Révélations : Pierre Laroque est le père...de ses
enfants !
Comme l'écrit José Fort : "Il conviendrait de dire à l’actrice Michèle Laroque que la Sécurité Sociale n’est pas l’œuvre de son grand-père, Pierre Laroque". Il joua certes un rôle important et avait bien compris: « que le plan de Sécurité sociale ne tend pas uniquement à l'amélioration de la situation matérielle des travailleurs, mais surtout à la création d'un ordre social nouveau dans lequel les travailleurs aient leurs pleines responsabilités. C'est ce qui a amené à concevoir le plan de Sécurité sociale dans le cadre d'organisations uniques gérées par les intéressés et couvrant l'ensemble de la Sécurité sociale. » Pierre Laroque 1946. Cela n'autorise personne (même pas sa petite fille) à lui attribuer la paternité de notre Sécu.
Pas
plus qu'à De Gaulle qui n’a eu de cesse de la combattre ( dès 1948 dans son
discours de Compiègne ) chaque fois que le rapport des forces le lui a permis.
Dans l’entretien qu’il a accordé à la revue « Le Droit Ouvrier » en
octobre 1995, Pierre Laroque le confirme : « Le Général de Gaulle
ne m'a jamais parlé de Sécurité Sociale. » « Ce qui est
curieux, alors que la loi fondatrice de la Sécurité Sociale, l'ordonnance du 4
octobre 1945, était une des réformes essentielles de l'époque, c'est qu'elle ne
porte pas la signature du Général de Gaulle parce que, lorsqu'elle a été
publiée, le Général de Gaulle n'était pas en France. Il était en Russie ».
C'est dire si cela l'intéressait !
En ce 70e anniversaire, il faut rappeler le rôle important des militants
de la CGT dans cette création. D’abord Ambroise Croizat, secrétaire général de
la Fédération des métaux et dirigeant communiste qui assurera des centaines de réunions pour mettre en place le plan de sécurité
sociale et de prestations familiales, pour expliquer aux personnes âgées le
programme en cours concernant la retraite (1). Mais aussi Georges Buisson
et Henri Raynaud, l’un et l’autre secrétaire de la CGT. Nos historiens du
dimanche ignorent volontiers le rôle de Croizat, qui avant d’être ministre fut
président de la commission du Travail de l’Assemblée consultative.
À la fin de sa vie, Pierre Laroque a eu tendance à
tirer la couverture à lui. Les témoins de l'époque n'étant plus là.... Dans son
ouvrage de 1993 (2) il présente même une face de son personnage moins
progressiste en écrivant :
"C'est
ainsi que, conscient des conséquences probables du vieillissement de la
population française au cours des prochaines décennies, je conteste l'opportunité d'orienter, .. l'évolution de la législation sur les retraites dans le sens d'un
abaissement de l'âge d'ouverture du droit à pension". En clair il se
prononce contre la retraite à 60 ans ! Ainsi le prétendu "père" de la
Sécurité sociale serait contre l'amélioration de cette institution dont il ne
faut jamais oublier qu'elle est une conquête (3).
Michel Cialdella
1) Quand nous étions ministres. François Billoux. Éditions sociales.
1972.
2) Au service de l'homme et du droit. Pierre Laroque. Édité par le comité
d'histoire de la sécurité sociale. 1993.
3) La Sécurité sociale une conquête en danger. Michel Cialdella. 2014.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire