lundi 18 juin 2018

Lettre ouverte à Emmanuel Macron.


54 personnalités appellent Emmanuel Macron à reconnaître la responsabilité de l'État français dans l'assassinat du mathématicien communiste le 11 juin 1957, « disparu », comme des milliers d'Algériens, après avoir été torturé par l'armée française.



Lettre ouverte à Emmanuel Macron.

Pour la reconnaissance de la responsabilité de l'État français dans la mort de Maurice Audin.
Le 11 juin 1957, pendant la bataille d'Alger, Maurice Audin, mathématicien communiste de 25 ans, était arrêté par les parachutistes du général Massu devant sa famille, avant d'être torturé. Le jeune assistant à la faculté d'Alger n'en est jamais revenu, et l'armée française a fait disparaître son corps.
Plus de 60 ans ont passé et Josette Audin, sa femme, attend « toujours que la France, pays des droits de l'homme, condamne la torture, ceux qui l'ont utilisé et ceux qui l'ont autorisé ». Car Maurice Audin ne s'est pas évaporé dans la nature après une évasion, comme l'a trop longtemps soutenu la « version officielle ». À la suite de Pierre Vidal-Naquet, tout ce qui ont travaillé sur cette « affaire » ont établi que Maurice Audin avait été torturé et assassiné par l'armée française, agissant dans le cadre des pouvoirs spéciaux votés par le pouvoir politique. Mais, de lois d'amnistie en non-lieu, tout a été fait au plus haut sommet de l'État pour camoufler la vérité sur les crimes perpétrés par l'armée française pendant la guerre d'Algérie. Et toute une génération d'appelé a été marquée à vie, muré dans le silence et la honte.
Des deux côtés de la Méditerranée, les mémoires algériennes et françaises resteront enter par les horreurs qui ont marqué cette guerre, tant que la vérité n'aura pas été dite et reconnue, comme le relevait déjà l'appel des 12 grands témoins contre la torture, publié en octobre 2000 dans l'humanité. Il est aujourd'hui grand temps d'apaiser cette mémoire pour aller de l'avant.
En 1999, l'État français reconnaissait officiellement la « guerre » d'Algérie, qui ne fut ni de simples « événements », ni des « opérations de maintien de l'ordre », mais bien « une sale guerre », dont les plaies peinent encore à cicatriser. En 2014, le président de la république, François Hollande, reconnaissait que la thèse de l'évasion de Maurice Audin était un mensonge d'État et qu'il était bien mort au cours de sa détention.
Monsieur le président de la république, vous avez promis « des actes forts sur cette période de l'histoire ». La reconnaissance des sévices subis par Maurice Audin, puis de son assassinat par l'armée française serait cet acte fort. Le moment est venu. Pour sa famille d'abord, qu'il attend depuis plus de 60 ans, mais aussi pour les milliers d'Algériens « disparus » comme Maurice Audin de l'autre côté de la Méditerranée.
Il y a quelques semaines, l'« affaire Audin » est réapparue dans le débat public.
Un espoir s'est levé qui ne doit pas être déçu.


Parmi les signataires de l'appel :

Patrick Boucheron (historien), Patrick Chamoiseau (écrivain), Simone de Bollardière (femme du général qui s'opposa à la torture), Aurélie Filippetti, Robert Guédiguian, Pierre Laurent, Benjamin Stora (historien), Françoise Vergès (historienne), Cédric Villani (mathématicien et député LREM), Ernest Pignon-Ernest (plasticien), Alain Ruscio (historien), Ludivine Bantigny (historienne), Benjamin Stora (historien) Danielle Tartakowsky (historienne) Alain Ruscio (historien)…

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