mercredi 28 novembre 2018

Holà les Gilets jaunes !



Holà les Gilets jaunes !

C’est un peu lassant d’entendre certain « gilets jaunes » présenter leur action comme quelque chose de supérieur aux actions syndicales et dans le même temps affirmer que c’est la première fois qu’ils manifestent. C’est justement ça le problème « Il ne viennent pas aux manifestations organisées par les syndicats ». S’ils avaient participé régulièrement aux luttes, peut-être bien que nous n’en serions pas là. Je rappelle que les conquêtes dans notre pays : sont le résultat d’un rapport de force syndical et politique. Nombreux sont parmi les gilets jaunes a à avoir voté Macron et aujourd’hui ils sont surpris. Mais s’il avaient été de nos combats, il n’auraient jamais voté pour un banquier ! Ils critiquent les syndicats avec des ragots, des à priori et des « on dit », très éloignés de la réalité.

Pour ce qui me concerne, la CGT ne se limite pas à son secrétaire général. Il y a des dizaines de milliers de militants qui agissent tous les jours dans les entreprises dans des conditions difficiles pour défendre les salariés. En France il y a environ 26 millions de salariés. A la CGT nous sommes 700 000 adhérents, retraités compris. C’est nettement insuffisant pour la responsabilité qui est la nôtre.

Avec les lois Macron, le nombre d’élus syndicaux sera considérablement réduit et donc vous serez moins bien défendu. Alors plutôt que de colporter des contre-vérités investissez les syndicats c’est très facile il suffit d’adhérer. Et ne me dites pas que vous n’avez pas le choix, en France il y a toute une palette d’organisations : CGT, FO, Solidaire, CFDT, UNSA, CFTC, CGC et j’en oublie peut-être. D’ailleurs, il serait plus efficace qu’il y en ait moins.

Comme cela vous participerez à l’élaboration des revendications et déciderez des formes d’actions tout en enrichissant vos connaissances et vous vous formerez.

Allez, tous dans la rue le 1er décembre, et venez comme vous êtes gilets jaune, rouge ou pas de gilet.

Les revendications ne se limitent pas aux taxes mais comprennent : les salaires et pensions le maintient des petite lignes de chemin de fer, les transports gratuits dans les agglomérations, une sécurité sociale qui prennent les soins à 100%, la prise en compte de la perte d’autonomie par la branche maladie de la Sécu.

Michel Cialdella.

Syndiqué depuis 1957 à la CGT. Licencié 3 fois pour activités syndicales. Vous voyez militant c’est la planque. Mais en même temps, lorsqu’une lutte est victorieuse, et en ce qui me concerne : la 4e semaine de congés, des augmentations de salaires. Les grandes luttes de 1968 (où j’ai passé plus de temps dans la boite que nous occupions que lorsque nous y travaillions), quelles satisfactions, un sentiment de dignité vous étreint ! Que du bonheur comme on dit maintenant.

lundi 19 novembre 2018

A propos du financement de la sécurité sociale.






« L’ordonnance du 4 octobre 1945… a été le produit d’une année de travail…
La sécurité sociale, pour assurer son efficacité,… doit être confiée aux Français et Françaises, sans considération de politique, de religion ou de conception philosophique »

Ambroise Croizat le 8 août 1946

A propos du financement de la sécurité sociale.

En ce moment, le parlement débat du budget 2019 de la Sécurité sociale.

« Faire appel au budget de l'État, c'est inévitablement subordonner l'efficacité de la politique sociale à des considérations purement financières qui risquent de paralyser les efforts accomplis. Mais il y a une autre raison infiniment plus importante, qui se relie à tout l'esprit des réformes en cours, à tout l'esprit de la politique sociale et du plan de sécurité sociale : c'est que la sécurité sociale doit être l'œuvre des intéressés eux-mêmes ; elle doit reposer sur un effort véritable des intéressés. C'est pourquoi tout le plan de sécurité sociale doit être alimenté par les contributions des bénéficiaires. Sans doute, au versement direct de ces derniers s'ajoutent, lorsqu'il s'agit de salariés, les contributions des employeurs dont l'importance est beaucoup plus grande que celle des bénéficiaires. Mais, si l'on va au fond des choses, il n'y a pas de différence profonde entre la contribution de l'employeur et la contribution du bénéficiaire. En effet, la contribution de l'employeur et, en réalité, la contribution de l'entreprise. Et toute l'évolution économique et sociale d'aujourd'hui tend à associer les travailleurs à la gestion des entreprises et par la même doit les conduire à considérer que les deniers de l'entreprise sont en même temps les leurs, et que ce qui est versé par l'entreprise est versé par eux, ce qui est d'ailleurs, dans une certaine mesure, la vérité. Nous entendons ainsi réaliser le plan de sécurité sociale sans rien demander au budget en demandant tout à l'effort des intéressés et des entreprises ». (Pierre Laroque) (1).

