lundi 27 avril 2020

Lettre au Président Macron






Michel Cialdella
6, rue Joseph Bertoin
38600 Fontaine

Monsieur Emmanuel Macron Président
de la République Française
Palais de l'Élysée,

55 rue du Faubourg-Saint-Honoré
75008 Paris, France

https://www.elysee.fr/ecrire-au-president-de-la-republique/


Fontaine, le 26 avril 2020

Monsieur le Président de la République.

Qui suis-je ?

Michel Cialdella, 80 ans, militant CGT et comme tel administrateur de la CPAM de Grenoble de 1991 à 2009. Et à ce titre administrateur du CHU de Grenoble, de l’Hôpital de La Mure, de deux MAPAD et d’une Maison de retraite.

Jusqu’en 1996, le fait d’être administrateur de CPAM ou de CRAM (devenues CARSAT) nous permettait de siéger dans les hôpitaux et divers organismes (comme par exemple : Registre du Cancer,), mais aussi des commissions départementales, cantonales. Nous n’y avions que peu de pouvoir, mais c’était des lieux où l’on apprenait beaucoup sur la société dans laquelle nous vivons. Les ordonnances Juppé et les réformes suivantes ont exclu les représentants de la Sécurité sociale (principal financeur) de toutes ces structures. Il faut bien dire que les administrateurs coûtaient cher…Trente euros par vacation ! Ce qui est extrêmement modeste par rapport au travail que cela demande et qui ne se limite pas à la durée de la réunion. Sans compter les effets négatifs sur la carrière.

Mon mandat à la CPAM a pris fin le 31 décembre 2009. Les ordonnances Juppé ont fixé une limite d’âge à la fonction d’administrateur des organismes sociaux : « moins de 65 ans début de mandat ». Le mandat étant de 5 ans, on ne peut donc pas, contrairement au Sénat, siéger après 70 ans. C’est une mesure que j’ai approuvée. On n’est pas obligé d’être administrateur, pour continuer à militer et transmettre aux plus jeunes notre expérience. C’est ce que je continue et continuerai de faire tant que ma santé me le permettra.

***

Dans votre discours du 12 mars, vous avez notamment déclaré :

« Mes chers compatriotes, il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s'est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. Ce que révèle d'ores et déjà cette pandémie, c'est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond à d'autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe qui tiennent fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai ».

La réalité c’est que tout continue comme avant.

Alors que les hôpitaux manquent de bouteilles d’oxygène, Luxfer, seule usine qui en fabriquait en France, a été délocalisée en 2018. Les députés LFI, PCF, PS réclament la nationalisation de ce site industriel situé à Gerzat (Puy-de-Dôme). Les salariés sont prêts à travailler. Qu’attendez-vous ?

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire envisage pourtant des nationalisations si nécessaire, le ministre de l'Action et des Comptes publics également. Que fait le gouvernement ? Il distribue des milliards (7 à Air France) sans contrepartie. Nous avons en mémoire la crise de 2008 où des milliards ont été distribués et tout a continué comme avant malgré les promesses du Président Sarkozy.

Le capitalisme dans sa phase néolibérale, dont vous êtes un des promoteurs, est mortifère, mais vous refusez de le voir. Vous n’êtes pas au service de l’intérêt général, mais au service des banques à qui vous devez votre élection. Dans votre discours, ci-dessus cité, vous parlez de rupture, mais jusqu’à présent les seules ruptures que vous avez commises sont celles qui détruisent ce qui fait la gloire de la France (après les crises) les services publics, la Sécurité sociale, le Code du travail, etc.

Vous et vos semblables voulez à tout prix (quoiqu’il en coûte ?) réformer la France, il conviendrait peut-être de nous demander quelle « réforme » nous voulons ? La Constitution ne proclame-t-elle que le principe de la République est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. (1)

Vous déclarez : notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe.

