Immigration.
Fabien Roussel interpelle Emmanuel Macron
Mercredi, 25 Septembre, 2019
Alors que le président
de la République a lancé un débat sur l’immigration qui, par bien des aspects
légitime le discours du Front national, le secrétaire national du PCF et député
du Nord, Fabien Roussel, précise ses positions sur le sujet dans une « Lettre
ouverte à Emmanuel Macron ».
« Monsieur le Président, Vous voulez parler immigration ? Eh bien
parlons-en ! »
Pour la deuxième fois en moins d’un an, vous voulez imposer le thème de
l’immigration dans l’actualité. À six mois des élections, c’est une vieille
ficelle ! Après le vote tout récent de la loi « Asile et Immigration », c’est
même de l’acharnement !
Vous voulez parler immigration ? Eh bien parlons en !
Le sujet mérite mieux que d'être instrumentalisé pour diviser les citoyens,
pour imposer votre duo avec l’extrême droite et au final pour flétrir notre
République.
Parlons de ces familles qui quittent des pays dont les richesses sont
pillées, dont les États sont placés sous tutelle de banques internationales et
de dictateurs corrompus, dont les infrastructures publiques ont été bradées à
des multinationales ! Parlons des coopérations à développer, qui permettraient
à chaque peuple de retrouver sa souveraineté sur ses ressources et son
économie.
Parlons de la taxe sur les transactions financières que vous avez refusé
d’élargir pour ne pas heurter le monde de la finance, nous privant de deux
milliards d’euros destinés à ces pays.
Parlons des 5 milliards d’euros que représente la contribution des migrants
à la création de richesses dans notre pays, quand l’Aide médicale d’État, que
vous voulez remettre en cause, ne coûte que 900 millions.
Parlons de celles et ceux qui fuient tous ces conflits dans lesquels nous
portons une part de responsabilité, dont l'OTAN a été l'acteur ces dernières
années : l'Afghanistan, la Libye, la Syrie, le Yemen. Comment peut-on laisser
mourir en Méditerranée des hommes, des femmes, des enfants qui fuient le chaos,
les bombes, parfois nos bombes ?
Parlons des migrations à venir, que causeront le dérèglement climatique et
son lot de catastrophes naturelles. Si nous n’agissons pas fortement, ces
migrations vont se multiplier, jetant sur les routes des familles qui auront
tout perdu. L’Union européenne est parmi les 3 principaux pollueurs de la
planète, et nous devrions nous exonérer de toute responsabilité ?
Parlons donc des moyens à développer en urgence pour que l’Europe tienne
ses engagements en faveur du climat.
Parlons de ces travailleurs sans papiers que de très grandes entreprises
exploitent sans vergogne en les contraignant à la clandestinité. Quand allez
vous les régulariser ?
Parlons des travailleurs que vous livrez à la concurrence avec vos traités
européens, qui sont soumis au dumping social opposant les salarié-es de toute
l’Union Européenne, dumping que votre directive « travailleurs détachés » n’a
en rien remis en cause… Nous voulons les mêmes droits pour tous !
« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits », affirme la
Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen. Alors, pourquoi aujourd’hui,
dans un pays qui en a tous les moyens, ne pas reconnaître le droit de vote des
étrangers résidant et payant leurs impôts en France ?
Non, de tout cela vous ne voulez pas débattre car vous préférez que la
nation s'écharpe sur l’Aide médicale d’État et sur les allocations sociales, ou
qu'elle se préoccupe seulement de distinguer les migrants selon qu'ils fuient
la guerre, une catastrophe naturelle ou la misère ?
Vous voulez que nous débattions pour savoir si 28 pays et 500 millions
d’Européens sont en capacité d’accueillir quelques dizaines de milliers d'êtres
humains, quelque 3% de migrants à travers le monde, risquant leur vie sur un
bateau en Méditerranée ? Les pays du pourtour méditerranéen peuvent-il
s’exempter du droit maritime et du droit international ?
Monsieur le Président, l’ennemi ne vient pas en bateau. Il vient en jet
privé et il se moque des frontières. La pression n’est pas migratoire, elle
vient de la finance. Si des entreprises délocalisent, ça n’a jamais été à cause
d’un immigré. C’est à cause d’un capital avide de profits qui ronge comme un
cancer notre économie, nos emplois, nos droits.
Tous ces hommes et toutes ces femmes que vous stigmatisez sont nos frères
et nos sœurs. Nous ne faisons pas de distinctions entre eux. Nous réclamons des
droits pour tous, condition d’un accueil réussi. Le droit à la dignité humaine,
dans un monde de justice et de paix, dans une France humaniste et
universaliste.
Pour ouvrir vraiment un débat sérieux et porter des solutions de progrès,
je vous adresse ce jour le manifeste « Pour une France hospitalière et
fraternelle, une Europe solidaire », qu’a récemment rendu public le Parti
communiste français.
Paris, le 25 septembre 2019
Fabien Roussel,
Secrétaire national du
PCF, député du Nord
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