Jusqu’en 1996 le Parlement ne votait pas le budget de la Sécurité sociale. Ce qui est normal vu qu’il s’agit d’une part de notre salaire. À l’origine le budget de la Sécurité sociale était alimenté uniquement par les cotisations sociales. Le gouvernement « se contentant » d’augmenter le taux de cotisation qui progressa jusqu’au début des années 1970. Durant cette période un grand nombre de CHU a vu le jour subventionné par la branche maladie de la sécurité sociale. Et personne n’en est mort !

Au lieu de poursuivre dans cette voie, les gouvernements successifs ont gelé les taux de cotisation : en 1979 pour la retraite et en 1984 pour la santé. Et jusqu’en 1967 dates des ordonnances Jean-Marcel Jeanneney - De Gaulle, les caisses de Sécurité sociale étaient gérées par les intéressés. Les conseils d’administration étaient élus par les salariés et composé pour trois quarts des représentants des salariés, avec des pouvoirs étendus. Ce qui était insupportable au patronat et à la droite parfois appelée parti socialiste.

Revenir à ces principes fondamentaux ça n’est pas revenir en arrière bien au contraire. Ce système a largement démontré son efficacité. Ce qu’ils appellent le « déficit » est une construction politique pour justifier la casse de notre salaire socialisé. D’ailleurs Pierre Laroque dénonçait en 1992 « Le déficit est artificiel puisque, seuls, les pouvoirs publics fixent à la fois le montant des cotisations et le taux de toutes les prestations ». Aujourd’hui le PIB qui est la somme des valeurs ajoutées créées en France est composée aujourd’hui à 60 % par les salaires. En 1982 les salaires représentaient 70 % du PIB. Dans un premier temps revenir à cette répartition des richesses permettrait d’augmenter la masse salariale de 220 milliards d’euros environ et permettrait d’abonder à hauteur de 88 milliards d’euros les trois branches de la Sécurité sociale (maladie, vieillesse, famille).

L’apparition de nouvelles maladies, l’utilisation de technologie sophistiquées, le fait que l’on passe plus longtemps à la retraite justifient que l’on augmente massivement les cotisations sociales dites « patronales ». En fait cette  expression est fallacieuse, il s’agit d’une part de la valeur ajoutée (créée par le travail des producteur que nous sommes) prélevée pour le salaire direct, le salaire socialisé (les cotisations) mais aussi le profit. Si cela pose des problèmes aux PME, on ne les résoudra pas en abaissant les cotisations, mais en augmentant les prix de ces entreprises qui sont totalement sous la coupe de leurs fournisseurs ou acheteurs.

Bien entendu s’agissant d’un salaire socialisé, la gestion devrait revenir aux seuls salariés. Les patrons n’ayant rien à faire dans la gestion d’un salaire qu’il soit direct ou indirect. Les salariés qui depuis des décennies ont pu se former, se cultiver et ont démontré par le passé leur capacité de gestionnaire n’ont pas besoin d’être chapeauté par des parlementaires. Ils sont responsables et n’ont aucune leçon à recevoir des gouvernements qui les méprisent !

Notons encore que ceux qui s’acharnent encore au nom des déficits qu’ils ont eux-mêmes organisé devraient se demander comment estimer les millions de personnes qui ont pu, grâce à la Sécurité sociale : se soigner, avoir la vie sauve. Mais pour les violents (2) qui nous gouvernent peux importe qu’en plus un grand nombre ont une retraite décente et puisse éduquer leur enfants grâce au allocations familiales. Seulement voilà, en 2018 pour les trois branches de la Sécu c’est un budget de 498 milliards € (3) qui échappe à la goinfrerie des capitalistes.

Michel Cialdella
ex-administrateur de la CPAM de Grenoble





1.      Pierre Laroque était le directeur de la Sécurité sociale au ministère d’Ambroise Croizat. S’il n’est pas le père de la Sécurité sociale comme certains le prétende, il a tout de même joué un rôle important.

2.      Les riches, dont la violence n’est jamais mentionnée. « La violence des riches » livre des Pinçon – Charlot – Editions Zones - 2013

3.      Loi de financement de la Sécurité sociale, 2018.

dimanche 18 novembre 2018

TOUS DES FACHOS ?







Il ne faut pas me faire dire ce que je n’ai pas dit.
Réponse à mes contradicteurs.