Les mots ont un sens, et les conquis sociaux doivent tout aux luttes et aux avancées démocratiques et rien à une quelconque « providence ». Quant à la Sécurité sociale (avec ses trois branches : Maladie – Vieillesse – Famille) elle est à l’origine (1945 – 1946) un organisme non étatique, géré majoritairement (3/4 des sièges) par les salariés élus à la proportionnelle sur liste syndicale. Pendant 20 ans la classe ouvrière a prouvé sa capacité à gérer un budget (notre salaire socialisé) supérieur à celui de l’Etat. Jusqu’à que les gouvernements successifs (depuis 1967) de réformes en réformes dévitalisent pour mieux la détruire cette conquête que le monde entier nous envie. Nous mesurons aujourd’hui à quel point c’est catastrophique…

On sabote les niveaux de vie tout en faisant appel à la confiance. On désintègre des institutions, on dégrade des acquis sociaux, mais, chaque fois, pour les préserver, pour leur donner une dernière chance : « c’est pour mieux te sauver mon enfant ! ». Écrivait déjà Viviane Forrester dans L’horreur économique en 1997. (2)

Depuis la réforme constitutionnelle du 22 février 1996 introduite par le gouvernement Juppé le parlement (hélas ) vote le budget de la Sécurité sociale parachevant ainsi la mainmise de l’Etat sur notre Sécu. Alain Juppé c’est ce personnage qui avait écopé en 2004 d'une peine de 14 mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité. La cour d'appel de Versailles l'avait reconnu coupable de "prise illégale d'intérêt", dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris. Le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a proposé Alain Juppé comme membre du Conseil constitutionnel. Dans votre Nouveau Monde on peut donc avoir été condamné par la justice et finir au Conseil constitutionnel. C’est vrai que ledit Richard Ferrand est lui-même mis en examen…Les « mis en examen » » ne manquent pas dans votre entourage : Benalla, Bayrou, de Sarnez, Vincent Crase et j’en passe. Ce Nouveau Monde ressemble étrangement à l’ancien.

Selon le syndicat CGT - UNILEVER votre gouvernement a longtemps expliqué le manque de moyens dans la santé par l’absence “d’argent magique”. En 2017, l’Etat engageait 17,5 millions d’euros dans l’achat de grenades lacrymogènes pour 4 ans ! Un pognon de dingue pour la répression !

Ce n’est pas le coronavirus et son expansion qui constituent la cause de la crise, l’épidémie n’est qu’un élément détonateur. Tous les facteurs d’une nouvelle crise financière sont réunis depuis plusieurs années, au moins depuis 2017-2018. (3).

La situation exige donc que l’on fasse une autre politique en France. Elle doit être l’exact contraire de ce qui est fait depuis près de 40 ans. En commençant par reconnaître à travers le salaire les métiers indispensables par exemple : les personnels soignants, les aides à domicile, les éboueurs, les pompiers, les facteurs et globalement les personnels des services publics dont nous avons pu constater (si besoin en était) qu’ils étaient indispensables. Contrairement aux traders, actionnaires et autres conseillers en communication.

On peut immédiatement fixer le SMIC à 2000 euros bruts avec une hiérarchie des salaires et revenu de 1 à 3 en fonction de la qualification y compris pour les élus (tous les élus), la fonction élective ne devant plus être un métier.

Il faut que les législateurs se trouvent dans la situation qui confond le plus leur intérêt et leur vœu personnel avec celui du peuple ; or, pour cela, il est nécessaire que souvent ils redeviennent peuples eux-mêmes. (4)

Avec le pognon que nous récupérerons si nous ajoutons celui de la fraude de l’évasion fiscale et le prélèvement massif sur les fortunes indécentes, nous pourrons aisément rapatrier les productions indispensables et financer la Santé et les besoins sociaux dont les lances grenades ne font pas partie. Quand le pouvoir est juste, il est toujours assez fort de la force du peuple. (5) 

Pour aller vers plus de démocratie il vous faut dissoudre l’assemblée, faire élire une constituante à la proportionnelle et démissionnez, car nous n’avons pas besoin d’homme (ou de femme) qui décide de tout. Un Premier ministre élu par l’assemblée sur un programme et qui rend des comptes à ladite assemblée c’est bien plus démocratique. Voilà qui peut être un début de changement.
Contrairement à vos habitudes, écoutez la voix du Peuple.

Les malheureux sont les puissances de la terre ; ils ont le droit de parler en maître au gouvernement qui les néglige. St Just.

