Michel CIALDELLA
ex-administrateur CGT à la CPAM de Grenoble
ex-administrateur CGT à la CPAM de Grenoble
6, rue Joseph Bertoin 38600 Fontaine
michel.cialdella@orange.fr
http://michel-lecitoyen.blogspot.com
michel.cialdella@orange.fr
http://michel-lecitoyen.blogspot.com
À l'attention de
Monsieur le rédacteur en chef de "l'Humanité".
Suite à l'article,
d'une page du professeur Morgan Rouprêt, paru dans L'Humanité du 29 janvier
2014 et qui porte le titre « Un déni de démocratie sanitaire ». Vous voudrez
bien faire un peu de place à ma réaction. Depuis plusieurs décennies je milite
pour la défense et l'amélioration de la sécurité sociale, et je pense être plus
compétent que lui pour parler de cette grande conquête ouvrière.
Je ne suis pas
qualifié pour porter un jugement sur le contenu médical de l'article. Mais je
constate que l'on peut être un grand professeur et enfourcher les chevaux de
bataille de ceux qui ont toujours combattu la « Sécu ».
Par exemple, la
phrase : « Attaquons-nous plutôt à
la gabegie dont la Sécurité sociale est la victime permanente : arrêts
de travail, transports sanitaires, doublons des examens de radiologie…
».
Non seulement ce
monsieur étale sa méconnaissance de la sécurité sociale, mais également son
mépris pour les salariés.
L'arrêt de travail
fait partie des thérapeutiques qui parfois valent mieux que des médicaments. S’il
y a quelques abus, il ne faut pas généraliser. Aujourd'hui le principal
problème en matière d'arrêt travail c'est que les salariés refusent de
s'arrêter par peur de perdre leur emploi et sont victime de cette propagande imbécile.
Les 400 suicides à cause du travail, les milliers de victimes d'accidents de
travail, les maladies professionnelles dont l'amiante et ses dizaines de
milliers de victimes à cause de l'incurie du patronat et des dirigeants de ce
pays ça c'est de la gabegie.
Il faudrait
également définir ce qu'est un abus, à partir de quel moment doit-on être en
arrêt de travail ? Doit-on attendre d'être à moitié mort ?
Monsieur le
professeur, si vous voulez vous en prendre au gâchis, regardez plutôt du côté
des exonérations de cotisations dites "patronales", qui en réalité
sont des prélèvements sur les richesses créées par les salariés eux-mêmes qui
ne servent qu'à faire monter le taux de profit. Puisque vous écrivez dans
L'Humanité, lisez-le et vous apprendrez que les entreprises versent 157,9 milliards d'euros de cotisations pour
financer la protection sociale, près de 298,6 milliards vont aux seuls
dividendes des actionnaires et en charge des intérêts et autres commissions
bancaires.... Pour moi c'est ça la gabegie !
Puisque vous évoquez également le « déni de démocratie » sachez qu'il y
en a un autre au moins aussi important. Selon ses fondateurs la sécurité
sociale devait être gérée par les intéressés, c'est-à-dire les assurés sociaux
par l'intermédiaire de leurs représentants. Au fil des réformes les
prérogatives des conseils d'administration ont été réduites pour laisser place
à la bureaucratie. Les élections ont été supprimées depuis 1967 (les
ordonnances de Gaule - Jeanneney) à l'exception de 1983 ou le gouvernement
Mitterrand-Mauroy a réintroduit les élections avec majorité aux salariés. Les
gouvernements suivants ont régulièrement reporté les élections jusqu'à ce que
les ordonnances Juppé les suppriment. Ainsi une vingtaine de millions de
personnes ont été privées du droit d'élire leurs représentants à la sécurité
sociale. Comme scandale ça se pose un peu là.
Cette année du 70e anniversaire du programme du conseil national de la
résistance à rappelons ce que disait en 1946, Pierre Laroque (*) : «Nous voulons que demain les travailleurs
considèrent que les institutions de sécurité sociale sont des institutions à
eux, gérées par eux et ou ils sont chez eux ».
Nous en sommes loin !
(*) « Le plan français de sécurité sociale » avril 1946
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