jeudi 26 septembre 2019

Fabien Roussel interpelle Emmanuel Macron




Immigration. Fabien Roussel interpelle Emmanuel Macron

Mercredi, 25 Septembre, 2019

Alors que le président de la République a lancé un débat sur l’immigration qui, par bien des aspects légitime le discours du Front national, le secrétaire national du PCF et député du Nord, Fabien Roussel, précise ses positions sur le sujet dans une « Lettre ouverte à Emmanuel Macron ».

« Monsieur le Président, Vous voulez parler immigration ? Eh bien parlons-en ! »

Pour la deuxième fois en moins d’un an, vous voulez imposer le thème de l’immigration dans l’actualité. À six mois des élections, c’est une vieille ficelle ! Après le vote tout récent de la loi « Asile et Immigration », c’est même de l’acharnement !

Vous voulez parler immigration ? Eh bien parlons en !

Le sujet mérite mieux que d'être instrumentalisé pour diviser les citoyens, pour imposer votre duo avec l’extrême droite et au final pour flétrir notre République.

Parlons de ces familles qui quittent des pays dont les richesses sont pillées, dont les États sont placés sous tutelle de banques internationales et de dictateurs corrompus, dont les infrastructures publiques ont été bradées à des multinationales ! Parlons des coopérations à développer, qui permettraient à chaque peuple de retrouver sa souveraineté sur ses ressources et son économie.

Parlons de la taxe sur les transactions financières que vous avez refusé d’élargir pour ne pas heurter le monde de la finance, nous privant de deux milliards d’euros destinés à ces pays.

Parlons des 5 milliards d’euros que représente la contribution des migrants à la création de richesses dans notre pays, quand l’Aide médicale d’État, que vous voulez remettre en cause, ne coûte que 900 millions.

Parlons de celles et ceux qui fuient tous ces conflits dans lesquels nous portons une part de responsabilité, dont l'OTAN a été l'acteur ces dernières années : l'Afghanistan, la Libye, la Syrie, le Yemen. Comment peut-on laisser mourir en Méditerranée des hommes, des femmes, des enfants qui fuient le chaos, les bombes, parfois nos bombes ?

Parlons des migrations à venir, que causeront le dérèglement climatique et son lot de catastrophes naturelles. Si nous n’agissons pas fortement, ces migrations vont se multiplier, jetant sur les routes des familles qui auront tout perdu. L’Union européenne est parmi les 3 principaux pollueurs de la planète, et nous devrions nous exonérer de toute responsabilité ?

Parlons donc des moyens à développer en urgence pour que l’Europe tienne ses engagements en faveur du climat.

Parlons de ces travailleurs sans papiers que de très grandes entreprises exploitent sans vergogne en les contraignant à la clandestinité. Quand allez vous les régulariser ?

Parlons des travailleurs que vous livrez à la concurrence avec vos traités européens, qui sont soumis au dumping social opposant les salarié-es de toute l’Union Européenne, dumping que votre directive « travailleurs détachés » n’a en rien remis en cause… Nous voulons les mêmes droits pour tous !

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », affirme la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen. Alors, pourquoi aujourd’hui, dans un pays qui en a tous les moyens, ne pas reconnaître le droit de vote des étrangers résidant et payant leurs impôts en France ?

Non, de tout cela vous ne voulez pas débattre car vous préférez que la nation s'écharpe sur l’Aide médicale d’État et sur les allocations sociales, ou qu'elle se préoccupe seulement de distinguer les migrants selon qu'ils fuient la guerre, une catastrophe naturelle ou la misère ?

Vous voulez que nous débattions pour savoir si 28 pays et 500 millions d’Européens sont en capacité d’accueillir quelques dizaines de milliers d'êtres humains, quelque 3% de migrants à travers le monde, risquant leur vie sur un bateau en Méditerranée ? Les pays du pourtour méditerranéen peuvent-il s’exempter du droit maritime et du droit international ?

Monsieur le Président, l’ennemi ne vient pas en bateau. Il vient en jet privé et il se moque des frontières. La pression n’est pas migratoire, elle vient de la finance. Si des entreprises délocalisent, ça n’a jamais été à cause d’un immigré. C’est à cause d’un capital avide de profits qui ronge comme un cancer notre économie, nos emplois, nos droits.