Michel Cialdella





1)      Article 2 de la Constitution française

2)      L’horreur économique. Viviane Forrester. Éditions Fayard. 1997.

3)      Non, le coronavirus n’est pas le responsable de la chute des cours boursiers (par Eric Toussaint) Version actualisée le 4 mars 2020.

4)      Maximilien Robespierre .

5)      Gracchus Babeuf.

mardi 14 avril 2020

Après la crise




Après la crise sanitaire.

Jeudi 12 mars 2020, Emmanuel Macron, dans un discours solennel et télévisé a déclaré :

"La santé n'a pas de prix. Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies. Quoi qu'il en coûte", ajoutant qu'il faudrait "tirer les leçons" et "interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies". 

Ça n’est pas le monde qui s’est engagé, mais les dirigeants capitalistes de la planète au mépris des peuples.

Il s’aperçoit que "Ce que révèle d'ores et déjà cette pandémie, c'est que la santé gratuite, sans condition de revenus, de parcours ou de profession, notre État-providence, ne sont pas des coûts ou des charges, mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe".

Non¶ ! Il n’y a pas d’«            État-providence ». Il faut en finir avec ces expressions dont le but est de faire oublier les luttes. La Sécurité sociale est une conquête qui n’a surtout rien d’étatique et qui ne doit rien à la providence mais tout aux luttes. Les forces progressistes ne doivent pas utiliser ces expressions car on ne combat pas l’adversaire avec ses propres mots.

Prenons-le au mot.

 « Ces économistes « du libre marché » ont aussi le sentiment que les marchés laissés à eux-mêmes, sans interférence de l’Etat, sont efficaces, et que le meilleur moyen d’aider les pauvres consiste à laisser se produire, tout simplement, la croissance économique : d’une façon ou d’une autre, ses bienfaits ruisselleront jusqu’en bas de l’échelle sociale et toucheront les pauvres.  (Notons avec intérêt que ces croyances persistent bien que la recherche en économie les ait privées de tout fondement intellectuel) ». Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie (1).



Lorsque l’épidémie sera vaincue.

Il nous faudra impulser un rapport de force sans lequel rien n’est possible.

« Mais là encore, créer un rapport de force favorable c’est d’abord créé les conditions idéologiques de ce rapport de force. Et seul un contenu idéologique audacieux et radicalement transformateur peut le susciter ». (2) Et on commence sans attendre. Dénoncer l’incurie des derniers gouvernements, l’abdication face aux marchés et leur compromission avec la finance. Cette finance qui n’est pas leur ennemie….

« Si nous étions partis en guerre avec le même nombre de lits rapportés à la population qu’en Allemagne, nous aurions disposé au départ de 10 000 lits, et non pas de 5000. Face à cette situation, le choix des TGV sanitaire interroge. Ne serait-il pas plus simple de rapatrier du matériel et d’affecter du personnel dans des locaux disponibles sur place, notamment à l’Hôtel-Dieu, en plein centre de Paris, où les locaux de la réanimation, fermée il y a quelques années, sont encore en état, avec les alimentations en oxygène notamment. N’en déplaise à certains qui n’aime visiblement pas les syndicalistes, notamment de la CGT, ces critiques sont légitimes et doivent être faites, car il n’est pas question que, sous couvert d’unité nationale, tout débat soit étouffé ». (Dr Christophe Prudhomme) (3)

La démocratie.

« La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu’elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point… les députés du peuple sont donc ni ne peuvent être ces représentants, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifié et nulle ; ce n’est point une loi ». Jean-Jacques Rousseau. (4)

En France d’aucuns prétendent que nous sommes en démocratie. Ils s’appuient sur le fait que des élections aient lieu régulièrement. Même si c’était vrai, une démocratie doit évoluer vers plus de démocratie directe ce qui n’est pas le cas.

Nous avons aussi en mémoire le référendum français sur le traité établissant une constitution pour l'Europe le 29 mai 2005, que le peuple a massivement rejeté et dont nos « élites » n’ont tenu aucun compte. Bel exemple de caricature de démocratie.

Une lutte est donc à engager pour établir les bases d’une véritable démocratie.

