 4 octobre 1945.
De Gaulle avait mis l’accent, dans son discours de Compiègne, sur la
nécessité de réduire les dépenses sociales, en ces termes « réduire les
dépenses de manière durable et effective ; cela comporte, en effet, la
suppression de services entiers, la mise en ordre radicale des entreprises
nationalisées, la réforme profonde du fonctionnement des assurances
sociales… ».
Nôtre Sécurité sociale
qui appartient au peuple et non pas aux élus qui n'ont aucune légitimité pour
la détruire, n'a pas besoin de contre-réforme. Il est vital pour son
développement de revenir aux principes fondateurs : universalité, régime unique
et gérer démocratiquement par les intéressés, c'est-à-dire les salariés qui
représentent 91 % de la population active. Avec un financement assis sur la
création par les intéressés de valeur économique. En France les moyens existent
! Les profits du CAC 40 en hausse continue, l'évasion fiscale qui fait perdre
des milliards à la France, les parachutes dorés les salaires hors de
proportion.
Un certain Eric Verhaeghe, dans un livre paru en
2011 (*)
écrivait des choses intéressantes :
« les médias n'ont cessé de nous répéter, et ne cessent encore de le
faire, que le travail en France coûtait et coûte toujours trop cher. On paye
trop les salariés. Les charges sociales sont trop élevées. Baisser le coût du
travail est devenu une obsession.… Il a fallu accepter une longue stagnation
des salaires… Que les salariés et du produire un 35 heures ce qu'ils
produisaient en 39 importait peu. L'essentiel était de limiter au maximum les
coûts. Comme cela ne suffisait pas, les allégements de charges ont reporté sur
le contribuable impôt annuel de 30 milliards d'euros porté jusque-là par les
employeurs. Ce transfert explique une très large partie de la dette publique
contractée depuis 15 ans. Quand on sait que l'essentiel des impôts est acquitté
par les salariés, en réalité cette opération a consisté à reporter sur ceux qui
travaillent ce qui incombait
auparavant à ceux qui les emploient. Plus loin il dénonce le système des parachutes dorés par exemple qui
permet à un patron de partir avec plusieurs millions d'euros d'indemnités
lorsqu'il est révoqué par son conseil d'administration… Il consiste en effet à
récompenser grassement un dirigeant qui a échoué… Plus loin la dictature des actionnaires dans les
entreprises oblige souvent à verser un dividende l'argent nécessaire à des
investissements indispensables… Plus loin ce qui sert à tous est stigmatisé : la sécurité sociale, l'école, les
dépenses publiques, l'impôt. Ce qui sert à l'élite et au paraître éventé : les
montres en or, les vacances de luxe, l'héritage, la rente, le tape-à-l'œil des
grosses voitures, les petits arrangements entre amis ou entre membres d'une
même famille… »
Intéressant, non ?
Michel Cialdella,
anciens administrateurs CGT de la CPA M de Grenoble, auteur de « La sécurité
sociale une conquête en danger »
« Jusqu'ici tout va
bien ! » Eric Verhaeghe, éditions Jacob Duvernet-2011.