L'EPOUVANTAIL FINANCIER
Etrange pied de nez de
l'histoire, le vieux concept
marxiste qui différenciait la «
sphère industrielle » et la «sphère financière » est en train de submerger la
pensée économique. Et chacun de s'inquiéter :
de la « financiarisation » du monde,
de la prolifération des services financiers,
de la dérèglementation... aux dépens de
la bonne et vieille industrie. Tout semble en effet témoigner de l'explosion financière (voir, page 76, l'article de Gilles Coville) : des flux quotidiens qui ne trouvent leur origine dans
le commerce que pour quelques pour-cent
; des taux d'intérêt réels tels que le placement est systématiquement plus rentable que l'investissement industriel
une évolution des mentalités qui place l'argent aussi haut qu'il était hier
dévalorisé ; une fantasmagorie qui
fait de l'économie, en particulier
financière, le nec plus ultra des savoirs ou même du snobisme. Face à ce délire financier, les tenants de l'économie classique se transforment en prophètes de malheur. I1 est,
pour eux, minuit moins cinq...
L'explosion ? Le spectre de 1929 ne cesse de rôder,
et nos prophètes de se livrer à de sagaces comparaisons entre la période 1925-1929 et aujourd'hui. Le parallélisme était évidemment en germe dans la thèse depuis longtemps
dominante - sous-produit ignoré du
marxisme - qui voit dans le « jeudi noir » le point ultime de la dissociation entre l'« économie réelle » et l'«
économie virtuelle ». Au nom de la capacité si rassurante de l'histoire à se
répéter, n'oublie-t-on pas
les mécanismes de stabilisation qui se sont mis en place ?
Notamment
le rôle régulateur des Etats, l'apparition de grands acteurs susceptibles de servir
de boucliers face aux turbulences, la sophistication des techniques
de marché qui
permettent grâce à des programmes informatiques préenregistrés, d'endiguer les paniques boursières ? La charge de la preuve semble appartenir aux optimistes alors qu'elle devrait revenir aux pessimistes...
Mais le phénomène est-il réversible ? Comment
imaginer une contraction de ce nouvel univers financier qui rentrerait un beau
jour dans sa coquille ? Certes, 1'habitude voudrait que le cycle boursier voie
s'ouvrir une période de baisse. Mais,
aujourd'hui la liquidité financière internationale est reine ayant atteint cette situation prodigieuse où,
s'autoalimentant, elle échappe à tout contrôle. Le retour à une situation plus traditionnelle
ne pourrait se faire qu'avec la résurrection d'un contrôle quasi policier des
flux et la restauration d'une économie-matière. Cela s'est déjà produit et a,
d'ailleurs, un nom : l'économie de guerre. Ce sont cri effet les guerres qui
remplissent traditionnellement ce rôle : elles seules bloquent les processus financiers.
A guerre improbable, réduction
de la sphère financière impossible.
L'explosion
des mouvements de capitaux n'annonce pas nécessairement une catastrophe. Elle
traduit un nouvel ordre économique mondial
Est-ce alors une lame de
fond ? A coup sûr, pour des raisons immédiates et de long terme. Rien,
actuellement, ne peut arrêter la ronde sans fin des monnaies et des placements.
Mais, sur une longue période, le phénomène
est bien davantage que la résultante incontrôlable d'un mouvement
brownien. Il traduit une redistribution de l'épargne et de la production.