Il faut d’abord en finir avec cette véritable monarchie qui concentre quasi tous les pouvoirs dans les mains d’une seule personne. On nous dit qu’elle est élue au suffrage universel, certes, mais est-ce qu’une seule personne peut prétendre représenter la diversité de notre peuple ? Poser la question c’est déjà y répondre. Nous pouvons très bien nous passer d’un président de la République. Un premier ministre, élu par les deux assemblées et leur rendant compte serait déjà un progrès et une économie.

Exigeons la proportionnelle à toutes les élections, en commençant par les députés.

« Il faut que les législateurs se trouvent dans la situation qui confond le plus leur intérêt et leurs vœux personnels avec celui du peuple ; or, pour cela, il est nécessaire que souvent ils redeviennent peuples eux-mêmes ». Robespierre. (5)

À ceux qui nous disent qu’il faut une majorité pour gouverner je réponds qu’il faut surtout des élus qui représentent le peuple tel qu’il est. Tout d’abord il y aura forcément des majorités de dossiers, notamment dans les collectivités territoriales. Et puis lorsqu’il n’y a pas de majorité dans des cas importants il faut trouver le moyen de faire intervenir le peuple.

Est-il vraiment utile de conserver le Sénat en l’état ? Sa mission serait, paraît-il, de représenter les collectivités… Il me semble qu’en démocratie, ce sont les citoyens qui ont vocation à être représentés.

La démocratie sociale est souvent évoquée, mais dans la pratique ce qui prévaut c’est le « dialogue social », c’est-à-dire le « cause toujours ». Or la véritable démocratie c’est le pouvoir. De ce point de vue l’actuel Sénat pourrait être avantageusement remplacé par une assemblée de salariés élus à la proportionnelle sur liste syndicale (6) avec de réels pouvoirs concernant : les salaires, les conditions de travail, la part du PIB à consacrer à la protection sociale, la durée du travail, etc.



Ce qui doit échapper au marché.

L’affirmation de la spécificité de l’intérêt général a conduit le préambule de la Constitution de 1946 à prévoir que « tout bien, toute entreprise dont l’exploitation a ou acquiert les caractères d’un service public ou d’un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité ».

En premier lieu la santé

Ce doit être la finalité. Pour assurer l’égalité devant la santé il faut que l’accès soit gratuit.

Il faut mettre l’accent sur la prévention dès l’école primaire avec des visites de dépistage régulière et un enseignement adapté. Au travail en redonnant vie au CHSCT avec de réels pouvoirs. Mais aussi du quartier au plus près des lieux de vie.

Si le but premier c’est d’éviter l’accident ou la maladie notre système doit comprendre un système de soins totalement gratuits égalitaires et le même pour tous. Dans ce but, à partir du système établi par Ambroise Croizat en 1946 avec le régime général, prolonger l’action des fondateurs de la Sécurité sociale. C’est-à-dire un système unique géré par les intéressés, c’est-à-dire les représentants des salariés élus à la proportionnelle sur liste syndicale. Les représentants des salariés ont vocation à gérer l’institution parce qu’il s’agit de leur salaire socialisé mais aussi parce que les salariés représentent plus de 90 % de la population active. Dans le pire des cas on peut admettre que des employeurs siègent pour 10% dans les différents conseils d’administration des organismes sociaux. Par employeurs il faut entendre non seulement les employeurs privés mais également les employeurs publics et les employeurs de l’économie sociale, des comités d’entreprise enfin rétablis avec des pouvoirs.





Les médicaments.

Selon les professeurs Philippe EVEN et Bernard DEBRE, 40% de médicaments à risque, sont responsables d’au moins 100 000 décès (entre 1985 et 2013) et de dizaines de milliers de complications graves chaque année. (7)

Il conviendra d’effectuer un tri pour ne garder que les médicaments utiles. Pour cela nous avons les outils pour le faire : Inserm, CNRS, université. A condition de leur donner les moyens et l’indépendance indispensable.

La production, et la recherche de médicaments doit être à 100 % publics sous contrôle de la Nation.



L’éducation nationale.