Tous ces hommes et toutes ces femmes que vous stigmatisez sont nos frères et nos sœurs. Nous ne faisons pas de distinctions entre eux. Nous réclamons des droits pour tous, condition d’un accueil réussi. Le droit à la dignité humaine, dans un monde de justice et de paix, dans une France humaniste et universaliste.

Pour ouvrir vraiment un débat sérieux et porter des solutions de progrès, je vous adresse ce jour le manifeste « Pour une France hospitalière et fraternelle, une Europe solidaire », qu’a récemment rendu public le Parti communiste français.

Paris, le 25 septembre 2019

Fabien Roussel,

Secrétaire national du PCF, député du Nord


samedi 21 septembre 2019

Il commence à me plaire ce Piketty




Contre-feux. Piqûre de rappel

L’Humanité du Vendredi, 20 Septembre, 2019



De nombreux journalistes, gardiens de la pensée unique, ont perdu leur sang-froid à la lecture du dernier livre de Thomas Piketty.

« Version fiscale de la confiscation des biens nationaux au moment de la Révolution française » et « spoliation » selon Nicolas Demorand, je dirais même plus, « logique du bouc émissaire », selon Léa Salamé, sa comparse du grand entretien de France Inter… Expression d’un des « charmes vénéneux de l’esprit français » pour Nicolas Beytout, invité, pour l’Opinion, à s’exprimer devant les micros d’Europe 1. « Inique et liberticide » selon Philippe Trainar, professeur titulaire de la chaire assurance du Cnam, qui voit, pour les Échos, surgir parmi les pages de l’ouvrage de Thomas Piketty rien moins que « le Moloch vorace de l’égalité », qui, comme le sait tout lecteur consciencieux de la Bible, désigne la féroce divinité des anciens Cananéens exigeant le sacrifice des enfants par le feu.

Métaphore religieuse filée alors que fument encore les ruines calcinées de Notre-Dame dans le lointain de nos mémoires meurtries, les trompettes de l’apocalypse en moins, pour Jean-Pierre Robin, qui voit en Piketty un « bénédictin des inégalités mondiales » et un « activiste fiscal » dont « l’érudition foisonnante (…) confine à la faute de goût ». Les propositions de Capital et idéologie semblent avoir suscité une régression intellectuelle d’une virulence folle. Pourquoi tant de haine, pourrait-on se demander, pour celui qui se réclame plus de Roosevelt que, le couteau entre les dents, de quelque pétroleuse avide de sang et de flamme ?

Marx écrivait, dans la préface du Capital : « Sur le terrain de l’économie politique, la libre et scientifique recherche rencontre bien plus d’ennemis que dans ses autres champs d’exploration. » Et d’ajouter : « La nature particulière du sujet qu’elle traite soulève contre elle et amène sur le champ de bataille les passions les plus vives, les plus mesquines et les plus haïssables du cœur humain, toutes les furies de l’intérêt privé. » Bien sûr, c’était avant l’invention de la vaccination de la rage par Louis Pasteur.

Jérôme Skalski


mercredi 4 septembre 2019





Fontaine, le 29 août 2019



Philippe Martinez
Secrétaire général de la CGT
263 rue de Paris
93100 Montreuil.

Objet : la Sécurité sociale.



Cher Camarade.

Tout d’abord permets moi de me présenter. J’ai adhéré à la CGT en 1958. Au cours de mon engagement j’ai exercé de nombreux mandats, dans la métallurgie comme délégué du personnel et secrétaire du syndicat des métaux de Grenoble. Après une période de chômage, j’entre dans la fonction publique. Je deviens secrétaire du syndicat FERC-sup de l’université Joseph Fourrier de Grenoble. Puis à la CE de l’UD de l’Isère et enfin pendant 18 ans administrateur de la CPAM de Grenoble que je représentais de 1991 à 1995 au conseil d’administration du CHU de Grenoble.

