Pour
Monsieur Macron, Philippe Pétain fut un grand soldat.
Pétain serrant la main à Hitler
Je ne sais pas si à l’ENA on enseigne l’histoire mais
visiblement il a dû sauter les cours.
Pétain un grand soldat ? Ce n’est pas l’avis d’Henri
Guillemin (1).
Je cite : « De grandes surprises sont réservées à qui veut,
là-dessus, s’instruire sérieusement. On lit dans les notes de R. Poincaré sous
la date du 27 mars 1918, ce propos de Joffre que le président enregistre : « Pétain a pêché par les mêmes défauts que
lorsqu’il voulait abandonner Verdun » est-ce possible ? Erreur de texte
sans doute. Ou le président à mal entendu, ou Joffre se permet la quelque
boutade paradoxale. Car il est acquis, établi, définitif, que Pétain s’appelle
« le vainqueur de Verdun, le sauveur de Verdun » : c’est même là son titre de
gloire, le plus incontestable et le plus usuel. Et il aurait voulu « abandonner Verdun » ? Reportons-nous aux
Mémoires de Joffre lui-même ; tome 2,
page 216, nous lisons : « Vers le début
d’avril 1916 je cherchais le moyen d’éloigner le général Pétain du champ de
bataille de Verdun » ; un peu plus loin, page 222, après l’attaque
allemande du 9 juin : une vive émotion
s’est emparée du GQG au reçu des nouvelles envoyées du front par Pétain, encore
une fois, avait alarmé tout le monde » ; n’ayant qu’une confiance limitée dans
la durée possible de la résistance à Verdun, Pétain soutenait qu’il « importait d’envisager dès maintenant le
retrait des troupes sur la rive gauche de la Meuse ». l’Histoire de la Guerre mondiale apporte sur ce point tous les
éclaircissements nécessaires. La chose est demeurée à peu près inconnu du grand
public ; elle n’en est pas moins hors de discussion : par deux fois, en 1916,
Pétain conseilla l’abandon de la rive droite de la Meuse ; par deux fois Joffre
fut obligé de lui interdire ce repli désastreux. On comprend mieux alors ces
lignes trop ignorées mais caractéristiques du Maréchal Joffre dans ses Mémoires (tome 2 page 269) : si
l’histoire ne reconnaît le droit de juger les généraux qui opèrent sous mes
ordres, je tiens à affirmer que le vrai sauveur de Verdun fut Nivelle.…
Au début de cette année 1918, on voit le général Pétain s’employer de toute son
énergie à contrecarrer les desseins offensifs de Foch ; il se dépense ; il
multiplie les démarches et les arguments, commettant même, ainsi que le
démontre Chadebec de Lavalade, « une
stupéfiante erreur de calcul de près de 40 divisions sur 200 ».
… Le 24 mars 1918 en effet, à Compiègne, Pétain déclara
Clemenceau : « Si nous sommes battus,
nous devrons aux Anglais ». Le 26, Poincaré consigne dans ses carnets ce
que Clemenceau vient de lui apprendre : « Il (Pétain) m’a dit une chose que je
voudrais confier à aucun autre cas vous ; c’est cette phrase : les Allemands battront les Anglais en rase
campagne, après quoi ils nous battront aussi ».…… En cette fin de mars
1918, Pétain parle autour de lui de cesser le combat ; il estime la guerre
perdue, la victoire, du moins, impossible.. Du journal de Poincaré et encore,
sous la date du 27 mars 1918 (tome X, page 93) : « Pétain a déclaré à loucheur
: il faudrait entamer les pourparlers de
paix. Loucheur a consulté Foch, lequel a répondu : « c’est de la folie ».
Le 31 mai suivant, l’attaque de Champagne n’ayant pas donné
les résultats qu’on en attendait, Pétain, de sa propre initiative, prescrit en
recul ; il est prêt à laisser à l’ennemi Verdun, la Lorraine, Nancy, la ligne
des Vosges ; il fait donner par Franchet d’Esperey l’ordre d’évacuer Reims, ordre que Foch, de nouveau, devra annuler,
et auxquelles du reste, le général Micheler a refusé d’obéir.…
Le 15 juillet, les Allemands attaquent, « Pétain, écrit le
général Tournès dans l’Histoire de la Guerre mondiale (T. IV, page 173),
concède aussitôt la victoire à l’adversaire ». Le même jour, en effet, 15
juillet 1918, à 10 heures, malgré les instructions formelles de Foch
interdisant de modifier la répartition des réserves en vue de l’opération
offensive qu’il méditait, Pétain donne à Fayolle l’ordre d’arrêter la
préparation de l’entreprise. Et encore une fois Foch doit réparer cette
intervention déplorable.
J’arrête là car il faudrait citer encore des pages du livre
« la vérité sur l’affaire Pétain ». Henri Guillemin. Éditions utovie/hg. 2012.
Quatrième de couverture
Ce livre, révélé par Philippe Guillemin, fils de
l’historien, avait été publié à l’origine sous 1 pseudonyme pour des raisons de
sécurité professionnelle, il a été oublié pendant 50 ans !
Au moment où on banalise certaines thèses révisionnistes,
ou la complaisance pour 1’attitude douteuse le dispute à la servilité face aux
montées de l’extrême droite en France, il est essentiel de bien comprendre que
celle-ci n’arrive jamais par hasard au pouvoir. Mais qu’au contraire, c’est le
résultat d’un long travail de préparation des esprits, de sape, de gangrène.
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