« Selon moi, l’idéal de la question : l’instruction gratuite et obligatoire… un grandiose enseignement public, donné et réglé par l’État, partant de l’école de village et montant de degré en degré jusqu’au collège de France, plus haut encore, jusqu’à l’institut de France. Les portes de la science toute grande ouverte à toutes les intelligences. Partout où il y a un champ, partout où il y a un esprit, qu’il y ait un livre. Pas une commune sans une école, pas une ville sans un collège, pas un chef-lieu sans une faculté.… Je veux la surveillance de l’état, et comme je veux cette surveillance effective, je veux l’état laïque, purement laïque, exclusivement laïque.… C’est vous dire que je n’introduis soit dans le conseil supérieur de surveillance, soit dans les conseils secondaires, ni évêques, ni délégués d’évêques. J’entends maintenir, quant à moi, et au besoin faire plus profond que jamais, cette antique et salutaire séparation de l’église et de l’État.… Je ne veux pas mêler le prêtre au professeur ». (Victor Hugo) (8).

L’école laïque devrait être la seule école, le lieu où l’on prépare le « vivre ensemble ». Les religions n’ont rien à faire dans l’enseignement qui doit être le même pour tous. L’éducation religieuse doit être l’affaire des familles. Si l’on tolère l’existence d’écoles religieuses, pour les enfants dès le plus jeune âge, n’est-ce pas un moyen de les séparer ? La laïcité c’est ce qui nous est commun et l’enseignement en fait partie. Il n’y a pas d’approche religieuse, des sciences, des mathématiques ou de la grammaire.

Très souvent, les gens qui nous gouvernent, évoquent la laïcité pour nous faire la leçon, mais à certaines occasions n’hésitent pas à se coiffer d’une kippa pour participer à des événements religieux dans le cadre de leurs fonctions ou bien vont à la messe en tant que Président de la république (Jacques Chirac). À une exception près nos présidents de la République Française vont se faire introniser Chanoine de Latran. Curieuse façon d’appliquer la laïcité. Pire Nicolas Sarkozy, lors de son intronisation le 20 décembre 2007, a osé dire : « Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance ». (9).







L’énergie.

Une renationalisation s’impose. Intégrale sans indemnisation car, souvenons-nous, EDF-GDF nous appartenait. L’Union Européenne, avec la complicité des gouvernements successifs et au nom de la concurrence libre et non faussée, cette concurrence qui permettrait de réguler les prix au plus juste, nous imposent la fin des tarif réglementés du gaz et nous demandent de choisir entre 19 fournisseurs. De qui se moque-t-on ? La concurrence c’est la guerre commerciale et dans une guerre il y a des morts !  Un service public avec un monopole peut se permettre : des prix corrects, un service de qualité et un bon statut pour les salariés. Tandis qu’un même marché partagé entre 19 fournisseurs privés se traduira à terme par une hausse des prix (il faut bien rentabiliser) et des fermetures d’entreprises. Nous avions un système performant avec des prix parmi les plus bas du monde. Pourquoi changer pour plus mauvais ?

Il manquait à EDF-GDF une gestion plus démocratique avec participation des usagers. Il faut établir la gratuité pour une quantité jugée indispensable et facturer dès que l’on dépasse



L’eau

Nous le savons tous l’eau c’est vital pour la vie. Nous avons vécu la privatisation massive de ce qu’était le service public de l’eau. On a payé moins cher ? Même pas. Il faut, et ça peut aller très vite organiser un grand service public national de l’eau avec gestion local et démocratique. Ici aussi, instaurer la gratuité pour un volume d’eau indispensable à définir et faire payer au-dessus.

La gratuité

Bien sûr, la gratuité a un coût qui peut être financé collectivement par les impôts. Ce système est incitatif à l’économie car les ménages veilleront à ne pas dépasser. On peut également appliquer la gratuité à une quantité d’alimentation. Un prélèvement sur la valeur ajoutée pourrait financer une partie des achats chez des circuits courts bio.

Les entreprises.

Cette épidémie a révélé l’incapacité du capitalisme mondialisé à répondre aux besoins des peuples. Elle a révélé également sa nocivité car la recherche du profit à tout prix a fait des morts. Tous les gouvernements férus de libéralisme nous ont désarmés face au virus.