Je n’ai jamais dit que tous les gilets jaunes étaient des fachos. Mais le fait que des organisations fascisantes soutiennent ce genre d’action me paraient pour le moins suspect. Depuis quand Dupont Aignant et Marine Le Pen soutiennent les luttes des travailleurs ? Que dire du matraquage médiatique en faveur du blocage ? Les médias qui qualifient de déferlante quelques milliers de manifestants sur les Champs-Élysées alors que le même nombre de manifestants serait qualifié d’échec s’il émanait d’organisations syndicales !

Est-ce éveiller les consciences que de manifester « bras dessus bras dessous » avec le patronat ? Pour ma part je ne pense pas, Lénine non plus d’ailleurs « L’exploiteur ne peut être l’égal de l’exploité ». On ne peut pas évoquer en permanence la lutte des classes et l’ignorer à propos d’une manifestation qui serait selon les sondages officiels soutenus par 70 % de la population. Quelqu’un me suggère, citant Bertolt Brecht de « changer le peuple ». Le changer sûrement pas, mais l’éduquer certainement. D’ailleurs Lénine disait : « Sans que la lutte pour les droits soit menée immédiatement et sans délai, sans que les masses soient éduquées dans l’esprit d’une telle lutte, le socialisme est impossible ».

L’éducation, c’est sans doute la principale faille des organisations syndicales et politiques. (Je pense bien sûr à mes organisations : C.G.T, P.C.F).

À décharge de ces organisations la faiblesse en militant qui tient en partie seulement de leurs responsabilités mais aussi et peut-être surtout des non syndiqués qui sont les plus nombreux et qui savent venir nous trouver quand ils sont en difficulté. Ajoutons que dans les boîtes la chasse aux militants est ouverte, ce qui rend difficile l’action. À titre personnel j’ai arrêté de me flageller considérant que la CGT et le parti communiste le porte pas tous les malheurs du monde.

Concernant Bernard Friot qui selon certains, ne serait pas marxiste voir anti marxiste. Je persiste à penser qu’ils ne l’ont pas vraiment lu. Mais soit, la théorie marxiste n’est pas une chose figée et Lénine (encore lui) considérait que sa théorie n’était pas achevée. Selon moi si Bernard Friot cherche à s’émanciper de de la valeur travail, c’est pour mieux aller vers une autre théorie de Marx, passer de l’égalité formelle à l’égalité réelle, c’est-à-dire la réalisation du principe : « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

Lorsque Marx analyse la valeur d’échange c’est parce qu’il l’inscrit dans le fonctionnement du capitalisme. Cela ne signifie pas qu’il est pour le capitalisme.

Bernard Friot qui vient d’écrire un livre d’entretiens « Réussir le communisme » avec Frédéric Durand, journaliste.

Se référant à Marx et Engels, ils écrivent:

« Le communisme n’est pour nous ni un état qui doit être créé, ni un idéal sur lequel la réalité devra se régler. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel. Les conditions de ce mouvement résultent des prémisses actuellement existantes ». (Marx et Engels, l’idéologie allemande) .

Alors, marxiste ou pas le Bernard ?

Michel Cialdella
marxo-friotiste

samedi 17 novembre 2018

Et il faudrait manifester avec ces gens-là





Et il faudrait manifester avec ces gens-là

Vendredi 20 mai 2016

Marine Le Pen, présidente du FN, a prôné vendredi l'interdiction de toutes les manifestations en période d'état d'urgence …



Le 18 02 2017.
Alors que notre pays est toujours en état d'urgence, alors que ces manifestations ont systématiquement sombré dans la violence, la haine et les dégradations ces derniers jours, il est incompréhensible que le gouvernement n'ait pas pris les mesures qui s'imposent pour interdire ces rassemblements et garantir l'ordre républicain", dénonce-t-elle.

19 02 2016

Faut-il interdire toutes les manifestations? Répondant à cette question d’Europe 1, Marine Le Pen a considéré qu’"en situation d'état d'urgence, il n'y a pas de manifestation".



A force de s’opposer, on risque de se contredire. C’est ce qui est arrivé à Marine Le Pen à propos des manifestations. La présidente du Front national a commenté, mercredi 22 juin, l’annonce, par la préfecture de police de Paris, de l’interdiction de la manifestation syndicale prévue le lendemain – une première depuis 1962.

Dans un tweet signé « MLP » (ce qui indique que c’est elle-même qui l’a rédigé), la présidente du FN explique : « L’interdiction des manifestations contre la #LoiTravail est une démission face aux casseurs et une atteinte grave à la démocratie. »


mercredi 14 novembre 2018

Financement de la sécurité sociale.



