Commémoration Polotti – Lenoir
Vendredi 17 mai 2019
Intervention d’Isabelle Peters pour la
Fédération de l’Isère du PCF.
Et quelques ajouts de Michel Cialdella
Le
17 mai 1944, il y a 75 ans, deux chefs de l’Etat-major départemental des FTPF, Antoine Polotti, dit George
dans la Résistance et Marco Lipzyck,
dit le commandant Lenoir, se rendaient à une importante réunion clandestine à
Fontaine quand brusquement des membres de la Gestapo armés jusqu’aux dents leur
tombèrent dessus. Une fusillade éclata et Antoine Polotti décéda. Marco Lipzyck
fut blessé, arrêté puis fusillé avec d’autres résistants, le 21 juillet 1944 au
ravin de l’Ecureuil à Seyssinet-Pariset.
Nos
camarades Polotti et Lenoir, qui n’était pas français d’origine, combattaient
pour la Patrie contre le fascisme. Ils ont montré courageusement, héroïquement,
à bien des Français où étaient leurs devoirs. Ils voulaient vivre dans un monde
où les différences ne seraient plus un obstacle mais un enrichissement. Ils
avaient fait le choix de mettre leur vie en péril, pour cette idée de la France
et de l’humanité que les communistes partageaient en une époque où une partie
de la France applaudissait Pétain. C’est au nom de leurs idéaux, conscients de
leur objectif qu’ils sont morts.
Ils
assumaient d’importantes responsabilités au Parti Communiste Français et leur
histoire témoigne, du rôle joué par les communistes dès le début de
l’occupation allemande, lorsque le PCF avait été interdit et que ses militants
et ses dirigeants étaient emprisonnés (notamment au fort Barreaux en Isère)
bien avant même le début de la guerre.
Ils
n’acceptèrent jamais la défaite, l’occupation des forces nazies, la trahison
pétainiste, la collaboration. Pour eux la liberté des peuples et la paix
étaient indissociable de la démocratie et de la justice sociale.
Se souvenir, se souvenir toujours.
Se
souvenir de la barbarie, de la haine de l’autre, de l’oppression. De ce
qu’était le gouvernement pétainiste. Karl Marx disait « Un peuple qui ne connaît pas son histoire est condamné à la revivre ».
À 9 jours des élections européennes, cette citation me semble plus que jamais
d’actualité. Déjà plusieurs pays (européens ou à travers le monde) ont basculé
dans l’obscurantisme porté par des partis d’extrême droite. Ces partis qui ont
choisi la classe du capital cherchent l’accession à tous les pouvoirs. Et un groupe
suffisamment fort au Parlement européen serait une catastrophe pour la liberté,
pour la démocratie, pour la justice sociale des peuples.
Se souvenir du
combat sans relâche des femmes et des hommes qui formèrent la Résistance, et
qui, pour beaucoup y ont laissé la vie pour que nous puissions faire vivre
notre devise, héritage de la Révolution française « Liberté, Egalité,
Fraternité ».
Se
souvenir, que dans une France occupée et ruinée, des hommes ont imaginé une
société meilleure protectrice et égalitaire, en construisant au péril de leur
vie, le programme du Conseil National de la Résistance dans lequel le parti communiste joua un rôle déterminant.
Qui peut croire que la
droite était pour :
-
l’éviction des
grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie.
-
Le retour à la
nation des grands moyens de production monopolisée… les compagnies d’assurances
et des grandes banques. (C’est Jacques
Duclos lui-même qui rédige la formulation qui sera plus tard adoptée). (1)
-
La participation
des travailleurs à la direction de l’économie.
-
Un syndicalisme
indépendant, doté de larges pouvoirs…etc.
Ce programme prévoyait : « Un plan
complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens
d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le
travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État
».
Pierre Villon,
communiste, résistant de la 1re heure est le principal rédacteur de
ce programme. Il rappelle dans un livre d’entretiens avec Claude Willard : « Le
programme du CNR, adopté… en mars 1944, reprend dans sa première partie presque
intégralement notre projet et, dans la 2e partie introduit quelques
modifications dues notamment au représentant de la CGT, Louis Saillant, et y
ajoute des bribes du texte de Laffon. (1)
La
journée du 27 mai, journée nationale de la Résistance, rappelle désormais
chaque année la dette que nous avons envers les résistantes et les résistants
qui contribuèrent au côté des forces alliées (notamment de l’URSS qui avec ses
26 millions de morts paya le prix fort) à la libération de la France et de l’Europe
du nazisme et du fascisme. Elle rappelle aussi l’importance de la mémoire
collective et la nécessité de faire vivre les valeurs portées par la
Résistance.
Se
souvenir toujours.
À
l’heure où certaines et certains cherchent à banaliser les idées nauséabondes
de l’extrême droite. À l’heure où la tenue de conférences ou de soi-disant
spectacles par des personnages comme Soral ou Dieudonné, émanant d’un mouvement
d’extrême droite, prônant la haine, ne semblent plus autant émouvoir les foules
qu’il y a quelques années. A l’heure où la représentante des « patriotes »
à Grenoble, ose commémorer la mémoire des résistantes et des résistants. À
l’heure où des tags néonazis antisémites faisant appel au maréchal Pétain sont
apposées sur les murs de nos villes ou des locaux des sections du Parti
Communiste comme à Vienne.