« La pandémie est le signe que l’espèce humaine peut disparaître. Elle est le signe d’une accélération du commerce, d’une dépendance à la Chine, d’une standardisation écologique qui produit ces mécanismes d’émergence ». (10) Frederic Keck



À notre tour il faudra désarmer le capitalisme. C’est-à-dire un programme ambitieux de socialisation des entreprises. Toutes les entreprises stratégiques : le matériel médical, les médicaments, la machine-outil, les transports devront faire l’objet d’une réquisition, confiscation et à l’instar de la sécurité sociale de 1945 - 1946 devenir des propriétés sociales (c’est-à-dire n’appartenant à personne et à tout le monde) gérées par les salariés qui y travaillent sous le contrôle de la Nation. Oui mais on va nous dire que « la commission de Bruxelles ne va pas vouloir ! » Mais on s’en fout de cette institution antidémocratique ! Jusqu’à quand on va se coucher devant ceux qui nous foutent dans la merde ?



Les salariés.

Applaudir les salariés, les personnels en première ligne face à l’épidémie pour que nous puissions, même confiné, continuer à vivre : c’est bien, mais insuffisant. Il faudra revoir les grilles salariales (échelle de 1 à 4) à partir d’un SMIC revalorisé (2000 € bruts) tenir compte des qualifications et aussi de l’utilité des métiers, les soignants, les pompiers, les éboueurs (plus utiles qu’un président de la République), les caissières, les métiers indispensables. Mais aussi la police quand elle joue son rôle de protection de la population et non pas de répression des manifestants.

Il faudra également supprimer ces emplois dont on n’a pas vu beaucoup l’utilité : les conseillers en communication, les gardes du corps etc…

Ça coûte.

Bah oui ! Après la crise de 2007-2008, le gouvernement de Sarkozy a renfloué les banques, avec notre pognon. Et bien cette fois l’argent doit servir à des œuvres d’intérêt général.

Oui, mais il y a la dette. Il y a quelques années un collectif d’organisations non-gouvernementales avait estimé que près de 60 % de la dette était illégitime. Il conviendra donc de l’annuler.



Déjà en 1850 Karl Marx dénonçait

« Bien mieux, l'endettement de l'État était d’un intérêt direct pour la fraction de la bourgeoisie qui régnait et légiférait par l'intermédiaire des Chambres. En fait, le déficit de l'État était l'objet même de sa spéculation et la source principale de son enrichissement. À la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Et chaque nouvel emprunt offrait à l'aristocratie financière une nouvelle occasion d'escroquer l'État, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de négocier avec les banquiers dans les conditions les plus défavorables. Chaque nouvel emprunt offrait une nouvelle occasion de dévaliser le public qui avait investi ses capitaux en rente d'État, par des opérations de bourse au secret desquels gouvernement et majorité de la chambre étaient initiés ». (11)



Je soumets ce document au débat afin qu’il soit complété et amélioré.



Michel Cialdella

















NOTES

1.      Un autre monde contre le fanatisme des marchés. Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie. Editions Fayard. 2006.

2.      Réussir le communisme. Bernard Friot et Frédéric Durand.

3.      Il y a urgence le billet du Dr Christophe Prudhomme. L’Humanité du 1er avril 2020.

4.      Jean-Jacques Rousseau. Du contrat social. Éditions Flammarion. 2001.

5.      Études sur Robespierre par Albert Mathiez. Éditions sociales. 1988.

6.      C’était une proposition de l’économiste communiste Paul Boccara

7.      Guide des 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux. Pr Philippe EVEN, Pr Bernard DEBRE. Editions France-Loisirs – 2013.

8.      « Victor Hugo le droit et la loi » discourt du 15 janvier 1850 à l’Assemblée nationale.

9.      Cité par Jean-Luc Mélenchon dans son livre Réplique au discours de Nicolas Sarkozy chanoine de Latran. 2008.

10.  Cette pandémie est le signe que l’espèce humaine peut disparaître – Frederic Keck - L’Humanité du Vendredi 3 Avril 2020

11.  Les luttes de classes en France. (Karl Marx).