Financement de la sécurité sociale.

« Faire appel au budget de l'État, c'est inévitablement subordonné l'efficacité de la politique sociale à des considérations purement financières qui risquent de paralyser les efforts accomplis. Mais il y a une autre raison infiniment plus importante, qui se relie à tout l'esprit des réformes en cours, à tout l'esprit de la politique sociale et du plan de sécurité sociale : c'est que la sécurité sociale doit être l'œuvre des intéressés eux-mêmes ; elle doit reposer sur un effort véritable des intéressés. C'est pourquoi tout le plan de sécurité sociale doit être alimenté par les contributions des bénéficiaires. Sans doute, au versement direct de ces derniers s'ajoutent, lorsqu'il s'agit de salariés, les contributions des employeurs dont l'importance est beaucoup plus grande que celle des bénéficiaires. Mais, si l'on va au fond des choses, il n'y a pas de différence profonde entre la contribution de l'employeur et la contribution du bénéficiaire. En effet, la contribution de l'employeur et, en réalité, la contribution de l'entreprise. Et toute l'évolution économique et sociale d'aujourd'hui tend à associer les travailleurs à la gestion des entreprises et par la même doit les conduire à considérer que les deniers de l'entreprise sont en même temps les leurs, et que ce qui est versé par l'entreprise est versé par eux, ce qui est d'ailleurs, dans une certaine mesure, la vérité. Nous entendons ainsi réaliser le plan de sécurité sociale sans rien demander au budget en demandant tout à l'effort des intéressés et des entreprises ».

Recueil d'écrits de Pierre Laroque.

Jusqu’en 1996 le Parlement ne votait pas le budget de la sécurité sociale. Ce qui était normal vu qu’il s’agit d’une part de notre salaire. À l’origine le budget de la sécurité sociale était alimenté uniquement par les cotisations sociales. Le gouvernement « se contentant » d’augmenter le taux de cotisation qui progressa jusqu’au début des années 1970. Durant cette période un grand nombre de CHU a vu le jour subventionné par la branche maladie de la sécurité sociale. Et personne n’en est mort !

Au lieu de poursuivre dans cette voie, les gouvernements successifs ont gelé les taux de cotisation : en 1979 pour la retraite et en 1984 pour la santé. Et jusqu’en 1967 dates des ordonnances Jean-Marcel Jeanneney - De Gaulle les caisses de sécurité sociale étaient gérées par les intéressés. Les conseils d’administration étaient élus par les salariés est composé pour trois quarts des représentants des salariés. Ce qui était insupportable au patronat et à la droite parfois appelée partie socialiste.

Revenir à ces principes fondamentaux ça n’est pas revenir en arrière bien au contraire. Ce système a largement démontré son efficacité. Ce qu’ils appellent le « déficit » est une construction politique pour justifier la casse de notre salaire socialisé. Aujourd’hui le PIB qui est la somme des valeurs ajoutées créées en France aujourd’hui est composé à 60 % par les salaires. En 1982 les salaires représentaient 70 % du PIB. Dans un premier temps revenir à cette répartition des richesses permettrait d’augmenter la masse salariale de 220 milliards d’euros environ et permettrait d’abonder à hauteur de 88 milliards d’euros les trois branches de la Sécurité sociale (maladie, vieillesse, famille).

Bien entendu s’agissant d’un salaire socialisé, la gestion devrait revenir aux seuls salariés. Les patrons n’ayant rien à faire dans la gestion d’un salaire qu’il soit direct ou indirect. Les salariés qui depuis des décennies ont pu se former, se cultiver et ont démontré par le passé leur capacité de gestionnaire n’ont besoin d’être chapeauté par des parlementaires. Ils sont responsables et n’ont aucune leçon à recevoir des gouvernements qui les méprisent !

Michel Cialdella

mercredi 7 novembre 2018

Pétain fut un grand soldat.?






Pour Monsieur Macron, Philippe Pétain fut un grand soldat.


Pétain serrant la main à Hitler




Je ne sais pas si à l’ENA on enseigne l’histoire mais visiblement il a dû sauter les cours.

Pétain un grand soldat ? Ce n’est pas l’avis d’Henri Guillemin (1).

