«
Pour remplir votre mission, il faut faire
précisément tout le contraire de ce qui a existé avant vous. Jusqu'ici
l'art de gouverner n'a été que l'art de
dépouiller et d'asservir le grand nombre au profit du petit nombre, et la
législation le moyen de réduire ces attentats
en système : les rois et les aristocrates ont très bien fait leur
métier; c'est à vous maintenant de faire le vôtre, c'est-à-dire de
rendre les hommes heureux et libres par les lois ».
Robespierre le 10 mai 1793
Robespierre le 10 mai 1793
Fontaine, lundi 28 décembre 2015.
Monsieur
le Président de la République.
http://www.elysee.fr/ecrire-au-president-de-la-republique/
Ce jour, la télé nous informe qu'un bébé souffrant
d'une maladie orpheline va mourir faute de trouver en France les moyens
thérapeutiques nécessaires. Les parents font des recherches sur internet et
découvrent qu'une solution existerait au Canada. Ils lancent un appel à la
générosité sur "facebook". Toujours à la télé, l'image d'un homme de
82 ans, qui vit depuis 20 ans dans une cabane en bois, malgré la loi sur le
logement opposable (La loi n° 2007-290 du 5
mars 2007). Il obtient un appartement grâce à la solidarité des voisins.
Le journal l'Humanité du 24 décembre m'informe que
les statistiques de l'INSEE affichent une hausse du taux de pauvreté en 2014.
Neuf millions de Français (14,2% des ménages) vivent désormais avec moins de
964 euros par mois, sur fond d'accroissement des inégalités.
Les syndicalistes sont traités de voyous pendant que
les fraudeurs et autres exilés fiscaux (Cahuzac/Thévenoud) s'en donnent à cœur
joie avec des milliards détournés. Et cerise sur le gâteau un parti d'extrême
droite aux portes du pouvoir.
Tout cela sous la présidence de quelqu'un qui
prétendait avoir comme ennemi la finance !
C'est votre politique
antisociale généralisée qui a nourri le vote Front National à un niveau jamais
égalé jusqu'à présent sous la droite : quelle honte pour un gouvernement qui se
dit « socialiste » et qui aura réussi à abîmer l'idée de « gauche » comme
jamais ! (1).
Faut-il s'en étonner ?
En février 1984, suite à la directive envoyée par François Mitterrand aux
patrons de chaînes de télévision, Jean-Marie Le Pen est invité sur le plateau
de l’« Heure de vérité ». Alors qu'aux élections législatives de 1981,
c’est-à-dire 9 ans après sa création, le Front National comptait… 270 adhérents
et avait réalisé… 0,18%.[2]
Pierre Bérégovoy en rajoute une louche : “On a tout
intérêt à pousser le Front National, il rend la droite inéligible. Plus il sera
fort, plus on sera imbattables. C’est la chance historique des socialistes.“(entretien
avec l’auteur le 21 juin 1984). » [3]. Aujourd'hui ce parti obtient près
de 30 % des suffrages. Encore un petit effort, Hitler a prit le pouvoir avec 33
% des suffrages !
Voilà au moins un domaine où votre politique a réussi
!
Plutôt que de rendre obligatoire une complémentaire
inégalitaire, il faut revenir aux principes fondateurs de la Sécurité sociale
une caisse unique qui prenne 100 % des besoins de santé et de retraite, gérée
par les intéressés, c'est-à-dire les salariés qui représentent 90 % de la
population active. Notre pays en a les moyens. Grâce aux richesses produites
par les salariés, le produit intérieur brut a été multiplié par 7,2 selon
l'INSEE, entre 1950 et 2013.
Pour cela un président de vraiment de gauche impulserait
une lutte sans merci contre les délocalisations, les évasions fiscales, la
fraude fiscale, le pillage de la richesse par les actionnaires. Cela permettra une
augmentation sans précédent des cotisations sociales dites "patronales".
Cet argent ne sera pas gaspillé dans une spéculation néfaste pour le peuple de
France.
Plutôt que de détruire le Code du travail, il faut
au contraire renforcer les droits des travailleurs. Et si l'on veut vraiment
supprimer des pages, on peut toujours supprimer les dérogations que les
employeurs ont obtenues depuis les années 1990 et qui sont autant de pages supplémentaires
[4].
Et si le Medef le trouve trop compliqué, il n'a qu'à
apprendre à lire.
Monsieur le président de la République, n'oubliez
jamais que dans une démocratie véritable, le peuple est souverain et les
ministres ne sont que nos commettants. Ils ne peuvent et ne doivent rien
décider sans nous.
Le capitalisme est cette croyance
stupéfiante que les pires des hommes feront les pires choses pour le plus grand
bien de tout le monde. (Keynes).
Michel Cialdella
citoyen en colère
1 - Yvon Quiniou, l'Humanité du 24 décembre 2015.
2 - http://www.upr.fr/actualite/france/comment-francois-mitterrand-cree-menace-front-national
3 - https://cestpolitique.wordpress.com/2012/05/04/de-lart-dutiliser-le-front-national-et-le-vote-des-etrangers/
4 - Le code du travail, garant
de l'emploi. Rachel
Saada, avocat du barreau de Paris, spécialiste du droit du travail et de la
protection sociale. Le Monde diplomatique, janvier 2016.
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