vendredi 29 décembre 2017

Liberté, égalité, fraternité



Liberté, égalité, fraternité. Rien à ajouter, rien à retrancher. Ce sont les trois marches du perron suprême. La liberté, c'est le droit, l'égalité, c'est le fait, la fraternité, c'est le devoir. Tout l'homme et là.
Victor Hugo

À lire dans l'humanité du 29 décembre 2017.



Un texte de Cédric Herrou, citoyen de la vallée de la Roya, solidaire des migrants.

Au cours de l'année, mon domicile est devenu une terre d'asile, « la terre de l'homme fou qui aide sans réfléchir », disait Ousman, venus du Tchad. Seulement 3 ha de terres protégeant des hommes et des femmes poussés par la volonté de vivre. Un « camp » pour certains, une utopie pour d'autres. Le préfet n'est pas la justice, seule la justice peut entrer en propriété privée. Ici les Noirs pourchassés devenaient des hommes ayant des droits, et le préfet n'en voulait pas. Cette terre de paix s'est transformée au fil des mois en camp retranché. Ce refuge s'est vu encercler par les forces armées de l'État français. Jour et nuit, ils étaient des dizaines d'hommes à se relayer pour épier, surveiller, traquer. Sur les routes, les hommes armés ont encerclé le havre de paix, empêchant femmes hommes et enfants d'accéder aux droits fondamentaux de notre République. L'État est devenu la terreur des faibles. Ici ce n'est plus la France. Ici c'est le Soudan, l'Érythrée, le Tchad, la Somalie, ici, c'est la Libye.
Ça fait peur parfois, surtout la nuit, quand on entend la porte grincer. C'est la nuit qu'on imagine le pire, les rêves font resurgir les émotions de la journée. Les pas du Chat Noir sur le parquet deviennent des pas de gros gaillards aux crânes rasés. Le bruit du vent dans les arbres devient une perquisition musclée. Le glapissement enroué du renard se transforme en hurlement d'une jeune femme perdue dans la forêt. Nous étions comme des marins sur un bateau se battant contre le vent violent. Le bateau gîtait à la limite de dessaler : vues du bateau nous avancions, vu de la terre nous recueillons. Les courants nous trompaient. Deux mondes se battaient, le nôtre, sans arme ni violence, est celui orchestré par le préfet. Mais quand on a pas d'armes, on utilise ce qu'on a de plus fort en soi, le bon sens, l'amour et la fraternité.
Briser le bateau d'un marin ne le tue pas, mais lui donne la rage. Pas la rage à laquelle vous pensez, celle qui rend le monde est gris, mais celle qui fait qu'on se sent envie, celle qui donne envie de se battre pour l'amour de naviguer où bon nous semble.
En début d'année, ma volonté été que l'État prenne le relais, qu'il était de son devoir de protéger toute personne en danger. Puis il est mort à la frontière franco-italienne se sont banalisés, la police et la justice sont devenus les bras armés d'une politique dérivante et discriminante. Le pas a été franchi, je ne pourrais plus rien attendre de cet état, mais je garde confiance en vous, acteurs de notre société. Que l'année 2018 soit l'année de convergence des luttes, pour que la France redevienne celle des droits des femmes et des hommes, pour que la politique redevienne au service du peuple. Nous nous décourageant pas, la lutte restera belle tant que nous aurons confiance en elle.
Cédric Herrou

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Le droit et la loi, tels sont les deux forces ; de leur accord naît l'ordre, de leur antagonisme naissent les catastrophes. Victor Hugo

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« J'aime beaucoup le président, vu de dos, quand il s'en va ». Victor Hugo.


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