mercredi 7 novembre 2018

Pétain fut un grand soldat.?






Pour Monsieur Macron, Philippe Pétain fut un grand soldat.


Pétain serrant la main à Hitler




Je ne sais pas si à l’ENA on enseigne l’histoire mais visiblement il a dû sauter les cours.

Pétain un grand soldat ? Ce n’est pas l’avis d’Henri Guillemin (1).

Je cite : « De grandes surprises sont réservées à qui veut, là-dessus, s’instruire sérieusement. On lit dans les notes de R. Poincaré sous la date du 27 mars 1918, ce propos de Joffre que le président enregistre : « Pétain a pêché par les mêmes défauts que lorsqu’il voulait abandonner Verdun » est-ce possible ? Erreur de texte sans doute. Ou le président à mal entendu, ou Joffre se permet la quelque boutade paradoxale. Car il est acquis, établi, définitif, que Pétain s’appelle « le vainqueur de Verdun, le sauveur de Verdun » : c’est même là son titre de gloire, le plus incontestable et le plus usuel. Et il aurait voulu « abandonner Verdun » ? Reportons-nous aux Mémoires de Joffre lui-même ; tome 2, page 216, nous lisons : « Vers le début d’avril 1916 je cherchais le moyen d’éloigner le général Pétain du champ de bataille de Verdun » ; un peu plus loin, page 222, après l’attaque allemande du 9 juin : une vive émotion s’est emparée du GQG au reçu des nouvelles envoyées du front par Pétain, encore une fois, avait alarmé tout le monde » ; n’ayant qu’une confiance limitée dans la durée possible de la résistance à Verdun, Pétain soutenait qu’il « importait d’envisager dès maintenant le retrait des troupes sur la rive gauche de la Meuse ». l’Histoire de la Guerre mondiale apporte sur ce point tous les éclaircissements nécessaires. La chose est demeurée à peu près inconnu du grand public ; elle n’en est pas moins hors de discussion : par deux fois, en 1916, Pétain conseilla l’abandon de la rive droite de la Meuse ; par deux fois Joffre fut obligé de lui interdire ce repli désastreux. On comprend mieux alors ces lignes trop ignorées mais caractéristiques du Maréchal Joffre dans ses Mémoires (tome 2 page 269) : si l’histoire ne reconnaît le droit de juger les généraux qui opèrent sous mes ordres, je tiens à affirmer que le vrai sauveur de Verdun fut Nivelle.… Au début de cette année 1918, on voit le général Pétain s’employer de toute son énergie à contrecarrer les desseins offensifs de Foch ; il se dépense ; il multiplie les démarches et les arguments, commettant même, ainsi que le démontre Chadebec de Lavalade, « une stupéfiante erreur de calcul de près de 40 divisions sur 200 ».

… Le 24 mars 1918 en effet, à Compiègne, Pétain déclara Clemenceau : « Si nous sommes battus, nous devrons aux Anglais ». Le 26, Poincaré consigne dans ses carnets ce que Clemenceau vient de lui apprendre : « Il (Pétain) m’a dit une chose que je voudrais confier à aucun autre cas vous ; c’est cette phrase : les Allemands battront les Anglais en rase campagne, après quoi ils nous battront aussi ».…… En cette fin de mars 1918, Pétain parle autour de lui de cesser le combat ; il estime la guerre perdue, la victoire, du moins, impossible.. Du journal de Poincaré et encore, sous la date du 27 mars 1918 (tome X, page 93) : « Pétain a déclaré à loucheur : il faudrait entamer les pourparlers de paix. Loucheur a consulté Foch, lequel a répondu : « c’est de la folie ».

Le 31 mai suivant, l’attaque de Champagne n’ayant pas donné les résultats qu’on en attendait, Pétain, de sa propre initiative, prescrit en recul ; il est prêt à laisser à l’ennemi Verdun, la Lorraine, Nancy, la ligne des Vosges ; il fait donner par Franchet d’Esperey l’ordre d’évacuer Reims, ordre que Foch, de nouveau, devra annuler, et auxquelles du reste, le général Micheler a refusé d’obéir.…

Le 15 juillet, les Allemands attaquent, « Pétain, écrit le général Tournès dans l’Histoire de la Guerre mondiale (T. IV, page 173), concède aussitôt la victoire à l’adversaire ». Le même jour, en effet, 15 juillet 1918, à 10 heures, malgré les instructions formelles de Foch interdisant de modifier la répartition des réserves en vue de l’opération offensive qu’il méditait, Pétain donne à Fayolle l’ordre d’arrêter la préparation de l’entreprise. Et encore une fois Foch doit réparer cette intervention déplorable.

J’arrête là car il faudrait citer encore des pages du livre « la vérité sur l’affaire Pétain ». Henri Guillemin. Éditions utovie/hg. 2012.

Quatrième de couverture

Ce livre, révélé par Philippe Guillemin, fils de l’historien, avait été publié à l’origine sous 1 pseudonyme pour des raisons de sécurité professionnelle, il a été oublié pendant 50 ans !

Au moment où on banalise certaines thèses révisionnistes, ou la complaisance pour 1’attitude douteuse le dispute à la servilité face aux montées de l’extrême droite en France, il est essentiel de bien comprendre que celle-ci n’arrive jamais par hasard au pouvoir. Mais qu’au contraire, c’est le résultat d’un long travail de préparation des esprits, de sape, de gangrène.

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