Liberté, égalité,
fraternité. Rien à ajouter, rien à retrancher. Ce sont les trois marches du perron
suprême. La liberté, c'est le droit, l'égalité, c'est le fait, la fraternité,
c'est le devoir. Tout l'homme et là.
Victor Hugo
À lire dans l'humanité
du 29 décembre 2017.
Un texte de Cédric
Herrou, citoyen de la vallée de la Roya, solidaire des migrants.
Au cours de l'année,
mon domicile est devenu une terre d'asile, « la terre de l'homme fou qui aide sans
réfléchir », disait Ousman, venus du Tchad. Seulement 3 ha de terres protégeant
des hommes et des femmes poussés par la volonté de vivre. Un « camp » pour
certains, une utopie pour d'autres. Le préfet n'est pas la justice, seule la
justice peut entrer en propriété privée. Ici les Noirs pourchassés devenaient
des hommes ayant des droits, et le préfet n'en voulait pas. Cette terre de paix
s'est transformée au fil des mois en camp retranché. Ce refuge s'est vu
encercler par les forces armées de l'État français. Jour et nuit, ils étaient
des dizaines d'hommes à se relayer pour épier, surveiller, traquer. Sur les
routes, les hommes armés ont encerclé le havre de paix, empêchant femmes hommes
et enfants d'accéder aux droits fondamentaux de notre République. L'État est
devenu la terreur des faibles. Ici ce n'est plus la France. Ici c'est le
Soudan, l'Érythrée, le Tchad, la Somalie, ici, c'est la Libye.
Ça fait peur parfois,
surtout la nuit, quand on entend la porte grincer. C'est la nuit qu'on imagine
le pire, les rêves font resurgir les émotions de la journée. Les pas du Chat
Noir sur le parquet deviennent des pas de gros gaillards aux crânes rasés. Le
bruit du vent dans les arbres devient une perquisition musclée. Le glapissement
enroué du renard se transforme en hurlement d'une jeune femme perdue dans la
forêt. Nous étions comme des marins sur un bateau se battant contre le vent
violent. Le bateau gîtait à la limite de dessaler : vues du bateau nous
avancions, vu de la terre nous recueillons. Les courants nous trompaient. Deux
mondes se battaient, le nôtre, sans arme ni violence, est celui orchestré par
le préfet. Mais quand on a pas d'armes, on utilise ce qu'on a de plus fort en
soi, le bon sens, l'amour et la fraternité.
Briser le bateau d'un
marin ne le tue pas, mais lui donne la rage. Pas la rage à laquelle vous
pensez, celle qui rend le monde est gris, mais celle qui fait qu'on se sent
envie, celle qui donne envie de se battre pour l'amour de naviguer où bon nous
semble.
En début d'année, ma
volonté été que l'État prenne le relais, qu'il était de son devoir de protéger
toute personne en danger. Puis il est mort à la frontière franco-italienne se
sont banalisés, la police et la justice sont devenus les bras armés d'une
politique dérivante et discriminante. Le pas a été franchi, je ne pourrais plus
rien attendre de cet état, mais je garde confiance en vous, acteurs de notre
société. Que l'année 2018 soit l'année de convergence des luttes, pour que la
France redevienne celle des droits des femmes et des hommes, pour que la
politique redevienne au service du peuple. Nous nous décourageant pas, la lutte
restera belle tant que nous aurons confiance en elle.
Cédric Herrou
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Le droit et la loi,
tels sont les deux forces ; de leur accord naît l'ordre, de leur antagonisme
naissent les catastrophes. Victor Hugo
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« J'aime beaucoup le
président, vu de dos, quand il s'en va ». Victor Hugo.
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