54 personnalités
appellent Emmanuel Macron à reconnaître la responsabilité de l'État
français dans l'assassinat du mathématicien communiste le 11 juin 1957, «
disparu », comme des milliers d'Algériens, après avoir été torturé par l'armée
française.
Lettre ouverte à Emmanuel Macron.
Pour la reconnaissance
de la responsabilité de l'État français dans la mort de Maurice Audin.
Le 11 juin 1957,
pendant la bataille d'Alger, Maurice Audin, mathématicien communiste de 25 ans,
était arrêté par les parachutistes du général Massu devant sa famille, avant
d'être torturé. Le jeune assistant à la faculté d'Alger n'en est jamais revenu,
et l'armée française a fait disparaître son corps.
Plus de 60 ans ont
passé et Josette Audin, sa femme, attend « toujours
que la France, pays des droits de l'homme, condamne la torture, ceux qui l'ont
utilisé et ceux qui l'ont autorisé ». Car Maurice Audin ne s'est pas
évaporé dans la nature après une évasion, comme l'a trop longtemps soutenu la «
version officielle ». À la suite de
Pierre Vidal-Naquet, tout ce qui ont travaillé sur cette « affaire » ont établi que Maurice Audin avait été torturé et
assassiné par l'armée française, agissant dans le cadre des pouvoirs spéciaux
votés par le pouvoir politique. Mais, de lois d'amnistie en non-lieu, tout a
été fait au plus haut sommet de l'État pour camoufler la vérité sur les crimes
perpétrés par l'armée française pendant la guerre d'Algérie. Et toute une
génération d'appelé a été marquée à vie, muré dans le silence et la honte.
Des deux côtés de la
Méditerranée, les mémoires algériennes et françaises resteront enter par les
horreurs qui ont marqué cette guerre, tant que la vérité n'aura pas été dite et
reconnue, comme le relevait déjà l'appel des 12 grands témoins contre la
torture, publié en octobre 2000 dans l'humanité. Il est aujourd'hui grand temps
d'apaiser cette mémoire pour aller de l'avant.
En 1999, l'État
français reconnaissait officiellement la « guerre
» d'Algérie, qui ne fut ni de simples « événements
», ni des « opérations de maintien de
l'ordre », mais bien « une sale
guerre », dont les plaies peinent encore à cicatriser. En 2014, le
président de la république, François Hollande, reconnaissait que la thèse de
l'évasion de Maurice Audin était un mensonge d'État et qu'il était bien mort au
cours de sa détention.
Monsieur le président
de la république, vous avez promis « des actes forts sur cette période de
l'histoire ». La reconnaissance des sévices subis par Maurice Audin, puis de
son assassinat par l'armée française serait cet acte fort. Le moment est venu.
Pour sa famille d'abord, qu'il attend depuis plus de 60 ans, mais aussi pour
les milliers d'Algériens « disparus » comme Maurice Audin de l'autre côté de la
Méditerranée.
Il y a quelques
semaines, l'« affaire Audin » est
réapparue dans le débat public.
Un espoir s'est levé
qui ne doit pas être déçu.
Parmi les signataires de l'appel :
Patrick Boucheron (historien),
Patrick Chamoiseau (écrivain), Simone de Bollardière (femme du général qui
s'opposa à la torture), Aurélie Filippetti, Robert Guédiguian, Pierre Laurent,
Benjamin Stora (historien), Françoise Vergès (historienne), Cédric Villani
(mathématicien et député LREM), Ernest Pignon-Ernest (plasticien), Alain Ruscio
(historien), Ludivine Bantigny (historienne), Benjamin Stora (historien)
Danielle Tartakowsky (historienne) Alain Ruscio (historien)…
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