Depuis décembre 2009 je n’ai plus de mandat mais j’interviens à la demande de mon organisation sur les questions qui touchent à  la Sécurité sociale que je prétends connaître un peu grâce au travail effectué sur le sujet depuis 1979 et un peu grâce au 18 ans passés à la CPAM.
J’ai animé de nombreux débat à la suite du film « La sociale » dont un à Montreuil (
photos) pour la métallurgie le 22 mars 2017 en compagnie de Bernard Lamirand









Il nous faut affirmer haut et fort que nous ne sommes pas en démocratie. D’une part parce que dans le capitalisme la démocratie c’est le masque de la dictature du capital. D’autre part, en France la Constitution attribue au président, de plus, mal élu (18% des inscrits) des pouvoirs lui permettant de décider de tout. Ça suffit ! Il ne faut plus se rendre aux « convocations » d’un ministre ou du président. Il faut s’y rendre pour négocier (pas discuter) avec nos revendications et seulement nos revendications tout en travaillant à faire monter le rapport des forces pour faire aboutir ces revendication




Voilà pour la présentation, un peu longue mais je crois que c’était nécessaire.

Nous devons nous préparer à une nouvelle attaque du capital contre les conquêtes ouvrières, notamment contre les retraites et je tenais à te faire part de mon analyse.
Voilà 40 ans que nous tentons de stopper, sans succès, l’offensive patronale. Il est grand temps de changer de méthode. Je crois (et je suis même sûr) qu’il faut cesser la comédie du « dialogue social ». Il ne saurait y avoir de « dialogue » avec l’ennemi de classe, nous ne sommes pas des « partenaires sociaux ». Les mots ont un sens, n’employons pas ceux de l’ennemi. J’ai bientôt 79 ans et j’ai connu l’époque où nous appelions les choses par leurs vrais noms !

Venons-en aux revendications.

Pour le patron du Medef la retraite c’est mathématique. Eh bien non la retraite comme l’ensemble de la Sécurité sociale c’est politique. Les concepteurs de la Sécurité sociale, Croizat en tête n’ont pas demandé l’avis du Bézieux de l’époque, ils ont créé l’institution dont les travailleurs avaient (et ont toujours) besoin sans se poser la question : « est-ce possible » ?.

Si nous partons au combat contre les mesures gouvernementales chaque régime de son côté avec sa calculette : « on est mort ».

La France est un pays très riche entre 1949 et 2018 le PIB a été multiplié par 8,5 en euros constant (INSEE). Alors pas de mégotage et ses « propositions », le gouvernement on lui dit où il se les met. Jusqu’au début des années 1990 nous partions à la retraite à 60 ans et 37,5 années de cotisations et personne n’en mourrait (même pas Bézieux).

Il est donc possible aujourd’hui d’être à la retraite à 60 ans avec 80% de son meilleur salaire brut, sans condition de durée de cotisation, cela permettra aux jeunes d’avoir un emploi. Etant entendu que si la retraite c’est la fin de l’emploi, ça n’est pas la fin du travail. Paraphrasant Bernard Friot, je dirais qu’un retraité qui cultive son potager, qui s’occupe de ses petits-enfants, créé plus de richesses qu’un conseiller en communication à Macron.

De mon point de vue, il serait souhaitable de traiter la Sécurité sociale, comme l’ont voulu les concepteurs : comme un tout, les branches Maladies, Vieillesse, Famille auxquelles il faudrait ajouter le chômage. Pour au moins deux raisons l’Unicité et l’interdépendance des risques. Cela avec un taux de cotisation unique. En finir avec l’expression « cotisations salariales et patronales » et le remplacer par un prélèvement unique (à définir) sur la valeur ajouté de l’entreprise, ce que sont en réalité ces deux prélèvements.

Dans le cadre d’une Sécu unifiée à régime unique (figure 1), la CGT doit porter la revendication de suppression de toutes les complémentaires et s’agissant d’un salaire socialisé la gestion doit être assurée par les salariés élus à la proportionnelle sur listes syndicales à l’exclusion des patrons qui n’ont aucune légitimité pour gérer notre salaire (direct et indirect) et avec un contrôle citoyens.

Je suis conscient que tout cela est difficile. Mais depuis quand la lutte des classes est-elle facile ?

Fraternelles salutations

Michel Cialdella






Figure 1