Je cite : « De grandes surprises sont réservées à qui veut, là-dessus, s’instruire sérieusement. On lit dans les notes de R. Poincaré sous la date du 27 mars 1918, ce propos de Joffre que le président enregistre : « Pétain a pêché par les mêmes défauts que lorsqu’il voulait abandonner Verdun » est-ce possible ? Erreur de texte sans doute. Ou le président à mal entendu, ou Joffre se permet la quelque boutade paradoxale. Car il est acquis, établi, définitif, que Pétain s’appelle « le vainqueur de Verdun, le sauveur de Verdun » : c’est même là son titre de gloire, le plus incontestable et le plus usuel. Et il aurait voulu « abandonner Verdun » ? Reportons-nous aux Mémoires de Joffre lui-même ; tome 2, page 216, nous lisons : « Vers le début d’avril 1916 je cherchais le moyen d’éloigner le général Pétain du champ de bataille de Verdun » ; un peu plus loin, page 222, après l’attaque allemande du 9 juin : une vive émotion s’est emparée du GQG au reçu des nouvelles envoyées du front par Pétain, encore une fois, avait alarmé tout le monde » ; n’ayant qu’une confiance limitée dans la durée possible de la résistance à Verdun, Pétain soutenait qu’il « importait d’envisager dès maintenant le retrait des troupes sur la rive gauche de la Meuse ». l’Histoire de la Guerre mondiale apporte sur ce point tous les éclaircissements nécessaires. La chose est demeurée à peu près inconnu du grand public ; elle n’en est pas moins hors de discussion : par deux fois, en 1916, Pétain conseilla l’abandon de la rive droite de la Meuse ; par deux fois Joffre fut obligé de lui interdire ce repli désastreux. On comprend mieux alors ces lignes trop ignorées mais caractéristiques du Maréchal Joffre dans ses Mémoires (tome 2 page 269) : si l’histoire ne reconnaît le droit de juger les généraux qui opèrent sous mes ordres, je tiens à affirmer que le vrai sauveur de Verdun fut Nivelle.… Au début de cette année 1918, on voit le général Pétain s’employer de toute son énergie à contrecarrer les desseins offensifs de Foch ; il se dépense ; il multiplie les démarches et les arguments, commettant même, ainsi que le démontre Chadebec de Lavalade, « une stupéfiante erreur de calcul de près de 40 divisions sur 200 ».

… Le 24 mars 1918 en effet, à Compiègne, Pétain déclara Clemenceau : « Si nous sommes battus, nous devrons aux Anglais ». Le 26, Poincaré consigne dans ses carnets ce que Clemenceau vient de lui apprendre : « Il (Pétain) m’a dit une chose que je voudrais confier à aucun autre cas vous ; c’est cette phrase : les Allemands battront les Anglais en rase campagne, après quoi ils nous battront aussi ».…… En cette fin de mars 1918, Pétain parle autour de lui de cesser le combat ; il estime la guerre perdue, la victoire, du moins, impossible.. Du journal de Poincaré et encore, sous la date du 27 mars 1918 (tome X, page 93) : « Pétain a déclaré à loucheur : il faudrait entamer les pourparlers de paix. Loucheur a consulté Foch, lequel a répondu : « c’est de la folie ».

Le 31 mai suivant, l’attaque de Champagne n’ayant pas donné les résultats qu’on en attendait, Pétain, de sa propre initiative, prescrit en recul ; il est prêt à laisser à l’ennemi Verdun, la Lorraine, Nancy, la ligne des Vosges ; il fait donner par Franchet d’Esperey l’ordre d’évacuer Reims, ordre que Foch, de nouveau, devra annuler, et auxquelles du reste, le général Micheler a refusé d’obéir.…

Le 15 juillet, les Allemands attaquent, « Pétain, écrit le général Tournès dans l’Histoire de la Guerre mondiale (T. IV, page 173), concède aussitôt la victoire à l’adversaire ». Le même jour, en effet, 15 juillet 1918, à 10 heures, malgré les instructions formelles de Foch interdisant de modifier la répartition des réserves en vue de l’opération offensive qu’il méditait, Pétain donne à Fayolle l’ordre d’arrêter la préparation de l’entreprise. Et encore une fois Foch doit réparer cette intervention déplorable.

J’arrête là car il faudrait citer encore des pages du livre « la vérité sur l’affaire Pétain ». Henri Guillemin. Éditions utovie/hg. 2012.

Quatrième de couverture

Ce livre, révélé par Philippe Guillemin, fils de l’historien, avait été publié à l’origine sous 1 pseudonyme pour des raisons de sécurité professionnelle, il a été oublié pendant 50 ans !

Au moment où on banalise certaines thèses révisionnistes, ou la complaisance pour 1’attitude douteuse le dispute à la servilité face aux montées de l’extrême droite en France, il est essentiel de bien comprendre que celle-ci n’arrive jamais par hasard au pouvoir. Mais qu’au contraire, c’est le résultat d’un long travail de préparation des esprits, de sape, de gangrène.