Ce sont, comme par hasard, les pays démographiquement les
plus menacés qui accumulent des excédents de balance des paiements et les placent
dans des pays démographiquement plus stables. L'Allemagne et le Japon ne sont-ils pas en train de mettre en place, à l'échelle internationale, un
gigantesque système de retraites par capitalisation
? Ne sont-ils pas en train
d'investir
ailleurs, et en particulier aux Etats-Unis, de quoi payer leurs retraites à des
populations qui verront, dans les vingt prochaines années, se raréfier les personnes actives au profit
des inactifs ? Ne cherchent-ils pas à garantir les dividendes futurs de leur
dynamisme actuel, comme en son temps l'émirat du Koweït plaçait le produit de
la rente pétrolière en actions de compagnies occidentales détenues par cette «
Fondation du futur » au nom presque magique ? Si ces deux économies reines sont
en train d'assurer les fins de mois futures de leurs populations, le risque devient faible d'une inversion
des flux. Où ces pays iraient-ils placer, en dehors des Etats-Unis, les
excédents que l'anticipation de leur propre avenir leur interdit d'investir chez eux ? Cette gigantesque
redistribution des cartes correspond à un nouvel
ordre du monde : elle est donc facteur de stabilité, même si,
à ce jeu de qui perd gagne, l'économie impériale de l'après-guerre, celle des Etats-Unis, devient le soutier des nouveaux riches.
Face à cette lame de fond, nos concepts n'ont-ils pas
vieilli ? Cette
distinction séculaire industrie-finance a-t-elle
encore un sens ? Pour répondre non, il suffit de regarder la mutation des grands acteurs. Un constructeur automobile sera, dans dix ans, un mélange de spécialiste en markéting et de roi du
crédit-bail : peut-être aura-t-il encore quelques usines d'assemblage, mais
pour le reste il se sera évadé de l'industrie classique. Une entreprise de distribution ne distinguera
plus la vente des produits du crédit qu'elle offrira simultanément. La vieille classification
industrie-tertiaire-finances ne résistera pas à cette tornade, et avec elle la
césure entre sphère financière et sphère industrielle.
Mais la mort du concept ne signifie pas la disparition du seul
vrai problème : dans ce nouveau monde, les progrès de productivité seront-ils
aussi importants que dans l'ancien ? Question
vitale, car elle conditionne le rythme
de croissance et l'emploi. Impossible aujourd'hui de répondre, nos appareils statistiques
n'étant pas adaptés pour définir la productivité
de Wall Street et a fortiori pour la
mesurer. Sans bases
solides, la prospective tourne au pronostic. Sans doute l'union des nouveaux acteurs se fera-t-elle pour affirmer
que, même inconnue, leur productivité est supérieure à celle du secteur
administratif. Mais ce tir de barrage ne suffira pas. Au lieu de larmoyer et de
fantasmer, que les économistes s'emparent de cette interrogation en forme de
provocation ! Que sont, aujourd'hui, la valeur ajoutée et la productivité des
institutions financières et, demain, de ces êtres économiques hermaphrodites
qui mêleront finance, service, industrie ?
Alain Minc Avril 1987
Ce texte d'Alain Minc est publié en avril 1987.
Et le 19 octobre de la même année nous avons le plus grand
crash financier depuis 1929 !
Quel imbécile ce Minc.
Je suis ici pour partager mon témoignage de ce qu'une bonne société de prêt de confiance a fait pour moi. Je m'appelle Nikita Tanya, je suis russe et je suis une charmante mère de 3 enfants.J'ai perdu mes fonds en essayant d'obtenir un prêt que c'était si difficile pour moi et mes enfants, je suis allé en ligne pour demander une aide au prêt perdu jusqu'au jour où j'ai rencontré cet ami à moi qui a récemment obtenu un prêt d'un homme très honnête, M. Benjamin. Elle m'a présenté cet honnête agent de crédit M., Benjamin qui m'a aidé à obtenir un prêt dans les 5 jours ouvrables, je serai à jamais reconnaissant à M. Benjamin, de m'avoir aidé à me remettre sur pied. Vous pouvez contacter M. Benjamin par e-mail: 247officedept@gmail.com, ils ne savent pas que je fais ça pour eux, mais je dois juste le faire car beaucoup de gens ont besoin d'une aide au prêt, veuillez venir à cet honnête homme et vous pouvez également être sauvé .WhatsApp :( +1989-394-3740)
RépondreSupprimer