Le
Parti Communiste Français et sa fédération de l’Isère ne cesseront de combattre
le fascisme, le racisme, la xénophobie et la haine de l’autre. Nous affirmons
et réaffirmerons toujours notre attachement aux valeurs humanistes, de paix et
de diversité qui fonde notre République.
Le parti communiste français.
À la Libération, on a parlé du « parti des 75 000
fusillés », concernant le parti communiste français, la formule n’est pas
exacte dans sa forme. Écoutons Georgette ELGEY dans La République des illusions (éditions Fayard), qui rappelle, mais
avec beaucoup d’objectivité : s’il ne
semble pas exact que le PCF compte 75 000 fusillés, il est, hélas
vraisemblable que 75 000 de ses membres sont morts du fait de l’occupation
nazie.
Le grand écrivain Joseph Kessel qui rejoindra
l’Angleterre, parlera en termes émouvants de la lutte des communistes dans son
livre L’armée des ombres (éditions
Plon) : nous sommes tous concernés dans
la même bataille et ce sont les communistes sur qui l’ennemi s’acharne en
premier lieu, nous le savons. Et nous savons qu’ils sont aussi braves que les
plus braves et mieux organisés…Je ne
connais pas, dans la résistance, un homme qui ne parle des communistes, une
expression spéciale dans la voix et le visage. Une expression plus sérieuse.
Parlant des fusillés, il ajoute : Les francs-tireurs forment une véritable armée. La densité des cadavres
allemands, est devenue telle que l’ennemi a dû renoncer au système des otages.
Il ne peut continuer à aligner cent morts français pour un mort allemand, où il
lui faudrait assassiner la France entière. L’ennemi a reconnu ainsi, comme
publiquement, que le pays était au-dessus de la terreur.
Non, le « parti des 75 000 fusillés », au-delà de
la formule, n’est pas une légende, n’en déplaise à ceux qui veulent faire
croire le contraire, les mêmes ou les descendants de ceux qui disaient à
l’époque « Plutôt Hitler que le Front
populaire », ces 75 000 morts sont difficiles à effacer !
Hommage à ces communistes qui ont combattu
l’oppression fasciste, qui ont lutté contre le nazisme dans la nuit de
l’occupation allemande, sous un gouvernement de collaborateurs, vendue à
l’occupant, ils sont morts pour la France, la liberté et la démocratie. Hommage
aussi, aux milliers de communistes déportés, internés, emprisonnés et qui sont
revenus marqués dans leur chair et leur esprit.
Hommage à tous les communistes qui se sont battus les
armes à la main dans les pires conditions de l’occupation pour chasser
l’envahisseur nazi.
****
À ceux qui
prétendent que le parti communiste a tardé à entrer en résistance rappelons
quelques faits :
-
le 26 août 1939,
le gouvernement Daladier décrète l’interdiction des journaux communistes,
prenant prétexte du refus du PCF de désavouer le pacte de non-agression germano
- soviétique !
-
L’Humanité du 26
août 1939 titre : « UNION DE LA
NATION FRANCAISE CONTRE L’AGRESSEUR HITLERIEN».
-
Par décret, le
gouvernement Daladier interdit le PCF le 26 septembre 1939, le parti communiste
entre dans la clandestinité. N’oublions pas que ce même jour l’ancien président
du conseil sous le Front populaire le socialiste Léon Blum déclare : la dissolution du parti communiste est
légitime et naturelle. La répression est immédiate et d’une grande ampleur,
les municipalités communistes sont dissoutes et les élus arrêtés et jugés comme
de véritables malfaiteurs.
-
Le député
socialiste Georges Barthélémy, après la déchéance des députés communistes, voté
par la chambre le 26 janvier 1940 qui réclame le couperet de la guillotine.
-
François
Chasseigne, député socialiste, exige leurs exécutions sommaires sans autre forme de procès… le coup de
pistolet dans la nuque.
-
Le 8 avril 1940,
Albert Sérol, ministre socialiste de la justice, institue la peine de mort
contre les militants coupables de propagande communiste. C’est cet homme-là
qui, plus tard, après la défaite, sous l’occupation nazie, surmontera dans la
plus ignoble collaboration avec l’ennemi.
-
L’Humanité
clandestine du 20 mai 1940 titre : C’EST
LE FASCISME.
-
Le parti
communiste avait commencé à récupérer des armes dès avril 1940.
-
L’appel de Charles
Tillon responsable du parti communiste de la région de Bordeaux le 17 juin 1940
(la veille de l’appel du Général de
Gaulle) : « ils ont (les
gouvernements bourgeois) abandonnée à Hitler et à Mussolini l’Espagne,
l’Autriche, l’Albanie et la Tchécoslovaquie… et maintenant, il livre la France.
Ils ont tout trahi…mais le peuple français ne veut pas de l’esclavage, de la
misère du fascisme… Il est le nombre, unique il sera la force… peuple des
usines, des champs, des magasins et des bureaux, partisans et intellectuels,
soldats, marins, aviateurs encore sous les armes, unissez-vous dans l’action.
-
En août 1940 dans
le Limousin, Georges Guingoin appelle au combat contre l’occupant et Vichy.
-
Le 19 octobre 1940
(jour de ma naissance (2), un groupe du PCF pousse dans l’Oise trois soldats
allemand. (3)
****
1)
Pierre Villon
résistant de la première heure.
Livre d’entretien avec Claude Willard. Ed. Sociales – 1983
2)
Michel Cialdella
3)
La Résistance
communiste en France – Le Mémorial – Pierre Maury – Le temps des cerises –
2008
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