vendredi 6 janvier 2017

Réponse à Eric Verhaeghe, ancien du MEDEF


Eric Verhaeghe dit : " Euh… la Sécu coûte trois fois moins cher ? "

Mon commentaire.

Eh oui, trois fois moins chère qu'une mutuelle, et je ne parle pas des assurances privées. De plus, la sécurité sociale est égalitaire contrairement aux complémentaires plus coûteuses, inefficaces, et de plus en plus inégalitaires. À l'origine la sécurité sociale est un organisme de droit privé exerçant une mission de service public, géré majoritairement par la classe ouvrière (trois quarts des sièges) de 1945 à 1960. À partir du décret du 12 mai 1960 (De Gaulle) l'État a commencé sa mainmise sur l'institution. Et puis de contre-réforme encontre des réformes patronat et gouvernements se sont attachés à démanteler à rabougrir, à transférer sur les complémentaires. Le déficit, c'est-à-dire le besoin de financement a été organisé en gelant le taux de cotisation (en 1979 pour les retraites et en 1984 pour l'assurance-maladie) au nom des prélèvements obligatoires qui deviendraient insupportables.

Pour comprendre, il faut se souvenir que la sécurité sociale n'a jamais été acceptée par le patronat et par la droite qui l'ont subie en 1945 grâces au rapport des forces favorables aux travailleurs. Les attaques sont venues très tôt dès sa mise en place et même un peu avant. Puisque dès le 20 décembre 1945 le MRP, qui soutenait De Gaulle, a déposé une proposition de loi visant à revenir sur les ordonnances du 4 octobre 1945.

De Gaulle avait mis l’accent, dans son discours de Compiègne, sur la nécessité de réduire les dépenses sociales, en ces termes « réduire les dépenses de manière durable et effective ; cela comporte, en effet, la suppression de services entiers, la mise en ordre radicale des entreprises nationalisées, la réforme profonde du fonctionnement des assurances sociales… ».

Nôtre Sécurité sociale qui appartient au peuple et non pas aux élus qui n'ont aucune légitimité pour la détruire, n'a pas besoin de contre-réforme. Il est vital pour son développement de revenir aux principes fondateurs : universalité, régime unique et gérer démocratiquement par les intéressés, c'est-à-dire les salariés qui représentent 91 % de la population active. Avec un financement assis sur la création par les intéressés de valeur économique. En France les moyens existent ! Les profits du CAC 40 en hausse continue, l'évasion fiscale qui fait perdre des milliards à la France, les parachutes dorés les salaires hors de proportion.

Un certain Eric Verhaeghe, dans un livre paru en 2011 (*) écrivait des choses intéressantes :

« les médias n'ont cessé de nous répéter, et ne cessent encore de le faire, que le travail en France coûtait et coûte toujours trop cher. On paye trop les salariés. Les charges sociales sont trop élevées. Baisser le coût du travail est devenu une obsession.… Il a fallu accepter une longue stagnation des salaires… Que les salariés et du produire un 35 heures ce qu'ils produisaient en 39 importait peu. L'essentiel était de limiter au maximum les coûts. Comme cela ne suffisait pas, les allégements de charges ont reporté sur le contribuable impôt annuel de 30 milliards d'euros porté jusque-là par les employeurs. Ce transfert explique une très large partie de la dette publique contractée depuis 15 ans. Quand on sait que l'essentiel des impôts est acquitté par les salariés, en réalité cette opération a consisté à reporter sur ceux qui travaillent ce qui incombait auparavant à ceux qui les emploient. Plus loin il dénonce le système des parachutes dorés par exemple qui permet à un patron de partir avec plusieurs millions d'euros d'indemnités lorsqu'il est révoqué par son conseil d'administration… Il consiste en effet à récompenser grassement un dirigeant qui a échoué… Plus loin la dictature des actionnaires dans les entreprises oblige souvent à verser un dividende l'argent nécessaire à des investissements indispensables… Plus loin ce qui sert à tous est stigmatisé : la sécurité sociale, l'école, les dépenses publiques, l'impôt. Ce qui sert à l'élite et au paraître éventé : les montres en or, les vacances de luxe, l'héritage, la rente, le tape-à-l'œil des grosses voitures, les petits arrangements entre amis ou entre membres d'une même famille… »

Intéressant, non ?

Michel Cialdella, anciens administrateurs CGT de la CPA M de Grenoble, auteur de « La sécurité sociale une conquête en danger »

« Jusqu'ici tout va bien ! » Eric Verhaeghe, éditions Jacob Duvernet-2011.