Fontaine,
le 29 août 2019
Philippe Martinez
Secrétaire général de la CGT
263 rue de Paris
93100 Montreuil.
Secrétaire général de la CGT
263 rue de Paris
93100 Montreuil.
Objet :
la Sécurité sociale.
Cher Camarade.
Tout d’abord permets moi
de me présenter. J’ai adhéré à la CGT en 1958. Au cours de mon engagement j’ai
exercé de nombreux mandats, dans la métallurgie comme délégué du personnel et
secrétaire du syndicat des métaux de Grenoble. Après une période de chômage,
j’entre dans la fonction publique. Je deviens secrétaire du syndicat FERC-sup
de l’université Joseph Fourrier de Grenoble. Puis à la CE de l’UD de l’Isère et
enfin pendant 18 ans administrateur de la CPAM de Grenoble que je représentais
de 1991 à 1995 au conseil d’administration du CHU de Grenoble.
Depuis décembre 2009 je
n’ai plus de mandat mais j’interviens à la demande de mon organisation sur les
questions qui touchent à la Sécurité
sociale que je prétends connaître un peu grâce au travail effectué sur le sujet
depuis 1979 et un peu grâce au 18 ans passés à la CPAM.
J’ai animé de nombreux débat à la suite du film « La sociale » dont un à Montreuil (photos) pour la métallurgie le 22 mars 2017 en compagnie de Bernard Lamirand
J’ai animé de nombreux débat à la suite du film « La sociale » dont un à Montreuil (photos) pour la métallurgie le 22 mars 2017 en compagnie de Bernard Lamirand
Il nous faut affirmer
haut et fort que nous ne sommes pas en démocratie. D’une part parce que dans le
capitalisme la démocratie c’est le masque de la dictature du capital. D’autre
part, en France la Constitution attribue au président, de plus, mal élu (18%
des inscrits) des pouvoirs lui permettant de décider de tout. Ça suffit !
Il ne faut plus se rendre aux « convocations » d’un ministre ou du
président. Il faut s’y rendre pour négocier (pas discuter) avec nos
revendications et seulement nos revendications tout en travaillant à faire
monter le rapport des forces pour faire aboutir ces revendication
Voilà pour la
présentation, un peu longue mais je crois que c’était nécessaire.
Nous devons nous préparer
à une nouvelle attaque du capital contre les conquêtes ouvrières, notamment
contre les retraites et je tenais à te faire part de mon analyse.
Voilà 40 ans que nous
tentons de stopper, sans succès, l’offensive patronale. Il est grand temps de
changer de méthode. Je crois (et je suis même sûr) qu’il faut cesser la comédie
du « dialogue social ». Il ne saurait y avoir de
« dialogue » avec l’ennemi de classe, nous ne sommes pas des
« partenaires sociaux ». Les mots ont un sens, n’employons pas ceux
de l’ennemi. J’ai bientôt 79 ans et j’ai connu l’époque où nous appelions les
choses par leurs vrais noms !
Venons-en aux revendications.
Pour le patron du Medef
la retraite c’est mathématique. Eh bien non la retraite comme l’ensemble de la
Sécurité sociale c’est politique. Les concepteurs de la Sécurité sociale,
Croizat en tête n’ont pas demandé l’avis du Bézieux de l’époque, ils ont créé
l’institution dont les travailleurs avaient (et ont toujours) besoin sans se
poser la question : « est-ce possible » ?.
Si nous partons au combat
contre les mesures gouvernementales chaque régime de son côté avec sa
calculette : « on est mort ».
La France est un pays
très riche entre 1949 et 2018 le PIB a été multiplié par 8,5 en euros constant
(INSEE). Alors pas de mégotage et ses « propositions », le
gouvernement on lui dit où il se les met. Jusqu’au début des années 1990 nous
partions à la retraite à 60 ans et 37,5 années de cotisations et personne n’en
mourrait (même pas Bézieux).
Il est donc possible
aujourd’hui d’être à la retraite à 60 ans avec 80% de son meilleur salaire
brut, sans condition de durée de cotisation, cela permettra aux jeunes
d’avoir un emploi. Etant entendu que si la retraite c’est la fin de l’emploi,
ça n’est pas la fin du travail. Paraphrasant Bernard Friot, je dirais qu’un
retraité qui cultive son potager, qui s’occupe de ses petits-enfants, créé plus
de richesses qu’un conseiller en communication à Macron.
De mon point de vue, il
serait souhaitable de traiter la Sécurité sociale, comme l’ont voulu les
concepteurs : comme un tout, les branches Maladies, Vieillesse,
Famille auxquelles il faudrait ajouter le chômage. Pour au moins deux raisons
l’Unicité et l’interdépendance des risques. Cela avec un taux de cotisation
unique. En finir avec l’expression « cotisations salariales et
patronales » et le remplacer par un prélèvement unique (à définir) sur la
valeur ajouté de l’entreprise, ce que sont en réalité ces deux prélèvements.
Dans le cadre d’une Sécu unifiée
à régime unique (figure 1), la CGT doit porter la revendication de suppression
de toutes les complémentaires et s’agissant d’un salaire socialisé la gestion
doit être assurée par les salariés élus à la proportionnelle sur listes
syndicales à l’exclusion des patrons qui n’ont aucune légitimité pour gérer
notre salaire (direct et indirect) et avec un contrôle citoyens.
Je suis conscient que
tout cela est difficile. Mais depuis quand la lutte des classes est-elle
facile ?
Fraternelles
salutations
Michel
Cialdella
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