Monsieur
Emmanuel Macron Président
de la République Française
Palais de l'Élysée,
55 rue du Faubourg-Saint-Honoré
75008 Paris, France
de la République Française
Palais de l'Élysée,
55 rue du Faubourg-Saint-Honoré
75008 Paris, France
https://www.elysee.fr/ecrire-au-president-de-la-republique/
Fontaine,
le 27 juin 2020
Monsieur le Président de la
République
Je vous ai entendu proclamer la France « ne déboulonnera pas de statues ».
Comme
tous vos prédécesseurs, vous vous prenez pour la France. Mais vous n’êtes pas
la France ! Vous n’êtes « que » Président de la République (mal
élu).
Pour ce
qui est de déboulonner les statues, c’est au peuple (le Souverain) d’en
décider.
Assumer
notre histoire n’implique pas d’ériger des statues aux tortionnaires, mais de
l’enseigner telle qu’elle est. Les statuts servent à glorifier, elles ne
racontent pas l’Histoire. Vous avez d’ailleurs qualifié la colonisation de
crime contre l’Humanité ! Je ne
sais pas si c’est l’expression qui convient, mais effectivement c’est un drame
pour les populations concernées.
Les écrits du
colonel François De Montagnac, un des conquérants de l’Algérie (1803 – 1845)
en témoigne : « selon moi toutes les populations qui n'acceptent pas nos
conditions doivent être rasées. Tout doit être pris saccagé sans distinction
d'âge et de sexe. L'herbe ne doit plus pousser où l'armée française a mis le
pied. ». (1)
« Pour
chasser les idées qui m’assiègent quelquefois, je fais couper des têtes, non
pas des têtes d’artichaut, mais bien des têtes d’hommes ». (2)
Voyez-vous,
je ne sais pas s’il existe une statue de ce personnage, mais il me plairait
assez qu’elle soit déboulonnée.
Laissons la
conclusion au poète qui a toujours raison : Car enfin, il faut en
prendre son parti et se dire une fois pour toutes, que la bourgeoisie est
condamnée à être chaque jour plus hargneux, plus ouvertement féroce, plus dénuée
de pudeur, plus sommairement barbare ; que c’est une loi implacable que toute
classe décadente se voit transformée en réceptacle où affluent toutes les eaux
sales de l’histoire ; que c’est une loi universelle que toute classe, avant de
disparaître, doit préalablement se déshonorer complètement, et que c’est la
tête enfouie sous le fumier que les sociétés moribondes poussent leur chant du
cygne. (3).
Les
malheureux sont les puissances de la terre ; ils ont le droit de parler en
maître au gouvernement qui les négligent. (St Just).
Michel Cialdella
1)
Le cinéaste René Vautier donne
lecture de documents pris à la bibliothèque nationale à Paris.
2)
Cité par Aimé Césaire dans le Discours
sur le colonialisme.
3)
Aimé Césaire dans le Discours sur le
colonialisme.
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