C’est
un acte de courage qui vaut tous les saluts du monde. Cinq jours après que la
Knesset a voté une loi fondamentale et levant Israël au rang d’« État-nation du peuple juif », le grand
chef d’orchestre argentino-israélien Daniel Barenboïm a voulu, le temps d’une
tribune, troquer sa baguette légère pour une plume acérée : « aujourd’hui, j’ai honte d’être israélien
», écrit-il dans un édito paru mardi dans le quotidien israélien Haaretz. Le musicien y dénonce une loi
allant à l’encontre des principes fondateurs de la déclaration d’indépendance
d’Israël. Ce texte, de 1948, assurait « une
complète égalité de droits sociaux et politiques à tous les citoyens
israéliens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe », rappelle le
chef d’orchestre. « Nous avons maintenant
une loi qui confirme que la population arabe constitue une classe de citoyens
de deuxième classe. Nous sommes donc face à une forme particulièrement claire
d’apartheid », appuie-t-il avant de poser une question lourde de sens : « pouvons-nous désormais ignorer le fossé
entre l’idée et les réalités d’Israël ? ». Cet humaniste qui a toujours mit
ses paroles en musique c’est de quoi il retourne. Pour rappel, l’actuel
directeur de la musique à la Scala de Milan et à l’opéra de l’État de Berlin a,
en 1990, fondé avec le professeur de littérature américain Edward Said
l’orchestre du divan occidental-oriental. Cette formation, composée de jeunes
musiciens israéliens et palestiniens, est basée à Séville, en Andalousie. Une
Jérusalem musicale aux antipodes de celle imaginée par Benyamin Nétanyahou.
Stéphane Auboulard. L’humanité du jeudi 26 juillet 2018.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire