samedi 25 novembre 2017

L'Histoire est riche d'enseignement pour l'avenir



« La vie ouvrière » Numéro 104 du 6 mars 1944.(*)
La lutte contre la déportation et le travail forcé plus intérieur que jamais. Victorieusement, les chaque entreprise vos milices patriotiques et vos groupes de francs-tireurs.
Les profiteurs de la défaite
Une vieille connaissance : le Comité des forges.
Par Julien Racamond, secrétaire de la CGT.
Nous avons en main la composition pour 1944 du « comité d'organisation de la sidérurgie » qui siège 7, rue de Madrid. Il suffit de lire la liste de ses membres, de voir ce qu'il représente dans l'industrie et la banque pour être définitivement fixé sur la « révolution nationale » de Vichy et sur le socialisme des nazis.
Jamais depuis son existence, le comité des forges, c'est État dans l'État, n'avait été doté d'une puissance plus grande. Jamais autorité plus insolente ne s'était affirmée que celle des organisateurs de la défaite et de ses profiteurs.
Il a fallu la pourriture soigneusement entretenue par les trusts dans les milieux munichois qui s'étaient introduits dans la CGT, pour que des Belin, des Dumoulin, Froideval et autres traîtres en arrivent à affirmer, sur l'ordre de leur maître, que les organisations patronales étaient dissoutes en même temps que la CGT.
La CGT a été effectivement dissoute et c'est clandestinement qu'elle a repris sa tâche et qu'elle dirige la classe ouvrière dans le combat. Les hommes du comité des forges n'ont pas eu besoin de se mettre martel en tête pour conserver et accroître leurs prérogatives. Belin, Pucheu, Laval, Bichelonne, Pétain ! Des marionnettes qu'ils animent à leur gré. Il leur fallait la peau de la CGT, on la leur a donnée. Du moins, on a cru la leur donner. Ils voulaient davantage. Les moyens et petits industriels les gênaient. Par les moyens ordinaires, leur élimination était trop lente. Grâce à la dictature des « comités d'organisation » leur étranglement s'accélère. Petits patrons, vous avez travaillé toute une vie à mettre debout votre petite entreprise, vous êtes un anachronisme. Un patron qui travaille encore, qui sait ce qu'est une usine, qui met la main à la pâte ! Qu'est-ce que cela vient faire au XXe siècle. Disparaissez, devenez vous aussi des salariés, des esclaves. Faites place aux rois des conseils d'administrations. De Wendel, Laurent, Petiet, le baron Ampin s'y connaît mieux que vous dans la gestion des affaires. Et puis, ils ont une « qualité » que vous ne possédez pas : l'absence de scrupules dans la conduite des affaires.
Vous auriez pu, comme eux, vous roulez roupiller des bourreaux de la France. L'argent gagné en fric autant avec l'ennemi vous eut brûlé les mains. Regardez vos fossoyeurs. Ils prospèrent là où vous auriez végété par scrupules patriotiques. Ils reçoivent des mains des nazis, des milliards que ceux-ci volent à notre peuple. Il faut être un coffre-fort pour faire cela. Vous ne l'êtes pas, mais eux le sont. Lisez plutôt la liste de ses personnages :
le président et Jules Aubrun, il représente 5 sociétés, l'électricité, les pétroles, les constructions mécaniques, les sociétés coloniales, les transports, il représente aussi 910 millions. Les membres sont : Fernand Balthazar, deux sociétés 268 millions ; Noël Baugrand, une société, 180 millions ; Joseph de Beco, une société 105 millions ; Pierre Cholat, une société 37 millions ; René Damiens, une société 82 millions ; Marcel Dumuis ; 2 sociétés 121 millions ; André Grandpierre, une société 175 millions ; baron Pierre Hely d'Oissel, 10 sociétés 502 millions ; Jules Lange, 2 sociétés 40 millions ; Théodore Laurent, 16 sociétés 2067 millions ; Georges Lenormand, 2 sociétés 243 millions ; Jacques lente, 4 sociétés 150 millions ; Jean Maroger, 10 sociétés 1444 millions ; Paul Morand, 2 sociétés 110 millions ; Jacques de Nervo, 3 sociétés 101 millions ; Paul Nicou, 2 sociétés 760 millions ; G.J. Painvain, 2 sociétés 340 millions ; baron Ch. Petiet, 3 sociétés 340 millions ; Hector Petin, 5 sociétés 480 millions ; Jean Haty, une société 156 millions ; baron X. Reille, 3 sociétés 90 millions ; Charles Schneider, une société 15 millions ; Jules Simon, une société 1 million ; Jacques Taffanel, 2 sociétés 63 millions ; André Vicaire, 2 sociétés 148 millions ; François de Wendel, 2 sociétés 54 millions ; Humbert de Wendel, 4 sociétés 552 millions.
Le tout représente la bagatelle de plus de 9 milliards, mais ce sont 9 milliards d'avant-guerres. Chacun sait que ces messieurs ont augmenté le capital de leur entreprise, en se distribuant gratuitement des actions nouvelles, chacun sait que des sommes formidables, destinées à masquer les bénéfices, ont été versées aux réserves. C'est sans doute, actuellement, une centaine de milliards que représente le Comité d'organisation de la sidérurgie, alias Comité des forges. On n'y trouve de tout dans ce comité. La banque, les assurances, la métallurgie, les mines, les transports, l'électricité etc.…
nous y trouvons aussi de vieilles connaissances, les dirigeants de la confédération du patronat français comme un Petiet. Nous y trouvons aussi ses sinistres individus qui, récemment, jugeant que l'Allemagne nazie était battue, dresser un plan de guerre civile ayant comme objectif de s'insinuer dans la résistance, de s'arranger pour faire refuser des armes aux francs-tireurs et de les accumuler en vue de les utiliser contre le peuple. N'est-ce pas que c'est vrai, monsieur le baron Petiet, Messieurs de Wendel et compagnie ?
Cette puissance ténébreuse n'a plus beaucoup de temps à subsister. Le peuple de France se rappellera qu'elle fût un instrument de la défaite et que les hommes qui la composent ont ignoblement servi les envahisseurs et se sont enrichis dans la trahison. Il n'hésitera pas à détruire les trusts et a confisqué les biens des traîtres. Mais il faut, dès aujourd'hui, s'unir contre les trafiquants de la patrie qui demain, quand les nazis seront chassés, ne manqueront pas d'essayer de s'adapter aux conditions nouvelles et qui sont capables de tout pour conserver leur monstrueux privilège.
Ouvriers qu'on traque et qu'on déporte, que Darnand massacre à la grande joie des Hitler rien et des traîtres, à qui l'on refuse des salaires suffisants, unissez-vous, rentrer dans vos syndicats. Organisez des grèves revendicatives, organisez vos milices patriotiques et préparez-vous à la grève générale insurrectionnelle.
Julien Racamond


* « La vie ouvrière » clandestine 1940-1944. Les « VO » de la nuit


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